Vision objective de l'Absurde de l'Anodin.
mardi
* Vioxymore .
Vioxymore: nom féminin.
Ce terme a été inventé au XXIème siècle. C’est un mot-valise contractant le terme violette et oxymore. Il décrit l’état dans lequel un humanoïde de type féminin se trouve quand il est en année sabbatique à 18 ans, la tête pleine de rêves et de désirs contradictoires, de prises de conscience qui frappent comme des claques, résultant un mouvement de table rase totale (ou presque) et une chute dans un Voyage initiatique qui a pour but d’atteindre le cercle polaire en Suède par n’importe quel moyen.
Ce but n'est qu'une excuse, finalement. Car la Vioxymore use de la géographie pour en fait entrer dans les tréfonds de quelque chose qu'elle connaît encore moins que l'Europe du Nord: elle-même et le fouillis de ses entrailles, viscères et autres tubes ayant une tâche bien spécifiques, anodines pour le fonctionnement du corps et pourtant absurdes lorsqu'on chausse les lunettes de l'Objectivité pour les regarder. Bref. L'infiniment grand comme l'infiniment petit grouillent de petits secrets que la Vioxymore désire pénétrer, regarder, faire tournoyer pour les observer dans tous les sens, à l'envers comme à l'endroit. Observer objectivement chaque pays qu'elle visitera. Et vous faire part d'une couleur, d'une odeur, d'un goût, d'une musique, d'une ambiance, des habitudes des autochtones. Pour vous faire rêver autant que ce voyage la fait rêver. Pour vous donner envie de partir, vous aussi, à la quête de vous-même et à la conquête de l'inconnu.
Introduction faite, je vous souhaite à présent la bienvenue sur mon blog objectif de l’absurde et de l’anodin à travers le monde, vu par Vioxymore.
lundi
* CHROMOTHEORiE .
D'apres moi, chaque personne porte une couleur. La couleur de son ame. C'est elle qui qualifie la nature et l'essence de la personne. C'est le fondement de sa personnalite, la seule chose que l'ame possede quand elle nait dans un corps. Et en grandissant, suivant dans quel milieu, avec quelle education, quel entourage, l'ame se developpe dans un sens ou un autre et choisit, inconsciemment ou pas, de refouler ou epanouir sa couleur. Les couleurs qualifient l'orientation sexuelle, les gouts, les odeurs, les sons favoris,... Toutes les aspirations, en fait, de la personne. Et de par ses activites (sports, arts, sciences, religions,...), le corps choisit de developper cette couleur ou pas. Le fait que certaines personnes s'entendent ou pas est une question d'accord et d'harmonie entre leur couleur respective. Les couleurs des gens peuvent avoir au fil du temps des nuances, mais le fond reste generalement le meme. Les villes, les pays, les objets et meme les animaux peuvent avoir des couleurs et grandir dans tel ou tel endroit influence celle(s) de la personne. C'est pourquoi voyager est important, pour sentir dans quelle ville, dans quel endroit notre propre couleur peut s'epanouir et resonner a son aise.
Le reflet exact de notre couleur est notre Racine. Ce qui se cache a l-ombre de nos organes et se reveille lorsqu on ote tous nos multiples masques. Cest ce qui fait de nous ce que nous sommes, bien trop personnel cependant pour etre exprime autrement qu en soi-meme... (plus d explication a l article * Leusden .)
Je sais bien que ce blog est une vision objective. Cependant, le sens paradoxal qui m'habite m'empeche de faire autre chose que de parler de subjectivite, comme la couleur. Parce que les sens sont la seule preuve que nous avons du monde exterieur. Et pourtant ils sont la chose a laquelle nous pouvons le moins nous fier...
Je vous ferai part a travers ce blog des couleurs que je vois dans chaque ville. Mais ces couleurs restent abstraites, objectives. Ma science chromotheoriste n'a rien d'une verite absolue, loin de la! Elle est juste ma vision des choses. A vous de voir si c'est aussi la votre ou pas...
Le reflet exact de notre couleur est notre Racine. Ce qui se cache a l-ombre de nos organes et se reveille lorsqu on ote tous nos multiples masques. Cest ce qui fait de nous ce que nous sommes, bien trop personnel cependant pour etre exprime autrement qu en soi-meme... (plus d explication a l article * Leusden .)
Je sais bien que ce blog est une vision objective. Cependant, le sens paradoxal qui m'habite m'empeche de faire autre chose que de parler de subjectivite, comme la couleur. Parce que les sens sont la seule preuve que nous avons du monde exterieur. Et pourtant ils sont la chose a laquelle nous pouvons le moins nous fier...
Je vous ferai part a travers ce blog des couleurs que je vois dans chaque ville. Mais ces couleurs restent abstraites, objectives. Ma science chromotheoriste n'a rien d'une verite absolue, loin de la! Elle est juste ma vision des choses. A vous de voir si c'est aussi la votre ou pas...
mercredi
"Nuit blanche" - Vive la fête.
<< Hier soir c'etait une fête
C'etait tellement fantastique
Maintenant pour être honnête
C'est dur pour la physique
J'ai toujours le problème
Je ne veux jamais arrêter
C'est magnifique quand-même
Surtout pendant l'été
C'etait tellement fantastique
Maintenant pour être honnête
C'est dur pour la physique
J'ai toujours le problème
Je ne veux jamais arrêter
C'est magnifique quand-même
Surtout pendant l'été
Tous les jour des fêtes!
Oui, c'est excentrique
Je dis 'Vive La Fête'!
Pour être héroïque >>
Oui, c'est excentrique
Je dis 'Vive La Fête'!
Pour être héroïque >>
« Nuit blanche » - Vive la fête.
Ma chambre est chaotique. Je ne ressens même plus la fatigue. Ne plus manger, ne plus dormir, simplement penser à tout ce qu’il faut rassembler.
Une seule question persiste : comment tout cela tiendra dans un seul sac ? Celui que je porterai au dos pendant six mois ? Celui qui sera ma maison ? Mon lit ? Ma chambre ? Mon antre ?
Dans quelques jours, je m’envole. (Espérons qu’Easy-jet partira à l’heure. Espérons qu’Easy-jet ne perdra pas mon sac. Espérons que l’avion d’Easy-jet ne coulera pas dans la Manche.) Je vais abandonner ma chambre dans laquelle j’ai habité pendant 18 ans. Plus d’odeur d’encens toxique de Chine. Plus la chanson « I’ve got that tune » à fond la caisse dans ma petite chaîne hi-fi. Plus de nuit blanche et d’insomnie passée à me tourner et me retourner dans mon lit comme un steak pas assez cuit. Plus de téléphones nocturnes et éclats de rires qui font s’ébranler chaque mur de cette vieille maison. Juste une pièce vide de vie et pleine de souvenirs.
Hier soir, dernière fois que je fais la fête à Yverdon. Tête à l’envers, à l’endroit, on ne sait plus tellement dans quel sens tournent les aiguilles de la pendule. Dernière fois que je vous vois, vous, amis, camarades, confidents, amours, copains, copines, jumeaux, rencontres, amitiés passagères, éphémères, brisées, gravées… Et on se retrouvera dans six mois. Pour fêter à nouveau. Mon retour cette fois.
Je regarde par la fenêtre. Ultime fois que je vois mon jardin, mon paysage où, enfant, je m’évadais en pensée. Paysage plat, désert, quelques maisons, une forêt et des champs et des serres pour le reste. Qui tondra le gazon à ma place ? Qui cueillera les framboises, les mûres, les fraises et les cerises à ma place ? Qui collera les macarons, médailles d’or et d’argent, sur les bouteilles de vin de mon père ? Finalement, un enfant qui s’en va apprend à se débrouiller seul. Mais il donne aussi la possibilité à ses parents de se débrouiller seuls.
Merci beaucoup, les gens.
Allez. Plus que quelques jours. Et je m’envole.
Manque plus qu’à faire le sac. Contrôler et recontrôler chaque objet pour savoir s’il est bien à sa place. Et il ne me restera plus qu’à attendre. Encore un peu.
Vio X.
vendredi
* Le départ .
La dernière nuit que j'ai passée dans mon lit a été la plus reposante de toute mon existence.
Parce qu'à l'aube de mon voyage, j'ai été emportée dans mille et un paysages oniriques et sereins.
Et je laisse tout derrière moi. J'efface tout à chaque pas.
Réinitialisation totale de mon esprit.
Je n'ai plus de souvenirs. Plus de sentiments. Plus de sensations.
Je suis une page blanche, vierge, qui ne demande qu'à découvrir le monde pour pouvoir écrire de nouvelles lignes, créer de nouveaux souvenirs, de nouvelles émotions. Sauf que cette fois-ci, je serai la vision objective de l'absurde de l'anodin.
Mon esprit est une plage et sur son sable j'ai gravé durant plus de dix-huit ans des souvenirs, des empreintes, des noms de gens. C'est la marée haute, la mer s'est levée, elle a recouvert la plage, elle a tout effacé.
Il est temps de partir. Prends tes billets d'avion. Prends ton sac à dos. Prends ton sac de voyage. Et pars. Pars très loin. Envole-toi. Laisse-toi tomber. Plus rien ne te retient ici, alors vas-y. C'est le moment. C'est le bon moment.
Enfin.
FIRST STOP: LONDON.
jeudi
* 1st stop: LONDON . [09-200211]
Je passe la nuit chez Alizée. C’est elle qui m’a convaincue de commencer par Londres. Elle avait une envie de shopping. Sa maman Cathy nous a amenées à l’aéroport de Genève, c’était plus pratique que je dorme chez elle, bien que je n’aie pas beaucoup dormi, juste quelques heures, à réfléchir en souriant, harcelée par ses chats aux noms égyptiens.
Dans l’avion, j’ai de la peine à comprendre ce qui m’arrive.
Quand on atterrit, j’ai le sentiment de plonger dans un rêve.
Me voilà à Londres… Enfin…
Le voyage débute. Vraiment.
Si je devais donner une couleur à Londres, ce serait le Noir. Profonde, mystérieuse, fascinante, dangereuse, avec des ruelles glauques où l'on semble pouvoir discerner l'ombre du fantôme de Jack l'Eventreur. Tantôt claire grâce au soleil timide, tantôt sombre à cause des nuages imposants. Ville de paradoxes, tiraillés entre le désir interdit et la fascination merveilleuse.
Ville incroyable. Gigantesque. Serpentée par le métro underground. Mêlant le moderne et le style victorien. Ces bâtiments en briques rouges, ces gens excentriques. Les jeunes filles sont trop maquillées, elles prennent des tops pour des robes, les leggings transparents pour des pantalons, sans prendre en compte la basse température extérieure. Et plus personne ne fait attention à elles.
Ville incroyable. Gigantesque. Serpentée par le métro underground. Mêlant le moderne et le style victorien. Ces bâtiments en briques rouges, ces gens excentriques. Les jeunes filles sont trop maquillées, elles prennent des tops pour des robes, les leggings transparents pour des pantalons, sans prendre en compte la basse température extérieure. Et plus personne ne fait attention à elles.
Marcher dans Londres, c'est comme être transparent: personne ne vous regarde, personne ne fait attention à vous. Pourtant vous existez.
Les rues sont mouvementées, elles jonglent avec des cabs noirs qui ont la forme de voiture des années 50, des bus à deux étages, des piétons qui se jettent sur la route avant que le feu vert ne pousse sa sonnerie stridente. Surtout, tout semble inversé. C'est impossible de s'habituer au fait qu'avant de traverser, il faut regarder d'abord à droite et ensuite à gauche.
Les sons de cette ville varient entre le crooner à la guitare dans Piccadilly Circus Underground, les taxis qui klaxonnent, les métros tricolores qui crissent au freinage sur les rails.
A Londres, ça sent le gaz, le pneu brûlé et les fish'n'chips.
Comme toutes les filles, à Londres, on aime Primark et Topshop.
Piccadilly Circus: Place pseudo-circulaire, complètement décalée avec sa statue d'Eros, ses écrans géants qui éclatent dans la nuit et son musée Believe it or not.
A Londres, il fait beau un jour sur deux.
Camden Town: ou comment trouver les meilleures restaurants étrangers à manger assis sur des sièges en forme de scooters (ou des scooters en forme de siège). Ou encore, comment avoir envie de tout acheter, notamment tout ce qu'il y a dans le vieux fouillis, le bric-à-brac de l'écurie réaménagée. Le vintage est au rendez-vous, il se mêle à l'électro dark et les gens s'adaptent. Bain de pieds aux poissons, odeur d'encens indien, musique électro par ici, musique lounge par là. Tout se mélange et s'accorde dans un décalage qui semble harmonieux.
British Museum: Immense batisse regroupant toutes mais bien toutes les civilisations du monde entier, tous les êtres humains avec leurs uses et coutumes, toute l'Histoire réunie en un seul bloc superbe.
À Londres, la culture est gratuite. L’accès au musée est simple : il suffit d’y entrer.
Les gens dans la rue semblent froids et distants. Pourtant, ils sont là pour vous aider quand ils vous voient vous battre avec votre carte de touriste. Je crois que les Anglais se lâchent au théâtre, quand ils vont voir un bon music hall ("Dirty dancing" au Aldwych theatre, par exemple!) Ils aiment bien manifester ouvertement leurs émotions (surtout les filles, en fait...) en hurlant, sifflant, applaudissant, poussant des onomatopées réactives, offusquées, admiratives. Le public anglais vit entièrement avec le spectacle.
Notting hill : le charmant quartier où on rêverait tous de se faire frapper par un fabuleux coup de foudre (tant que c'est pas avec Hug Grant, moi, ça me va...)
Portobello Market : Marchés, magasins près de Notting Hill. Ruelles bordant des maisons en briques, avec leur perron encadré de colonnes, perché sur quelques marches d'escalier. Tipical british. I like. Magasins d'antiquités. ça donne de bonnes idées pour un futur appartement...
Knightsbridge: c'est dans cette rue qu'on va faire ses achats quand on est l'héritière d'une ligne de grands hôtels de luxe. Sinon, on s'abstient et on lèche les vitrines en pleurant.
Harrods : Le plus grand centre commercial de la ville. On aimerait bien acheter la pince à épiler la moins chère, juste pour avoir le sachet Harrods...
Les parcs de Londres sont incroyables. Surtout quand on croise leurs adorables petits habitants les écureuils qui viennent manger dans votre main si vous êtes capables de leur offrir des pistaches ou des cacahuètes. Le Hyde Park est sans doute le plus impressionnant. C'est beau de le traverser par pluie ou beau temps (même si on préfère le beau temps, la pluie fait partie du quotidien londonien) pour se trouver au centre, comme exilé de la ville et son vacarme de sirènes. Le St-James Park est magnifique aussi, quoique plus intime car plus petit.
Chinatown est un impressionnant quartier tellement bien intégré dans la ville qu'il est presque drôle de voir tous ces lampions chinois accrochés aux maisons victoriennes, comme si les deux cultures étaient tellement en fusion qu'elles en avaient créées une troisième.
Buckhingham Palace: grand, imposant, mais pas vraiment beau (il paraît que le campus de Roehampton University est plus beau), malgré tout impressionnant. Les gardes à l'entrée sont absurdes. Ce sont des hommes, rien de plus commun. Et pourtant, ce sont sans doute les gens les plus photographiés de la Grande-Bretagne. J'imagine qu'ils doivent s'embêter à rester debout toute la journée sans broncher. Et que le soir ils doivent difficilement se défaire de leurs démarche et mouvements mécaniques. Ce doit être de vrais moulins à parole, par contre, pour rattraper tout ce qu'ils ne disent pas durant la journée. Certes, servir la Reine est un honneur. Mais j'ai presque l'impression qu'elle est plus un symbole qu'autre chose. Par contre, ce que je trouve davantage absurde, ce sont tous les touristes idiots qui hurlent, balancent des choses, tentent d'inventer mille et une inventions ingénieuses pour tenter de faire parler les gardes.
CONSTATATION UNIVERSELLE: Le point commun entre toutes les grandes villes et qu'elles sont toutes et absolument toutes envahies de pigeons. Sauf qu'à Londres, ils sont obèses.
London eye. S’il faisait moins brumeux, si la queue était moins longue, si l’entrée était un tout petit peu moins chère, j’y serais allée. Mais même de loin, l’œil de la ville est imposant, gigantesque et règne sur Londres.
Fish’n’chips est le plat national constitué d’un morceau de poisson frit dégoulinant de graisse sur un lit de frites tout autant graisseux et salé, servi traditionnellement dans un cornet en papier journal. Gras, calorique, mauvais pour le cholestérol, bourratif, c’est pas grave, c’est trop bon.
Tower Bridge : l’immense pont, autre emblème de la ville qui porte les couleurs nationales, se séparait jadis pour se lever et laisser passer les bateaux. Aujourd’hui, il n’est qu’un arbre à touristes.
King’s Cross : la fameuse gare d’Harry Potter. Elle a moins de charme en vrai que dans les films puisqu’elle est en travaux. Et la voie 9 trois quarts n’est qu’un mythe. Déception et désillusion !
Piccadilly Trocadero : centre de jeux, de magasins absurdes, décalés, de bonbons, de gens fanatiques et captivés par les jeux d’argent et virtuels.
Quand Alizée s’en va, j’ai l’impression de perdre la dernière chose qui me relie à la Suisse. A présent, je suis seule. Et je vais devoir continuer.
Je saute dans n’importe quel bus, je demande s’il va à Roehampton, il paraît que oui alors je lui fais confiance. J’atterris je ne sais pas trop où, mais je retrouve mon chemin. Je retrouve Delphine qui étudie à l’université de Roehampton et qui va m’héberger quelques temps dans sa petite chambre d’étudiante, sur un matelas gonflable qui fait du bruit et qui prend le 90% de la place de la pièce.
Roehampton est un quartier glauque. La moyenne de crimes commis dans ce quartier est de 53 en trois mois. Mais le campus est génial, gigantesque et on se croirait vraiment à Poudlard. (Oui, je n’en finirais jamais avec mes petits idéaux de magicienne).
Slimelight club. Soirée punk, gothique sur fond de musique industrielle, la plupart en allemand, qui comptent jusqu’à quatre et disent qu’ils aiment et qu’ils haïssent. Très intéressant. La boîte est énorme, avec des escaliers partout qui mènent dans des coins sombres et douteux, il y a deux salles pour danser à l’étage et un endroit pour manger au rez (halumi kebaaab !!) avec un feu de bois.
Les Anglais sont paradoxaux. Ils aiment garder leurs clichés, leurs emblèmes, mais ce n’est que pour l’image car quand le masque tombe, on découvre le vice. Par exemple, les cabines téléphoniques rouges, sans doute un des plus gros clichés du pays, ont l’intérieur tapissé d’images pornos et de numéros de téléphones roses.
Les lavabos anglais ont deux robinets : un pour l’eau chaude et l’autre pour l’eau froide. C’est peu pratique, ni pour se laver les mains, ni pour la vaisselle, et c’est pas très écologique. Il paraît qu’à l’époque, ils allumaient les deux robinets pour remplir le lavabo et se laver les mains comme ca. C’est ce que je disais : pas très éco.
Soho : sympathique quartier avec de sympathiques bars, de sympathiques boites de nuit, de sympathiques gens (parfois bipolaires) et de sympathiques magasins.
Southwark Cathedrale : magnifique cathédrale gothique qui est la plus ancienne de la ville. Evidemment, œil de touriste ou œil de photographe en herbe, j’ai checké le meilleur plan pour prendre une jolie photo quand un type a déboulé vers moi en me réclamant 2 pounds pour prendre des photos. Je lui ai donné toute ma petite monnaie anglaise (impossible à reconnaître entre leurs pièces hexagonales, moyenâgeuses et leurs centimes) et il m’a gracieusement collé sur la veste un ticket qui certifiait que j’avais payé 2 pounds pour prendre des photos, avec la date du jour et écrit en gros FOR PERSONAL USE ONLY. Résultat : j’ai enfin pu prendre ma photo. Je rappelle que je fais de l’argentique et qu’il faut que je prenne peu de photos pour être sûre d’avoir assez de place dans mon sac pour toutes mes pellicules et que je ne peux pas voir si la photo et réussie et que pour le savoir je vais devoir attendre 6 mois avant de développer le film. J’espère que mes 2 pounds en valaient la peine…
Les vrais coockies anglais sont en réalité faits avec du chocolat belge.
Quand les Anglais prennent le bus, ils laissent toutes leurs courses à l’entrée du bus et les reprennent avant de descendre.
Quand on vit plusieurs jours consécutifs dans une grande ville, on aimerait bien que quelqu’un invente la téléportation. Parce que tout ce que j’ai fait à Londres en une semaine, j’aurais pu le faire en 3 jours si je ne perdais pas 6h de temps dans les métros, les bus et les trains. Du coup, le temps passe autrement. On apprend à être très patient, surtout quand on prend le train au lieu du métro et qu’on met 3 heures au lieu d’une pour rentrer du centre ville à la banlieue sud de Londres…
Les bus rouges à deux étages sont non seulement beaux, british et stylés, mais aussi ils sont géniaux. Une excursion sightseeing coûte 26 pounds, autant dire que cette somme permet de survivre dans la ville en tout cas 3 jours (en se nourrissant de fish’n’chips et Mcdonald’s) et qu’il ne vaut pas la peine de jeter l’argent par les fenêtres de cette manière là. C’est mieux de monter dans le premier bus à deux étages et de se mettre tout devant. Le sightseeing est d’une bonne qualité et coûte bien moins cher.
Celui que j’ai pris l’autre jour était d’un comme on en voit rarement. Il était vieux, sans porte automatique, juste un trou à l’arrière duquel on peut sauter à n’importe quel moment. Il n’y a pas de sonnette pour signaler la demande d’arrêt et il branle tellement en roulant qu’il est fortement conseillé de bien se tenir.
Les good English breakfasts ne sont pas faciles à trouver. Mais quand on trouve LE bon restaurant et qu’on arrive au bon moment, c’est sans doute la chose la plus merveilleuse au monde. Cassoulet, saucisse, œufs au plat, champignons, tomates, toasts au beurre, galette de pommes de terre grillées, ketchup à volonté, bacon, café… Je pense sérieusement que si j’habitais à Londres, je deviendrais comme les pigeons londoniens.
Les Anglais ne comprennent pas quand on leur parle anglais avec un autre accent que le leur, si précieux et chantant.
The National gallery, The National Portrait, The Tate Modern ["La metamorphose de Narcisse", de Salvador Dali!!], The Tate Britain [le mouton de Damien Hirst!], Galleries a la Cork Street, particulierement celle qui montre des statues et des talbeaux de Dali. Voilà quelques musées d’art exceptionnels et entièrement gratuits. Encore une fois, j’admire ces Anglais et leur accès si facile et évident à la culture.
J’aime m’y balader toute seule, observer simplement les œuvres et inventer la vie des personnages.
A l’heure ou j’écris ces lignes, je suis dans un cyber café très glauque et je me suis assise auprès d une femme qui vient de s endormir dans ses feuilles de comptes. En m’asseyant, elle était très contente de me montrer qu’elle a pris avec elle un désodorisant de toilettes. J ai pas très bien compris pourquoi.
Fabrik Land, Kingston. Le paradis des tissus de toutes les couleurs avec tous les motifs pour trois fois rien. Les filles aiment aller à Accessoirize, mais en fait, c est plus amusant d’y aller pour piquer les idées faites et de courir au Fabrik Land acheter de quoi faire pareil pour 3x moins cher.
Richmond Park. Probablement le plus grand parc de Londres. Il y a des troupeaux de cerfs avec leurs biches et leurs faons, qui se baladent au milieu. Ils ne font pas de bruit, ils regardent juste les passants curieux. Le parc est magnifique. On se croirait dans une campagne perdue. J ai même vu un couple de perroquet vert. Mais ca, je ne sais pas si ca faisait vraiment partie du décors ou si c’était des fugitifs.
St-Joseph's Church. Petite église so cute près de l'université.
Covent Garden Market. Spectacles de rue, passants curieux, touristes perdus, petit marche abrite, en vendant de tout et de rien (surtout de rien).
St-Clément Danes. C’est l église centrale de la National Airforce, se situant dans la Cité de Westminster, construite en 1682.
St-Paul's Cathedrale. Église au centre du quartier d’affaires de Londres, construite et reconstruite moult fois, étant un des plus importants points religieux d’Europe. L’entrée coûte l’équivalent d’au moins trois repas alors j’abandonne.
CONSEIL IMPORTANT POUR LES ETUDIANTS FAUCHÉS QUI VONT A LONDRES:
Je suis allée dans un Prêt-a-manger (prononce Pouetamangeuher) 30 minutes avant la fermeture et j’ai acheté un café a 2 £. J ai attendu qu’ils ferment la porte et ils m’ont ensuite proposé de me servir des sandwichs, salades, soupes, pâtisseries qu’il restait avant qu’il ne les jette. Alors j ai fait ce qu’on fait quand ca vous arrive, surtout en voyage: je me suis servie.
Fabrik Land, Kingston. Le paradis des tissus de toutes les couleurs avec tous les motifs pour trois fois rien. Les filles aiment aller à Accessoirize, mais en fait, c est plus amusant d’y aller pour piquer les idées faites et de courir au Fabrik Land acheter de quoi faire pareil pour 3x moins cher.
Richmond Park. Probablement le plus grand parc de Londres. Il y a des troupeaux de cerfs avec leurs biches et leurs faons, qui se baladent au milieu. Ils ne font pas de bruit, ils regardent juste les passants curieux. Le parc est magnifique. On se croirait dans une campagne perdue. J ai même vu un couple de perroquet vert. Mais ca, je ne sais pas si ca faisait vraiment partie du décors ou si c’était des fugitifs.
St-Joseph's Church. Petite église so cute près de l'université.
Covent Garden Market. Spectacles de rue, passants curieux, touristes perdus, petit marche abrite, en vendant de tout et de rien (surtout de rien).
St-Clément Danes. C’est l église centrale de la National Airforce, se situant dans la Cité de Westminster, construite en 1682.
St-Paul's Cathedrale. Église au centre du quartier d’affaires de Londres, construite et reconstruite moult fois, étant un des plus importants points religieux d’Europe. L’entrée coûte l’équivalent d’au moins trois repas alors j’abandonne.
CONSEIL IMPORTANT POUR LES ETUDIANTS FAUCHÉS QUI VONT A LONDRES:
Je suis allée dans un Prêt-a-manger (prononce Pouetamangeuher) 30 minutes avant la fermeture et j’ai acheté un café a 2 £. J ai attendu qu’ils ferment la porte et ils m’ont ensuite proposé de me servir des sandwichs, salades, soupes, pâtisseries qu’il restait avant qu’il ne les jette. Alors j ai fait ce qu’on fait quand ca vous arrive, surtout en voyage: je me suis servie.
Première expérience CouchSurfing. Le quoi ? Mais qu’est-ce, crénom ?! Un concept merveilleux qui a changé ma vie. Il consiste à s’inscrire sur le site, créer un profile complet avec des photos et tout et tout et de contacter d’autres gens partout dans le monde pour surfer leur canapé. C’est simple, gratuit, enrichissant, ouvert d’esprit.
Je fais ma deuxième expérience CouchSurfing à Londres – disons la première officielle. Je débarque dans un bar avec mon gros sac de 16 kg sur le dos, commande un coca en attendant. Un vieil Algérien veut faire la causette mais je crois qu’il comprend vite le message... Deux nanas plutôt déterminées déboulent dans le bar et je comprends tout de suite qu’elles sont mes futures hôtes Lolo et Liz. Deux exilées Françaises complètement barges qui me prennent par le bras pour m’emmener dans un autre bar. On y rencontre d’autres gens qui nous invitent à une soirée privée au Lounge, 7eme étage d’un bâtiment au plein centre de Londres, avec vue sur London Eye et Big Ben. Je trouve que c’est plutôt pas mal, de faire la fête a Londres. C’est même plutôt exceptionnel. Surtout quand on rencontre des gens géniaux à qui la chance sourit. =)
Et puis le vent tourne. Pour la première fois.
samedi
* 2ème stop: NEWCASTLE UPON TYNE . [20-220211] .
Let's live our life as if it were the first time .
Je prépare mes affaires. Je quitte l’appartement de Liz et Lolo pour me rendre à la gare de King’s Cross. Je saute dans le train pour Newcastle. Je traverse l’Angleterre.
Après 3 heures et 15 minute de voyage, j’arrive à Newcastle. Il fait super froid. La ville est Grise. Il n y a pas d underground. Les gens sont glauques. Je prends un bus. Anaïs ma CouchSurfeuse me rejoint à l arrêt. Un petit bout de femme adorable aux cheveux orange. Son accent n’est pas aussi terrible qu’on me l’avait dit.
Elle habite dans un petit appartement avec deux coloc, dans une rue où toutes les maisons se ressemblent, dans un quartier où toutes les rues se ressemblent.
Le premier soir, elle m’emmène chez des amis à elle qui vivent dans une maison étroite sur plusieurs étages, tout en bois avec l’extérieur en briques. Les jeunes qui sont là sont juste là. Sans rêve. Sans ambition. Juste des blagues que je ne comprends pas (parce que eux ont vraiment un accent difficile, en plus de quoi ils semblent ne pas connaître le fait d’articuler en parlant...). Et du vin. Et de la bière. Encore. Et des clopes. Et d’autres choses. Bref. La jeunesse de Newcastle...
Un d’eux débarque soudain avec 3 guitares, une drôle de basse et un djambé. Et c’est parti pour un petit concert gipsy-reggae en live. Il se passe alors quelque chose d’incroyable. Tous ces jeunes qui n’ont pas grand chose semblent s’unir a travers la musique. Des sourires se dessinent sur leur visage. La puissance des notes les porte tout à coup loin, très loin. No future. No past. Just the present. J’ai l’impression qu’ils prennent ma main au passage et je m’enfuis avec. Quoi de plus beau, soudainement, que la musique, la musique ensemble, à partager et à construire ?...
Même quand ils sont stoned, même quand il n y a plus de vin, même quand la fatigue couvre les cœurs, même quand vous êtes une totale inconnue chez des gens, quelle que soit l’heure, quel que soit l’endroit et les circonstances, les Anglais vous proposeront toujours a cup of tea.
Les Suisses ont inventé le Cenovis, mais les Anglais ont inventé le Marmite.
St. Nicholas Cathedrale & St Maria's Cathedrale. Deux magnifiques cathédrales, si vieilles qu'on se demande encore comment elles tiennent debout.
Les bus de Newcastle sont de l’arnaque. Vous payez 3,40 £ pour pouvoir les prendre toute la journée, et vous réalisez qu’il existe beaucoup de compagnies de bus différentes pour lesquelles votre passe pour la journée n’est pas valable.
Dans les bus de Newcastle, il n y a pas de voix insupportable qui vous dit a quel arrêt vous arrivez. Il y a encore moins de panneau d’affichage qui défile en rouge pour vous le signaler. Un conseil: suivez votre instinct. Ou prenez le risque d énerver le conducteur en demandant a chaque arrêt si c est celui que vous cherchez.
Les chauffeurs de bus anglais ont des tatouages et des piercings.
Grey's Monument. Statue immense de Charles Grey, illustre personnage qui joue un rôle important dans la construction de la ville.
Old Eldon Square. Place au centre de la ville, bordée d un immense centre commercial pour faire du shopping de folie. Au centre de la place, il y a une statue, monument en mémoire d’hommes morts au nom de la ville.
Castle Keep. Grand château, symbole de Newcastle.
Swing Bridge. Construit 4 fois, c’est par lui que les gens à pied peuvent traverser la rivière Tyne, entre le High Level Bridge (pour le train) et le Tyne Bridge (pour les voitures).
Balgic. Galerie d’art contemporain. L’œuvre de George Shaw y était exposée. Il a peint des paysages de son enfance a Tile HIll. Des paysages tristes et glauques, sombres et désespérés, d une rare violence. Pas de personnages. Juste des endroits ou l’enfance s’est déroulée, s’est perdue, ou l’adolescence s’est ouverte et a souffert.
Millennium Bridge. (!!!) Ce pont étrange en forme d œil semble surveiller Newcastle. Blanc, on le voit de loin. Les câbles qui le tiennent font penser à des fentes qui strient un œil morne et vide, celui de la ville.
Laing Art Gallery. Grand bâtiment ancien avec une entrée en verre, ruisselant de trésors artistiques du Nord, tableaux divers, objets et nombreux portraits de l’évolution de la ville à travers le temps.
Whitewall gallery. Petite galerie d art que j’achèterais quand je serai riche, très riche.
Cumberland Arms. Petit pub difficile à trouver quand on se trompe d’arrêt de bus... Mais le détour en vaut la peine. Tout petit, intime, en bois, avec un feu de cheminée en face du bar. Ils vendent toutes sortes de cidre et de bière et ils font à manger.Tipical English pub.
Les Anglais adorent charger les affiches de cinéma ou de théâtre avec toutes les bonnes critiques que les importants journaux anglais leur font. A croire que ceux-ci qualifient chaque film et chaque pièce de théâtre comme "the best show the world has never seen".
Je qualifierais définitivement Newcastle de ville glauque et triste. Le désespoir se fait sentir dans les rues. Sa couleur est le gris car elle semble tout aspirer dans un gouffre. Newcastle est une ville bondée. Mais cependant, on dirait une ville fantôme. Les gens qui y vivent, y abritent, errent dans les rues, la jambe trainante, l’œil aux aguets. De quoi? Les gens ne sourient pas. On dirait qu’il n’y a plus d’espoir pour personne. Que les jeunes n’ont qu’une ambition c’est de boire et de fumer. Que demain sera comme hier. Et que rien ne changera jamais. Toutefois, quand je m’adresse a quelqu’un dans la rue, il prend le temps et toute la politesse anglaise pour me répondre sympathiquement. Etrange paradoxe de cette ville: celui de voir des sourires sur des visages désespérés car désespérants.
Le vent tourne. Il me porte vers l’espoir, au nord de la Grande Bretagne.
Millennium Bridge. (!!!) Ce pont étrange en forme d œil semble surveiller Newcastle. Blanc, on le voit de loin. Les câbles qui le tiennent font penser à des fentes qui strient un œil morne et vide, celui de la ville.
Laing Art Gallery. Grand bâtiment ancien avec une entrée en verre, ruisselant de trésors artistiques du Nord, tableaux divers, objets et nombreux portraits de l’évolution de la ville à travers le temps.
Whitewall gallery. Petite galerie d art que j’achèterais quand je serai riche, très riche.
Cumberland Arms. Petit pub difficile à trouver quand on se trompe d’arrêt de bus... Mais le détour en vaut la peine. Tout petit, intime, en bois, avec un feu de cheminée en face du bar. Ils vendent toutes sortes de cidre et de bière et ils font à manger.Tipical English pub.
Les Anglais adorent charger les affiches de cinéma ou de théâtre avec toutes les bonnes critiques que les importants journaux anglais leur font. A croire que ceux-ci qualifient chaque film et chaque pièce de théâtre comme "the best show the world has never seen".
Je qualifierais définitivement Newcastle de ville glauque et triste. Le désespoir se fait sentir dans les rues. Sa couleur est le gris car elle semble tout aspirer dans un gouffre. Newcastle est une ville bondée. Mais cependant, on dirait une ville fantôme. Les gens qui y vivent, y abritent, errent dans les rues, la jambe trainante, l’œil aux aguets. De quoi? Les gens ne sourient pas. On dirait qu’il n’y a plus d’espoir pour personne. Que les jeunes n’ont qu’une ambition c’est de boire et de fumer. Que demain sera comme hier. Et que rien ne changera jamais. Toutefois, quand je m’adresse a quelqu’un dans la rue, il prend le temps et toute la politesse anglaise pour me répondre sympathiquement. Etrange paradoxe de cette ville: celui de voir des sourires sur des visages désespérés car désespérants.
Le vent tourne. Il me porte vers l’espoir, au nord de la Grande Bretagne.
vendredi
* 3ème stop: GLASGOW [22-240211]
" He is worth nae weel, That can bide nae wae."
Proverbe écossais.
Je prends le train a Newcastle apres avoir avalé un Burger King. Changement de voie. Je cours avec mes kilos sur le dos. En fait, je suis en avance. J'entre dans le train, je trouve ma place. Parfait.
Dehors, le paysage anglais se métamorphose en paysage écossais.
Le train s'arrête soudain. Il a une panne assez grave. On est coincés quelque part dans la campagne entre l'Angleterre et l'Ecosse. Il n y a pas de réseau. Des Chiliens font d'étranges prières à côte de moi. Je ne sais pas quand je serai arrivée. J'espère un jour. J'espère ce soir.
Le train repart. Mais la nuit tombe déjà. Il n est que 18h, heure locale.
J'arrive à la gare centrale de Glasgow avec 40 minutes de retard. Lauren ma couchsurfeuse m'appelle. Elle m'explique comment aller jusqu'à chez elle mais je ne comprends pas très bien. Tant pis. Je cherche. On verra bien.
Je marche dans les rues, dans la nuit. Il y a une rue qui s appelle la Gordon Street. Les jeunes ont tous un look très décalé. Je demande à des passants sympas ou est l'arrêt de bus de Buchanan Street. Ils tentent de m'expliquer. Mais leur accent n'est pas évident à capter. Je demande à des flics a cheval. Et je finis par trouver. Heureusement, un autre gars prend le même bus que moi, il m'explique ou je dois aller. Il voit mon sac et remplit son regard de compassion, lui aussi a fait 6 mois de backpacking...
Les bus a Glasgow sont etranges. Le chauffeur vous dit le prix du billet que vous demandey et vous devey mettre les pieces dans une petite boite. Autant vous dire que vous avez interet a avoir la monnaie...
Je descends au bon arrêt de bus. Une toute petite nana super nerveuse vient me chercher. C'est Lauren ma couchsurfeuse. Elle est drôle, sauf qu elle semble ne pas le savoir. On va vite faire quelques courses dans un centre qui doit faire la taille de toute la ville d'Yverdon-les-Bains, le Tesco.
Au Tesco, on peut biper soi-même nos courses et payer directement a la machine. Les Ecossais font plus fort que le Passabene, je trouve...
Il pleut. Je ne me remercierais jamais assez d avoir acheté un parapluie Primark a 4£. Sauf qu'a cause du vent, il est déjà mort.
On rentre vite fait dans l appartement de Lauren, qui se trouve dans le WestEnd vers MaryHill (donc en dehors du centre ville), le temps de poser mon sac, et de partir. On retrouve un ami a elle, Sébastien, qui vient de Lausanne!! Et on va a une soirée organisée par l'université de Glasgow. L'entrée coute 3£ et c est pour une bonne cause, bien que j'aie oublié laquelle. C est une sorte de bal écossais, tout le monde peut y aller, certains en habits traditionnels, il y a un groupe qui joue de la musique écossaise, avec leur guitare, leur synthé, leur accordéons mais pas de cornemuse ce qui m'étonne, et qui entraine tout le monde sur la piste de danse avec leur verre de cidre ou de whisky et c'est parti pour une danse endiablée traditionnelle. Ce soir, je ne sais pas si c est les les mouvements de la danse qui me font tourner, si ce sont les Écossais qui sont de vrais bons vivants , si c est le cidre ou si c est la musique si entrainante qui me rendent si euphoriques.
DIALOGUE ENTRE LAUREN ET VIOXYMORE:
L: Regarde! Il y a des gars qui ont mis un vrai kilt!
V: Oui j'ai vu! Mais... est-ce que je peux te demander quelque chose?
L: Bien sur!
V: Est-ce que c est vrai qu'ils...
L [coupant la phrase de V]: Oui, c est vrai...
A Glasgow, ca sent l'humidité et le crottin de cheval (a cause des officiers cavaliers).
Gallerie of Modern Art. Ou les joies de l ^0art absurde au 21 ème siècle.
George's Square. Magnifique place près de la Queen's Station. Peut-être une des plus belles place que j'aie vue, au sol rougeâtre, avec une imposante statue d'un homme à cheval et de vieux immeubles alentour.
St-Mungo's Cathedrale. Cathédrale gothique datant du 12ème, magnifique et immense, qui sent la poussierre et la vieille pierre, dont les murs respirent cette atmosphère fantomatique si particulière de l'Ecosse.
Necropolis. La ville morte de Glasgow, le cimetière géant qui surplombe toute la ville depuis sa colline à côte de la cathédrale St-Mungo. Le côté sombre et macabre de la ville, avec ses morts et ses fantômes. Glauquissime au possible, et pourtant tellement beau. Un vrai conte de Tim Burton! [surtout quand il pleut!]
TUNNOCK'S MILK CHOCOLATE COATED CARAMEL WAFER BISCUIT : c'est bon, c'est tipical scottish, c'est calorique. Mais nous, les addicts du chocolat, on adore. [comme quoi, y a pas que Lindt et Cailler, dans la vie...]
Oran Mor. Du jamais vu: un bar dans une église!
La couleur de Glasgow est le bordeau, pour l'Amitié qu'elle porte, l'envie de découverte, la vivacité et la vie en décalage. Pour son envie de faire la fête, sa vibration positive, malgré le temps pluvieux.
Vipper Club. Lauren m avait dit que c'était pourri. Mais je ne pensais pas à ce point. C'est en fait un club ou se réunit une réelle concentration de pouffes hautes comme trois pommes et perchées sur des talons aiguilles qui vacillent. Comme les Anglaises, elles n'ont pas compris que les collants ne pouvaient pas vraiment avoir la même fonction que les pantalons, surtout en hiver. Elles s'agitent comme des pimbeches push up à en faire dégouliner leurs litres de fond de teint. Les mecs, ivres a n'en plus tenir debout, errent dans la foule à la recherche d'une fille aussi perdue qu'eux qui accepterait bien de se noyer dans une marre de bave avec lui. Magnifique. Bref. Je me suis demandée ce que je faisais la. Mais cétait assez comique, finalement. Tous les bars en Ecosse ferment à 2h. Lauren me dit que c est bien, car comme ca, le lendemain, elle peut tout de même aller en cours.
Un Ecossais ivre qui parle est définitivement impossible a comprendre.
En Ecosse, il n y a pas de quart d'heure vaudois, mais il y a l heure ecossaise.
Et puis le vent tourne.
jeudi
* ABERDEEN . [24-260211]
Dans les bars ecossais, plus la musique est forte et plus les gens boivent. Et plus ils boivent, plus ils boivent. Pareil avec moins ils boivent. Exactement pareil. Sauf que dans ce cas, la musique est moins forte.
Avant de partir, un ami proche m a dit que l Authenticite n existait pas et que la vie n etait qu un jeu de maitrise de nos masques. Alors ainsi mon voyage ne serviraitil a rien si je pars pour chercher mon Authenticite et ce qui se cache derriere mes masques?...
J ai contacte une femme a Edimburgh en pensant que j y passerai cette semaine. Elle m a intriguee car elle a ecrit sur son profile qu elle etait une femme cameleon. C est un peu l impression que j ai, celle de n avoir de personnalite mais de pouvoir prendre la couleur de chaque personne, chaque situation pour s adapter. Elle ne pouvait pas m accueillir (voila pourquoi j ai fini a Glasgow) et m a dit que peut etre, ce qui se cache derrire nos masques est moins beau a voir que ceux ci et que c est pour cela que nous les portons...
Je crainds de ne pas avoir peur. J attends dans un bar dans la gare d Aberdeen que Senthil mon nouveau CouchSurfer arrive. Il est en retard. Qu est ce que je disais...
Il arrive enfin et on va directement chez lui manger en ecoutan du Tango. Et on parle. De tout. De la vie. Du changement constant. Du doute. Des oxymores qui sont le propre de l homme. En parlant avec lui, j arrive pour la troisieme fois a la meme conclusion: l Authenticite n existe pas. Tout change tellement et tellement vite qu on est pas une seconde pareil. Nous sommes nous meme seulement dans la solitude que la plupart fuie. Et c est en entrant en contact avec autrui que nous nous construisons, en se retirant dans la solitude qu on s ecoute et en faisant les deux en meme temps qu on devient ce qu on est et qu on est ce qu on devient.
Le moment que je passe a parler avec lui est ancre dans le moment present comme jamais. Je lui explique les difficultes que j ai a rester dans le moment present. J ai comme beaucoup de gens tendance a rester crochee au passe, a cause des regrets et des remords, ou de toujours me projeter dans un avenir idealise, ce qui entrave le profit de l ici et maintenant. Senthil me demande "And right now? Do you have any regrets?" La seule reponse qui me vient instinctivement est "No, I don t". Il hausse les epaules comme si c etait une evidence. Et ca l est pour moi aussi.
Des remords et des regrets, j en avais beaucoup avant de m en aller. A voir, sans que je ne m en apercoive, je les ai mis dans une boite que j ai abandonnee au port avant de prendre le large. Ce sont d ailleurs ces choix resultants ces regrets et remords qui m ont apportee ici, maintenant. Alors que faire sinon les accepter?...
D apres Senthil, nous avons le choix entre trois choses dans la vie en societe: fuir les obligations, aller a l encontre du systeme ou se resigner et s ecraser sous le poids du devoir. N est ce pas, finalement, atteindre la parfaite harmonie que de jongler avec les trois plutot que de choisir une seule solution?...
En parlant cet homme de voyage, j ai soudain l impression que quelque chose s ouvre dans mon esprit. Je ne peux pas encore dire quoi. Mais quelque chose. Peut etre que je viens de me cogner contre la Realite: celle qu il n en existe aucune.
Dunnotar Castle. A 1h en bus d Aberdeen, apres Stonehaven. Un vieux chateau en ruines, depece, sur des falaises rocheuses frappees par les vagues en furie. Les mouettes s affolent au dessus et vont se nicher dans son ombre, comme si a present, c est a elles que ce chateau appartient.
L odeur de la mer, le parfum du passe. Des images qui defilent dans mon imaginaire a chaque pas que je fais dans ces ruines. La chambre e la contesse, vue sur la mer du Nord. La cuisine, avec le trou dans le mur pour le feu. Le donjon des brigands, petit, noir et sombre, vide...
Le bruit du vent, le cri des oiseaux. La sensation du vent et du soleil sur ma peau. Il y a quelque chose de reposant dans ces anciens lieux royaux. De reposant, de calme et de melancolique a la fois.
Ballade dans le silence des highlands. Seul le vent ose m interrompre dans ma marche. Je l ecoute. Je le suis.
Black Hill. Colonnes en cercle, accrochees au sommet d une colline au milieu de rien, en memoires a tous les Ecossais de Stonenhaven morts pendant la guerre mondiale.La vue y est magnifique. On y voit la mer du Nord, si profonde et si grande, qui, a l horizon, semble devenir le ciel.
Retour sur Aberdeen. Son odeur est un melange entre des parfums de femme, de feu printanier et de mer agitee et calme a la fois.
The Kirkyard of St Nicholas. Immense cathedrale avec un cimetiere. Les habitants aiment s y ballader et s asseoir sur un ban pour reflechir et bavarder.
Aberdeen Art Gallery. Magnifique gallerie d art pres de l universite. L expo temporaire presentait l oeuvre photographique de l Americaine Diane Arbus (1923-1971). Une decouverte a faire pour les amateurs de photo! Elle a reussi a mettre en valeur des portraits de gens decales, peut etre ridicules mais inconscient de leur apparence absurde. Arbus photographie la personnification du kitsch en noir et blanc, comme une serveuse nudiste, le roi et la reine gagnants d un concours de danse du citoyen senior, des travlos burlesques ou des personnages de carnaval tatoues ou mangeurs d epee et de feu. J ai fini par me trouver moi meme ridicule, a rire toute seule au milieu de la gallerie...
Dans la partie moerne de l expo permanente, une oeuvre m a tape dans l oeil: celle de Gavin Turk (ne en 1967) qui n est qu un vulgaire sac de couchage en nylon pose sur le sol. Ce qui est interessant, c est de voir le rapport avec le titre de l oeuvre: "Habitat". En effet, ce qu a voulu montre l artiste est que ce genre d habitat s est entierement fondu dans le paysage urbain et plus personne n y fait attention. C est une realite revolante, dans elle est soulevee dans la sorte a travers l art. Et pourtant, personne ne reagit. Parce que c est devenu commun.
Les toilettes ecossaises sont etranges. Il faut pomper l eau avec une manette avant de la pousser. Sinon, ca marche pas. Et c est bon a savoir. Sinon, on peut avoir de mauvaises surprises...
Le vent de l est ecossais tourne, tourne! Je mets les voile vers l ouest.
FROM ABERDEEN TO GAIRLOCH.
lundi
* Concours .
Petite parenthese.
Voici l oeuvre d'art que j'ai faite parce que je n;avais rien de mieux a faire et parce que j'avais envie de le faire.
Voici mon affiche pour le concours Mosaic-Info, lutte contre l'Homophobie.
Pas de commentaire, s'il vous plait. =) J'ai eu tres peu de temps et de moyen. J'espere juste que mes 2 pounds investis en poste depuis l'Ecosse porteront leur fruit...
Voici l oeuvre d'art que j'ai faite parce que je n;avais rien de mieux a faire et parce que j'avais envie de le faire.
Voici mon affiche pour le concours Mosaic-Info, lutte contre l'Homophobie.
Pas de commentaire, s'il vous plait. =) J'ai eu tres peu de temps et de moyen. J'espere juste que mes 2 pounds investis en poste depuis l'Ecosse porteront leur fruit...
dimanche
* Loch Maree . [260211-140311] .
Quand on voyage, on perd toute notion du temps et des choses. J’oublie quel jour on est et a quelle heure on vit. Parfois les aiguilles de la pendule tournent au ralenti, parfois elles tournent a toute allure. Parfois j’ai l’impression de n’etre que jeudi et nous sommes déjà dimanche. Parfois, meme, j’oublie que je suis en Ecosse et j’ai l’impression d’etre en Suisse.
Reflexion absurde.
Je trouve absurde la notion de nation. A part un vulgaire bout de papier avec mon prenom et mon nom ecrit dessus, qu’est-ce qui prouve que je suis Suisse? Bien-sur, j’aime le chocolat et la fondue au fromage. Bien-sur ma montre est Suisse. Et alors? Je ne l’ai pas achetee pour sa marque. Et le jour de la fete nationale je reste enfermee chez moi devant la television car je deteste cette date. Donc? Qu’est-ce qui fait que je suis Suisse?...
C’est samedi 26 fevrier 2011. Je prends le train jusqu’a Inverness ou je dois attendre 3 heures le seul et unique bus en partance pour Gairloch. J’y retrouve Thierry, un ami rencontre grace a Corris (et oui, meme les choses les plus sottes du monde apportent du positif!) et qui, en realite, m’a donne envie de debarquer en Ecosse, sous pretexte de lui rendre visite. On mange un fish’n’chips en buvant une Best (qui est the Best beer, ahaha.. ok c’était facile…) Et on se quitte en se donnant rendez-vous deux semaines apres. Inverness... Le dernier point de concentration capitaliste avant le néant total...
Le trajet en bus dure 2h30. Le soleil se couche et je ne comprends jamais quand est-ce qu’il faut que je descende. Je ne vois plus rien a travers la fenetre, a part la profondeur des tenebres de la nuit. Et c’est presque inquietant, je dirais, cette ambiance qui s’installe, cet inconnu vers lequel je vais…
Quand le paysage est totalement efface par la fenetre, j’arrive enfin a Gairloch et une armoire a glace qui rigole et qui marche vite, avec son sourire et son accent anglais, m’accueille. C’est Nick, l’hote chez qui je vais vivre pendant deux semaines. Il a un superbe sens de l’humour (que je ne comprends pas toujours, j’avoue…) et il ressemble a un ours qu’on voudrait prendre dans ses bras. Je monte dans la voiture avec lui (pour la premiere fois a gauche sans avoir l’intention de conduire !) et on roule jusqu'à un bar ou je rencontre son ex-femme Lisa et leur fille de 10 ans, Lily (accessoirement leur cabot Leo, aussi). Juste le temps de boire un coca et de realiser ou je suis…
Je remonte dans la voiture avec Nick et on roule dans le noir jusqu’au Loch Maree Hotel. Je m’attendais a voir un immense hotel en pierre, au bord du lac, avec plein de monde a l’interieur qui boivent des verres au bar et jouent au billard. Ce que j’ai trouve est un hotel devaste, vide. Il n’y a personne, tout est ferme. De fortes averses ont tout devaste l’interieur de l’hotel pendant l’hiver. Papier peint arrache, moquette enlevee, parquet troue, de la poussiere partout, de longs couloirs vides avec la lumiere blanche, les chambres vides, ouvertes sur une profonde ombre qui ne dit rien qui vaille.
Voila. J’ai 18 ans. Et je suis seule dans un hotel devaste avec un homme divorce que je ne connais qu’a travers de simples mails. Nous sommes perdus dans la campagne ecossais avec rien a part des cerfs. Peu de reseau pour le portable, pas de wifi, juste le silence. Et la solitude.
En debarquant dans ce tableau, je vous l’avoue, j’ai eu l’impression de vivre un parfait film d’horreur a la Stephen King. Le grand serial killer qui cache un cimetiere de petites filles derriere son masque de gentil gros nounours. Il pourrait me violer et me tuer (ou l’inverse), sans que personne ne le sache. Parce qu’avant de m’exiler la-bas j’ai averti mes proches en leur disant que je ne pourrais pas leur donner beaucoup de nouvelles.
Me voila face a un choix : partir et sauver ma peau pendant qu’il est encore temps, ou rester et peut-etre vivre une experience formidable.
En partant en voyage, j’ai decide de faire confiance a la vie. J’ai choisi de rester. Et me voila. A l’heure ou j’ecris ces lignes, je suis a Edimbourgh. Et je reviens d’une aventure campagnarde qui m’a certainement changee. Et vous savez quoi ? Nick ne porte pas de masque. Nick est l’incarnation de la politesse, de la gentillesse et du respect. J’ai appris a quel point il ne fallait pas avoir de prejuge sur les gens. Et surtout, combien le mental est absurde, a toujours imaginer le pire plutôt que le meilleur.
Je suis dans une chambre magnifique, miraculeusement epargnee de la destruction de l’eau. Chaque matin, pendant 2 semaines, je me reveille avec une vue sur le Loch Maree, toujours differente suivant si le soleil a choisi de se lever, si les nuages ont fui, si la neige tombe en gros grain de flocon, si la pluie se deverse lentement en micro goutelettes, si le vent se tait et laisse le lac parfaitement plat, refletant le profil des montagnes… Chaque jour, je vois le meme paysage. Et chaque jour, ce paysage est different.
Je vois cette region bleu roi. Le bleu profond des ombres des montagnes. Le bleu des trefonds du lac noir. Le bleu du ciel lorsqu’il ne se cache pas derriere des nuages et de la brume. Le bleu de la mer qui se confond avec le ciel a l’horizon, le bleu du lac qui devient le pied des montagnes. Bleu roi et profond, qui guide le regard de l’inquisiteur dans le silence. Bleu roi qui se tait et qui observe. Bleu roi qui evolue durant la journee.
Quand j’arrive, Nick m’annonce qu’il doit aller a Glasgow pour une exposition ou un congres par rapport a l’hotel (pas tres bien compris quoi, m’enfin, c’est au sujet de l’hotel) alors le lendemain de mon arrivee on part avec quelques affaires, en voiture. Il en profite pour faire un grand tour et me faire visiter toute la region avant de descendre sur la ville.
Applecross : lieu dedie a Maehrulba, un pelerin qui est parti en barque depuis l’Irlande jusqu’au Nord-Ouest de l’Ecosse pour rependre le Christinianisme.
Eleen Donan Castle : le plus recent château, sur une ile dans un lac, rattache a la terre ferme par un pont.
Fort William : une petite ville au bord d’un lac ou on reste une nuit dans un hotel.
Degustation de whiskys : mon prefere est celui de la reigion du Jura. Quelle bonne blague !
Le lendemain, on reprend la route pour Glasgow. En y arrivant, Nick me laisse pres de la Charing Cross Station et je vadrouille toute seule toute la journee pendant qu’il est a son congres d’hotel.
Mackintosh’s Church. La seule eglise dessinee par l’architecte originaire de Glasgow, Charles Rennie Mackintosh. Elle est petite, intime, sombre, melange le moderne au gothique dans un etonnant accord. Les motifs graves dans le bois formant la chair semblent tires d’un songe de science-fiction, melant le vegetal a l’animal. Dans le hall de l’eglise, il ya un piano tres etrange et rare, enferme dans une grande boite en bois, dessine par Mackay Hugh Baillie Scott, un designer anglais contemporain de Mackintosh.
St-George’s Tron Parish Church. Et oui, moi et mon obsession des eglises et des cathedrales, je suis tombee dans cette petite eglise reformee ou un type completement convaincu et une petite vieille trop chou m’ont accueillis pour parler. Evidemment, n’etant pas croyante, je me demandais ce que je faisais la, je leur ai dit que j’etais simplement curieuse de voir l’architecture de l’eglise. La petite vieille m’a fait une visite guidee et le type convaincu m’a offert un livre, « to bless me ». Ca fait plaisir.
Glasgow Green. Immense parc de Glasgow, tres joli et tranquille. J’aurais envie de me poser dans l’herbe, sous le soleil, et de faire un pic-nic.
Les parcs dans les grandes villes sont fascinants car le comble du paradoxe urbain. Ils sont au centre de la ville, la ou il y a le plus de traffic. Et pourtant, c’est la tranquilite-meme. Les gens se balladent, font leur jogging, promenent leur chien au cœur d’une ville qui semble s’arreter un instant, pour se reposer, enfin.
Cafe Nero. Ou comment boire un bon caffe latte en Grande-Bretagne… (j’avoue que le cafevanilleetunverredeau de l’Intemporel me manque beaucoup…)
Comment oter le masque d’une pouff ecossaise ? Il suffit de la demaquiller… Et ce qui se cache derriere n’est pas beau a voir (du moins si quelque chose s’y cache…)
Le soir, je retrouve Nick pour aller manger.
Lost souls. Nouveau bar super bien, sombre, decale avec des clients etranges habilles en noirs et aux cheveux colores. On sirote un Black Russian Cocktail. (Smirnoff, liqueur de cafe, coca. Je le conseille a tout le monde…)
The butterfly and the pig. Un charmant petit restaurant tres intimiste, avec des couverts au manque d’ivoire et aux nappes brodees. Kitch, sympa, joyeux. Meme la carte est amusante a lire, avec des jeux de mots partout et des references. Un regal et un reel plaisir. Rien que pour le nom du restaurant, ca vaut la peine d’y aller…
Dans les pubs en Ecosse, le soir, ils font des quizz et les clients doivent repondre a des questions absurdes.
The real English gentleman marche toujours du cote de la route sur le trottoire car ainsi, en temps pluvieux, c’est lui et pas la lady qui se fait eclabousser par les voitures qui passent dans les flaques.
Les habitants de Glasgow sont en Ecosse ce que sont les Lausannois en Suisse : ils doivent avoir les plus beaux mollets du pays…
Le troisieme jour de notre escapade, nous reprenons la voiture et retournons vers Gairloch d’une traite (environ 5 heures). Le moment que nous passons dans la voiture est un moment que j-apprecie tout particulierement. Nick regarde droit devant lui, il conduit. Et moi, je regarde par la fenetre, je m’evade. Mon esprit parcourt la courbe des montagnes, analyse les couleurs du paysage et les melange. Je pense a mille choses en meme temps sans jamais etre capable de dire a quoi je pense. On roule a toute vitesse sur des routes sinueuses, qui tournent, qui montent, qui descendent. Dans les vallees entourees de montagnes gigantesques, brunes et ocres, taches de gris par des rochers et de vert par quelques armees de conniferes. A cause de l’erosion, les montagnes fissurees semblent avoir trop pleure. Il n’y a rien, sinon quelques arbres nus, des panneaux attentions aux cerfs et aux moutons, quelques voitures. Et le silence. C’est tout.
En fait, j’ai rencontre Nick depuis le site internet workaway.info. Mon but était de trouver des places de travail contre de la nourriture et un logement, pour quelques semaines. Je me suis dit que ce serait bien de pouvoir enfin apprendre a faire la vaisselle, la lessive, la cuisine et le menage, en vue de mon futur appartement… =) Mais Nick voit les choses differemment. S’il y a quelque chose a faire, il me le dit, et sinon, je fais ce que je veux. Son but a lui est de rencontrer des gens, leur faire decouvrir la region, leur faire part de son grand savoir historique et créer une ambiance familiale.
Un jour, Nick me dit qu’il a perdu un de ses bateaux a moteur entre les 29 iles du Loch Maree et qu’il faudrait aller le rechercher. Soit ! Il me prete des chaussures en caotchouc qui font du 44 et on embarque sur l’eau glacee, a la recherche de son bateau perdu. En realite, c’est plutôt un pretexte pour me montrer un tresor de la region…
Isle Maree. C’est une petite ile magique ou sont enterres le Prince Olaf et son epouse (une histoire digne de Romeo et Juliette mais bien des siecles plus tot). Cette ile est enchantee. Il y regne un calme bizarre et presque anormal. Elle se situe exactement au centre du Loch Maree. Ses pierres et ses cailloux qui forment une plage l’entourant sont d’une variete etonnante et il est impossible de savoir comment certaines sortes de pierre tres rares et provenant de tres loin ont pu atterrir ici… En fait, il n’y a pas de rocher sur cette ile, contrairement aux autres. En son centre, un vieux mur de pierres forme un cercle parfait. Et au centre de ce cercle, il y aune plaque en pierre brisee. Nick m’explique que c’est la que les druides faisaient des sacrifices d’animaux. Tout pres, il y a des tombes tres anciennes et une croix en pierre representant un des ancien possesseur du Loch Maree Hotel qui s’est tue apres avoir empoisonne 6 clients de l’hotel… (Et oui… Comme vous pouvez vous en douter… Ce hotel est hante…) Sur cette ile, il y a beaucoup d’arbres de houx, tres hauts (alors que normalement, le houx est un buisson…) et de chenes qui ont été importes et plantes de manière tres logique et reguliere. Certains arbres morts et renverses sur le cote ont encore des branches qui donnent inexplicablement des feuilles et des fleurs au printemps… D’autres arbres sont incrustes de tres vieilles pieces de monnaie, car l’ile était un lieu de donation aux Dieux. Le plus etonnant est qu’en 2005, une immense tempete a fait rage dans ce highland. Plusieurs arbres immenses sont tombes, pres de Victoria Falls (pres de l’hotel), et pourtant, sur l’Isle Maree, aucun arbre n’a été deracine a cause de cette tempete… Cette ile, cette foret, ces vieux arbres qui ont du voir tant de choses, qui deviennent la mémoire de ce qu’a vecu cette ile… Tout est calme. Silencieux. Les arbres tortures semblent simplement attendre que quelque chose se passe a nouveau dans ces lieux sacres.
Nick cuisine tres bien. Ca me change du fast food tous les jours… Et chaque soir, apres le diner, on regarde un film. Il a une petite collection de DVDs qui va en tout genre. Mais je flash sur son coffret d’Audrey Hepburn. On regarde 4 de ses plus grands classiques, et je tombe carrement fan. Miss Hepburn, notre icône a tous. Maintenant, je comprends pourquoi.
« A woman happily in love, she burns the soufflé. A woman unhappily in love, she forgets to turn on the oven. »
Sabrina.
Les montagnes qui se refletent parfaitement dans l’eau me font penser a des taches de Rorschach en couleurs.
Interruption brutale. J ai rendezvous avec ma couchsurfeuse d Edimburgh !!...
BIP! Me revoilà Dieu sait combien d'heures plus tard. J'ai bien fait d'attendre, voilà un clavier francophone, je vais enfin pouvoir écrire convenablement...
Où en étais-je?
Ah oui...
Nick est malin. Il me dit:
- Mmmh... I reaaaally would like a cup of tea.
- Ah! Good idea! I'll do it!
- Haha! Thank you! *Smile*.
A part préparer du thé et nettoyer les cabanes style norvégien pour accueillir 5 hommes fous pour quelques jours, j'écris. Oui, J'ai vite compris que la Vioxymore, en plus de boire, manger, dormir, évacuer, pour vivre, elle a besoin d'écrire. Alors écrire. Chaque jour écrire. Chaque seconde écrire. Toute la journée écrire. Devant le lac. Près de la cheminée. Sous la pluie toute fine. Dans le highland. Dans le silence. Dans la musique. Près de la rivière. Près de l'eau. Ecrire. Ecrire. Ecrire.
Un jour Nick a envie de me bringuebaler en voiture à travers la région.
Red Point. Une plage au sable presque rouge, entre des dunes de sables, de pierres violettes, de touffes d'herbes vert clair, la mer et les rochers qui plongent en elle. L'eau qui se retire de la plage creuse d'étranges dessins en forme de flammes sur le sable.
Pic-nic sur un banc. Il fait beau et chaud. On se croirait au printemps. On poursuit notre route pendant de longues minutes qui défilent avec le paysage. On traverse Gairloch et on continue sur une route plus sinueuse et tortueuse. "Do you know what is at the end of this road?" me demande-t-elle. Mais je n'ai aucune idée. Après une demi heure de montagne russe, on arrive vers un phare peint en blanc immaculé, transformé en hotel. Il n'y a rien, autour, si ce n'est la mer et les falaises. J'ai l'impression dêtre au bout du monde... Je m'assieds sur les falaises raides, escaprées, qui plongent dans l'océan agité. Et je regarde l'horizon désert qui suit la courbe de la terre. J'avais toujours revé de voir ce paysage torturé. Merci Nick de m'avoir permis de me rendre sur une des terres où je rêvais d'aller.
Assise, j'écris simplement dans mon carnet.
Je suis là où l'océan s'éclate sur les falaises. La mer est au paroxysme de sa puissance. La mer détruirait quiconque oserait s'approcher d'elle par les falaises escarpées. Il vaut mieux la contempler en silence et écouter sa colère.
A l'horizon, la vaste étendue de l'eau qui cache dans ses tréfonds mille et un mystères. Le prochain arret en bateau serait l'Amérique. A la nage, il serait la mort la plus douloureuse, brûlante dans la mer froide.
Je pourrais passer des heures à écouter la mer, regarder ses lents mouvements de vagues qui la soulèvent et l'écrasent contre les rochers. Du bleu roi de ses profondeurs au blanc immaculé de son écume, la mer évolue constamment dans un souffle régulier. Elle s'en va pour toujours revenir. Elle revient pour toujours repartir. La mer vit et l'amère vie devient ce mouvement ondulatoire qui ne s'ennuie jamais. La mer tue et l'amertume qu'elle laisse derrière elle efface tous ses remords. La mer meurt et l'âme erre et demeure perdue, troublée, fatiguée par le ressac des vagues.
Je finis par pleurer de beauté.
Nick et moi reprenons la voiture. Il m'emmène au sommet d'une grande colline où il y a l'antenne de la radio. Juste une longue étendue de terre au loin, très loi, les montagnes et la mer qui se lie au ciel. Il n'y a rien, absolument rien. Si ce n'est quelques moutons égarés... Et le silence. Le silence apaisant. Le silence vide. Le silence de la solitude. le silence assourdissant. Le silence dont l'écos du soupir n'est que le miroir de ce qu'il y a au fond de soi. Et je regarde, et je vois, et je me perds dans ce silence, et je me trouve dans ce silence..
L'Authenticité existe. Elle s'est brisée. Le silence des highlands écossais donne la clef pour accéder à une de ses bribes. Ce silence qui murmure ce qu'on se borne à ne jamais écouter.
Nick est un cuisinier formidable. J'ai trouvé l'équivalent de 4 fois mon appétit. ça change des sautes d'humeur de mon estomac qui ne mange plus ou avale sans plaisir du fast food. Nick a eu la mauvaise idée de me montrer le bar de l'hôtel en disant "help yourself!". Il est Anglais, pour de vrai. Juste un Anglais exilé en Ecosse par amour du paysage. Mais un Anglais en Ecosse reste un Anglais, qui boit des litres de bière, de vin par jour, comme si c'était de l'eau. Ce n'est pas de l'alcoolisme. C'est juste l'accoutumance des pays nordiques.
En Ecosse, il y a des endroits où il n'y a tellement rien, qu'ils sont obligés de créer des bus-cinéma, des bus-bibliothèques et des bus-office de police qui se balladent dans la région.
Certaines nuits, le vent se lève et se déchaîne. Il s'engouffre dans les couloirs et fait claquer les portes. Aussitôt je sombre dans le sommeil qu'un bruit sourd me réveille. Entre la réalité et le songe, j'ai parfois l'impression que ce sont les fantômes qui me parlent. Ou alors, j'ai l'impression que l'hôtel entier va se transformer en poussière, qu'il va s'envoler et que je ne me réveillerai jamais. En même temps, une certitude persiste dans ma tête: je me sens en sécurité, ici. Rien ne peut m'arriver de grave. Je m'accroche à des images jusqu'à ce qu'elles se matérialisent en rêve. Et puis ça va mieux, jusqu'au prochain réveil.
Je passe mes journées à écrire, à dessiner, c'est tout.
Un mois. Un mois que je n'ai pas revu mes amis ni entendu leur voix. Un mois que je n'ai pas embrassé mes parents et mon frère. Tout cela ne semble qu'un rêve. J'ai parfois le sentiment que toute cette cavale ne s'arrêtera jamais.
Nick me fait goûter le Haggis, une bouillie de viande de boeuf et de céréales, traditionnellement cuite dans un estomac d'agneau. Typique du pays. Et en fait, c'est bon! Mais je reste sceptique quant à son contenu... Certains prétendent qu'il y a dedans des abats de moutons, du cerveau et des poumons d'agneau.. Je crois qu'il vaut mieux ne pas savoir ce qu'il y a réellement à l'intérieur...
Chaque soir, un film différent. Mais celui qui me marque le plus est "Atonement".
L'histoire de cette fille qui voit une scène par la fenêtre et l'interprète à l'envers, une suite de découvertes qui tissent une histoire avec le mauvais fil, une homme privé de son amour à cause d'un grave malentendu. L'horreur, le désastre, l'écroulement d'une famille entière. Juste à cause du regard d'une petite fille. Le film est rythmé par une musique frappée du bruit de doigts qui tapent à la machine. Le temps s'inverse. La chronologie se morcèle. Et les personnages espèrent l'impossible: que rien ne se soit passé ainsi ce soir-là, soir où la vie de tous a basculé dans l'obscurité...
BBC News Scotland.
A la maison, je ne regarde jamais les nouvelles, ni la télé. Je prétexte un manque de temps. mais en réalité, c'est que je ne veux pas voir l'horreur du monde. Je la connais, j'en ai conscience. Et je ne veux pas la voir.
Nick s'est excité toute la semaine passée sur la BBC News qui ne parlait que d'une chose: Lybia uprising. Chaque jour les mêmes images. Ces pauvres gens avec leurs mitraillettes, les enfants qui chantent, trop jeunes pour comprendre, ces hélicoptères qui défilent comme une parade vers le changement. Aujourd'hui, la BBC News change de registre. Enfin. Elle nous parle du désastre au japon, causé par un tsunami qui touche une zone nucléaire, emportant avec lui des ondes radioactives. Après l?Egypte et la Tunisie, la Lybie qui se révolte. Après en Haèiti et en Thaèilande, tsunami au Japon...
Que veut la Terre? Qu'e veut-elle montrer? Qu'est-ce que la Nature a à nous dire? Sommes-nous trop bornés pour ne pas l'écouter? Comment les choses vont-elles évoluer?
L'homme détruit pour construire. Et puis il se révolte contre lui-meme. Comme en échos, la nature se révolte aussi. Mais je lui fais confiance, elle gagnera la guerre que nous avons entrepris contre elle.
L'homme a fait trop de mal sur cette planète. Chaque crime, chaque délit est un coup de pied dans le mur du Monde. Quand une brique se brise, c'est la nature elle-meme qui vient la réparer. Et elle nous ressemble, cette nature: elle détruit avant de reconstruir ce qui lui appartient. Peut-etre qu'elle croit tout de meme à la Beauté de l'humanité. Peut-être qu'au fond elle détruit ceux qui sont de trop pour tester les meilleurs et les convaincre de se ranger auprès d'elle et son armée.
Je ne peux m'empêcher de me demander où on va?... Hey! Bougeons-nous! Le gouvernail du navire Terre est mal dirigé! Hissez les voiles, parez-vous à virer, empannez et choquez les voiles, faites quelque chose pour stopper la tempête!...
Arrete, Vioxymore, tu n'es qu'un paradoxe insignifiant, une petite femme qui ne comprend rien, un simple grain de sable sur la plage. Tu ne pourras rien changer...
... sauf si Vioxymore, le grain de sable, se glisse dans l'engrenage...
Parfois le soir, au Loch Maree Hotel, je m'endors en voyant les biches dans le jardin, qui mangent tranquillement. Je vois le clair de lune, aucun nuage, juste le reflet de la lune qui scintille sur le lac noir. Et le lendemain, je me réveille et j'aperçois par la fenêtre que tout est blanc. La neige arrive... Au beau milieu du mois de mars... On aura tout vu!
Un des dernier soir que je passe avec Nick, il allume un lampion chinois qui fonctionne comme une mongolfière. Il le laisse s'envoler dans les airs, monter lentement dans les étoiles et disparaitre, s'éteindre tout doucement. "Now, there is the Violette's star in the sky." dit-il.
Le dernier jour que je passe avec Nick, il m'emmène une voiture pour la dernière fois jusqu'à:
Ullapool. Une ville portuaire qui fait les meilleurs fish'n'chips. La ville se situe à 1h en voiture de Gairloch. Et pour y parvenir, il faut affronter le vent, la neige, le soleil, les cerfs, les maisons abandonnées, les faisans, les chèvres et les moutons...
Nous sommes retournés, avec Lily sa fille cette fois, au phare. Sauf que cette fois, il y avait un vent incroyable, contre lequel il était impossible de courir. Un vent qui nous entraîne loin et qui emporte avec lui ce qui nous est cher si nous n'y prenons pas garde. Un vent qui fait hurler les vagues en mettant en coère la mer, provoquant sa lente houle dévastatrice. Du sel sur les lèvres, une coupe de cheveux absurde, de la difficulté à ouvrir la porte de la voiture. La voilà, la tempête de l'Ecosse. Et voilà que le vent a tourné pour moi aussi...
BIP! Me revoilà Dieu sait combien d'heures plus tard. J'ai bien fait d'attendre, voilà un clavier francophone, je vais enfin pouvoir écrire convenablement...
Où en étais-je?
Ah oui...
Nick est malin. Il me dit:
- Mmmh... I reaaaally would like a cup of tea.
- Ah! Good idea! I'll do it!
- Haha! Thank you! *Smile*.
A part préparer du thé et nettoyer les cabanes style norvégien pour accueillir 5 hommes fous pour quelques jours, j'écris. Oui, J'ai vite compris que la Vioxymore, en plus de boire, manger, dormir, évacuer, pour vivre, elle a besoin d'écrire. Alors écrire. Chaque jour écrire. Chaque seconde écrire. Toute la journée écrire. Devant le lac. Près de la cheminée. Sous la pluie toute fine. Dans le highland. Dans le silence. Dans la musique. Près de la rivière. Près de l'eau. Ecrire. Ecrire. Ecrire.
Un jour Nick a envie de me bringuebaler en voiture à travers la région.
Red Point. Une plage au sable presque rouge, entre des dunes de sables, de pierres violettes, de touffes d'herbes vert clair, la mer et les rochers qui plongent en elle. L'eau qui se retire de la plage creuse d'étranges dessins en forme de flammes sur le sable.
Pic-nic sur un banc. Il fait beau et chaud. On se croirait au printemps. On poursuit notre route pendant de longues minutes qui défilent avec le paysage. On traverse Gairloch et on continue sur une route plus sinueuse et tortueuse. "Do you know what is at the end of this road?" me demande-t-elle. Mais je n'ai aucune idée. Après une demi heure de montagne russe, on arrive vers un phare peint en blanc immaculé, transformé en hotel. Il n'y a rien, autour, si ce n'est la mer et les falaises. J'ai l'impression dêtre au bout du monde... Je m'assieds sur les falaises raides, escaprées, qui plongent dans l'océan agité. Et je regarde l'horizon désert qui suit la courbe de la terre. J'avais toujours revé de voir ce paysage torturé. Merci Nick de m'avoir permis de me rendre sur une des terres où je rêvais d'aller.
Assise, j'écris simplement dans mon carnet.
Je suis là où l'océan s'éclate sur les falaises. La mer est au paroxysme de sa puissance. La mer détruirait quiconque oserait s'approcher d'elle par les falaises escarpées. Il vaut mieux la contempler en silence et écouter sa colère.
A l'horizon, la vaste étendue de l'eau qui cache dans ses tréfonds mille et un mystères. Le prochain arret en bateau serait l'Amérique. A la nage, il serait la mort la plus douloureuse, brûlante dans la mer froide.
Je pourrais passer des heures à écouter la mer, regarder ses lents mouvements de vagues qui la soulèvent et l'écrasent contre les rochers. Du bleu roi de ses profondeurs au blanc immaculé de son écume, la mer évolue constamment dans un souffle régulier. Elle s'en va pour toujours revenir. Elle revient pour toujours repartir. La mer vit et l'amère vie devient ce mouvement ondulatoire qui ne s'ennuie jamais. La mer tue et l'amertume qu'elle laisse derrière elle efface tous ses remords. La mer meurt et l'âme erre et demeure perdue, troublée, fatiguée par le ressac des vagues.
Je finis par pleurer de beauté.
Nick et moi reprenons la voiture. Il m'emmène au sommet d'une grande colline où il y a l'antenne de la radio. Juste une longue étendue de terre au loin, très loi, les montagnes et la mer qui se lie au ciel. Il n'y a rien, absolument rien. Si ce n'est quelques moutons égarés... Et le silence. Le silence apaisant. Le silence vide. Le silence de la solitude. le silence assourdissant. Le silence dont l'écos du soupir n'est que le miroir de ce qu'il y a au fond de soi. Et je regarde, et je vois, et je me perds dans ce silence, et je me trouve dans ce silence..
L'Authenticité existe. Elle s'est brisée. Le silence des highlands écossais donne la clef pour accéder à une de ses bribes. Ce silence qui murmure ce qu'on se borne à ne jamais écouter.
Nick est un cuisinier formidable. J'ai trouvé l'équivalent de 4 fois mon appétit. ça change des sautes d'humeur de mon estomac qui ne mange plus ou avale sans plaisir du fast food. Nick a eu la mauvaise idée de me montrer le bar de l'hôtel en disant "help yourself!". Il est Anglais, pour de vrai. Juste un Anglais exilé en Ecosse par amour du paysage. Mais un Anglais en Ecosse reste un Anglais, qui boit des litres de bière, de vin par jour, comme si c'était de l'eau. Ce n'est pas de l'alcoolisme. C'est juste l'accoutumance des pays nordiques.
En Ecosse, il y a des endroits où il n'y a tellement rien, qu'ils sont obligés de créer des bus-cinéma, des bus-bibliothèques et des bus-office de police qui se balladent dans la région.
Certaines nuits, le vent se lève et se déchaîne. Il s'engouffre dans les couloirs et fait claquer les portes. Aussitôt je sombre dans le sommeil qu'un bruit sourd me réveille. Entre la réalité et le songe, j'ai parfois l'impression que ce sont les fantômes qui me parlent. Ou alors, j'ai l'impression que l'hôtel entier va se transformer en poussière, qu'il va s'envoler et que je ne me réveillerai jamais. En même temps, une certitude persiste dans ma tête: je me sens en sécurité, ici. Rien ne peut m'arriver de grave. Je m'accroche à des images jusqu'à ce qu'elles se matérialisent en rêve. Et puis ça va mieux, jusqu'au prochain réveil.
Je passe mes journées à écrire, à dessiner, c'est tout.
Un mois. Un mois que je n'ai pas revu mes amis ni entendu leur voix. Un mois que je n'ai pas embrassé mes parents et mon frère. Tout cela ne semble qu'un rêve. J'ai parfois le sentiment que toute cette cavale ne s'arrêtera jamais.
Nick me fait goûter le Haggis, une bouillie de viande de boeuf et de céréales, traditionnellement cuite dans un estomac d'agneau. Typique du pays. Et en fait, c'est bon! Mais je reste sceptique quant à son contenu... Certains prétendent qu'il y a dedans des abats de moutons, du cerveau et des poumons d'agneau.. Je crois qu'il vaut mieux ne pas savoir ce qu'il y a réellement à l'intérieur...
Chaque soir, un film différent. Mais celui qui me marque le plus est "Atonement".
L'histoire de cette fille qui voit une scène par la fenêtre et l'interprète à l'envers, une suite de découvertes qui tissent une histoire avec le mauvais fil, une homme privé de son amour à cause d'un grave malentendu. L'horreur, le désastre, l'écroulement d'une famille entière. Juste à cause du regard d'une petite fille. Le film est rythmé par une musique frappée du bruit de doigts qui tapent à la machine. Le temps s'inverse. La chronologie se morcèle. Et les personnages espèrent l'impossible: que rien ne se soit passé ainsi ce soir-là, soir où la vie de tous a basculé dans l'obscurité...
BBC News Scotland.
A la maison, je ne regarde jamais les nouvelles, ni la télé. Je prétexte un manque de temps. mais en réalité, c'est que je ne veux pas voir l'horreur du monde. Je la connais, j'en ai conscience. Et je ne veux pas la voir.
Nick s'est excité toute la semaine passée sur la BBC News qui ne parlait que d'une chose: Lybia uprising. Chaque jour les mêmes images. Ces pauvres gens avec leurs mitraillettes, les enfants qui chantent, trop jeunes pour comprendre, ces hélicoptères qui défilent comme une parade vers le changement. Aujourd'hui, la BBC News change de registre. Enfin. Elle nous parle du désastre au japon, causé par un tsunami qui touche une zone nucléaire, emportant avec lui des ondes radioactives. Après l?Egypte et la Tunisie, la Lybie qui se révolte. Après en Haèiti et en Thaèilande, tsunami au Japon...
Que veut la Terre? Qu'e veut-elle montrer? Qu'est-ce que la Nature a à nous dire? Sommes-nous trop bornés pour ne pas l'écouter? Comment les choses vont-elles évoluer?
L'homme détruit pour construire. Et puis il se révolte contre lui-meme. Comme en échos, la nature se révolte aussi. Mais je lui fais confiance, elle gagnera la guerre que nous avons entrepris contre elle.
L'homme a fait trop de mal sur cette planète. Chaque crime, chaque délit est un coup de pied dans le mur du Monde. Quand une brique se brise, c'est la nature elle-meme qui vient la réparer. Et elle nous ressemble, cette nature: elle détruit avant de reconstruir ce qui lui appartient. Peut-etre qu'elle croit tout de meme à la Beauté de l'humanité. Peut-être qu'au fond elle détruit ceux qui sont de trop pour tester les meilleurs et les convaincre de se ranger auprès d'elle et son armée.
Je ne peux m'empêcher de me demander où on va?... Hey! Bougeons-nous! Le gouvernail du navire Terre est mal dirigé! Hissez les voiles, parez-vous à virer, empannez et choquez les voiles, faites quelque chose pour stopper la tempête!...
Arrete, Vioxymore, tu n'es qu'un paradoxe insignifiant, une petite femme qui ne comprend rien, un simple grain de sable sur la plage. Tu ne pourras rien changer...
... sauf si Vioxymore, le grain de sable, se glisse dans l'engrenage...
Parfois le soir, au Loch Maree Hotel, je m'endors en voyant les biches dans le jardin, qui mangent tranquillement. Je vois le clair de lune, aucun nuage, juste le reflet de la lune qui scintille sur le lac noir. Et le lendemain, je me réveille et j'aperçois par la fenêtre que tout est blanc. La neige arrive... Au beau milieu du mois de mars... On aura tout vu!
Un des dernier soir que je passe avec Nick, il allume un lampion chinois qui fonctionne comme une mongolfière. Il le laisse s'envoler dans les airs, monter lentement dans les étoiles et disparaitre, s'éteindre tout doucement. "Now, there is the Violette's star in the sky." dit-il.
Le dernier jour que je passe avec Nick, il m'emmène une voiture pour la dernière fois jusqu'à:
Ullapool. Une ville portuaire qui fait les meilleurs fish'n'chips. La ville se situe à 1h en voiture de Gairloch. Et pour y parvenir, il faut affronter le vent, la neige, le soleil, les cerfs, les maisons abandonnées, les faisans, les chèvres et les moutons...
Nous sommes retournés, avec Lily sa fille cette fois, au phare. Sauf que cette fois, il y avait un vent incroyable, contre lequel il était impossible de courir. Un vent qui nous entraîne loin et qui emporte avec lui ce qui nous est cher si nous n'y prenons pas garde. Un vent qui fait hurler les vagues en mettant en coère la mer, provoquant sa lente houle dévastatrice. Du sel sur les lèvres, une coupe de cheveux absurde, de la difficulté à ouvrir la porte de la voiture. La voilà, la tempête de l'Ecosse. Et voilà que le vent a tourné pour moi aussi...
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