samedi

* Gand . [25-280311] .

NINTH STOP:
GAND .

   A nouveau dans le train. Mais pas longtemps. La Belgique est bien plus petite que l Ecosse, il est plus aise et plus rapide de la traverser de long en large.

   A Gand, je prends un bus pour arriver jusqu a la maison de Caroline ma nouvelle CouchSurfeuse. En arrivant, je decouvre d abord de la musique a plus tube dans la rue, en provenance de leur appartement, avec un ouvrier sur le toit qui semble travailler ici depuis plusieurs heures... La porte est ouverte, j entre et je rencontre la timide Caroline. Elle me presente sa femme, Lynn. (Et oui, deux femmes qui se marient, en Belgique, c est legal...) et leur monstre gris (en realite un chat de 8 kg) Lucas. Elles sont tres gentilles et m accueuillent tres bien dans une charmante chambre chaleureuse. Leur appartement est sur deux etages, mais il y a un troisieme en renovation. Ce qui explique la musique et le type sur le toit...

   Friet Mammuth & Boulet. Cest le plat national flamand, parait il, qui consiste a une enorme barquette de frites marinees dans une sauce brune cuite dans de la viande, le tout asperge de mayonnaise bien grasse, accompagne d une grosse boulette de "viande" (on n est pas trop sur de ce que c est a l interieur, mais je crois qu il vaut  mieux ne pas le savoir...). C est gras, c est calorique, c est immonde a voir... mais c est bon. Et c est typique! (voila un inconvenient du nord, leurs plats traditionnels sont un poil moins attrayant que ceux de la Mer Mediterranee...)

   Les billets de bus, de tram et de metro en Belgique coutent 80 cents moins cher si on les prend dans la machine plutot que les demander au chauffeur.

   Le lendemain de mon arrivee, Caroline et Lynn me passent les clef de leur maison et m avouent qu elles vont etre loin toute la journee, pour diverses raisons. Mais ce n  est pas un probleme pour moi, je suis tres independante. Et meme plutot heureuse de pouvoir passer la journee tranquille jusqu au soir et ne pas avoir d heure de rentree.
   Me voila dans le bus en direction du centre de Gand. Je demande une carte, et j arpente les rues.

   Citadel Park. est un superbe parc presque fleuri ("J suis content, c est l'printemps" H.D. ...) dans lequel il y a d immenses musees.

   Le S.M.A.K. est le musee municipal d art contemporain. Il y a plusieurs expositions mais je flash sur le travail de Michael Sailstorfer qui, avec des objets banals, cree des concepts charge d une lourde critique contre la societe actuelle. J ai aussi ete tres touchee des terrorisantes peintures de Adrian Ghnie. Effrayantes, effroyables, montrant de maniere subliminale l horreur de la guerre et de la bombe atomique, a travers des figures saisies sur la toile sombre, salie, parsemee de quelques touches de couleurs violentes. Prenant... Mais magnifique...

   MSK Gent est le musee des Beaux-Arts de Gand qui expose toutes les merveilles belges (et pas seulement) du Moyen Age au 20eme siecle. Je me rejouissais de decouvrir toute une  partie du musee pour voir des toiles d Ensor, ou des mouvements symbolique, romantique, etc... mais quand je suis arrivee devant la salle, un type du staff du musee m a dit: "vous pouvez y aller. Mais c est sombre. Tres sombre. Et vous ne verrez rien..." Bref, c est un concept instaure par un artiste (veuillez m excuser, je n ai pas pris note de son nom et a present je ne puis plus le retrouver car le website du MSK est defaillant, je crois...) qui vise a regarder l obscurite. Alors voila, toutes les peintures que je tenais avoir, je les ai vues, mais dans le noir, en m aggripant a un type qui avait une canne d aveugle pour nous guider. Etrange experience, tres perturbante, meme... On traverse des salles imenses, sans pouvoir voir les oeuvres, en imaginant simplement l espace, Des portes, des fenetres se dessinent sur nos retines aveugles et je me laisse mener dans cette etrange ambiance de silence museal ou seuls les sons de nos pas et de la canne resonnent...

   Je reviens a pied a la station en traversant en sens inverse le Citadel park, en voulant prendre le tram pour aller en centre ville (j ai appris par la suite qu il etait a environ 10 minutes a pied depuis les deux musees...) Un type trop louche me suit, je le seme. Des gens etranges partout, je ne me sens pas tout af ait a l aise... Enfin arrivee a la gare, je me rends compte que j ai faim. J achete un falafel que je mange sur sur un banc, dans le hall de la gare. Une femme d un certain age, toutefois tres elegante avec ses enormes lunettes a soleil qui lui mangent le visage, s assied a cote de moi. Elle voit mon sac en forme de Jack Skellington et engage la conversation en flamand. Je lui reponds en anglais et nous parlons en anglais. Je lui parle un peu de mon voyage (elle m a demander ce que je faisais) et elle me demande si je suis deja allee a Paris. Je lui reponds "oui, deux fois, mais je vais y retourner cet ete". Elle est ravie pour moi, m explique qu elle a travaille plusieurs annees la bas. Je lui demande ce qu elle fait... Et je me rends compte que je viens de rencontrer une artiste peintre flamande, Lut Lenoir. On parle un bon moment, elle est contente de savoir que je vais etudier l histoire de l art. Et puis, aussi etrangemment qu elle est arrivee, elle s en est allee...

   Un peu troublee, je finis de manger et je pars a la recherche du tram... Je demande a deux jeunes locaux qui n ont pas tellement l air d etre plus au courant que moi... Apparemment, a cause des travaux, tout a ete chamboule... Pour finir, apres une heure perdue, j arrive au centre. C est grand, c est bonde, il y a du monde partout. Cette ville est electrique, frenesique. Quelque chose m echappe. Elle glisse, je n arrive pas a la cerner, la saisir, la comprendre et m y sentir bien. Je ne m y sens pas en securite. Peut etre que c est moi qui pars dans des delirse paranoiaques. Plus d un mois et demi que je suis bringuebalee par la vie, par le voyage, et le temps continue de passer sans que je ne cesse de vivre, Plus de points de reperes, plus de capacite d adaptation. Cette ville fait resonner en moi quelque chose que je ne comprends pas. C etait comme si un non-dit geant s etait epris de l essence de la ville, cette essence que je cherche et que je ne trouve plus. Gand la ville sans ame... Et pourtant... Elle en a vecu, des choses!!
   Je vois Gand Beige. Et ce n est pas une couleur qui m attire. La ville elle meme est belle, c est vrai. Mais l atmosphere et lourde et inquietante. Ses habitants aussi, sont tres etranges...


   Je visite l Eglise Saint-Nicolas, qui se trouve vers le Beffroi et l Eglise Saint-Bavon. Ces trois immense monuments sont le symbole de Gand, non seulement parce qu ils ruisselent d une richesse architecturale, artistique et royale, mais aussi parce qu ils representent le coeur de la ville. L Eglise Saint-Bavon est un tresor de peintures. Nous pouvons y trouver une oeuvre importante de Pierre Paul Rubens et evidemment.. "L Agneau mystique" des freres van Eyck... Pour le voir, il faut payer 4 euros. A ce prix-la, je vais prendre mon temps... J entre dans la petite chapelle ou il est place. "L Agneau mystique" est en fait un polyptique de l adoration, composer de 12 panneaux dont 8 ont un verso. Cette oeuvre est ce qu on peut qualifier du paroxysme de la perfection en matiere de peinture flamande du 15eme siecle. Et je reste 45 minutes devant l immensite de cette oeuvre. J observe chaque detail, chaque couleur, chaque expression des personnages, malgre la vitre qui me separe de l oeuvre. La matiere des habits semble si relle, les ombres sur les corps, les visages qui semblent vouloir parler. Tous ces personnages meles qui ont tant de choses a raconter. Et l histoire de ce tableau est plutot incroyable... Il a ete fini par les freres Hubert et Jan van Eyck en 1432 et depuis, il n a pas cesse d etre bringuebale, cache, vole, vendu, separe, retrouve, remplace, deplace... Pendant 579  ans, il a ete disloque et a voyage dans plusieurs pas, toujours epargne du feu... Et le voila aujourd hui, presque entier, si ce n est qu un des panneaux n est pas l original. Le voila dans un aquarium, a l abri des mains cleptomanes, enferme dans une petite chapelle armee de multiples cameras de surveillance. Fascinant, la valeur qu il porte. Et je me plais a imaginer les voleurs qui se sont empares du panneau "Les Juges Integres" en 1934, creant la plus grande affaire criminelle irresolue en Belgique... Ledit panneau a d ailleurs ete remplace en 1945 par une copie faite par le peintre van der Veken.

 Je ressens comme un manque a l interieur de moi... Je ne saurais dire quoi... Alors je suis mon instinct qui me mene dans une boulangerie pour acheter un gateau flamand (dont le contenu reste inconnu, mais enfin bon, c etait mangeable). Il y a deux types qui bavardent avec les vendeuses. L un d eux s ecrie en anglais "Attention! Il y a quelqu un derriere toi!" J avais bien compris qu il parlait de Jack. Mais je n avais pas envie de laisser filer cette tentative d entrer en contact. Je me suis retournee, j ai hausse les epaules et je l ai regarder, en lui demandant ou est ce qu il y avait quelqu un. Il a ri.

   Une rencontre qui debute sur l humour est toujours une bonne rencontre.

   L autre gars, Jimmy, m offre une biere et on parle en francais. Mais Jimmy doit partir. Stefan, ca fait deux heures qu il dit qu il va rentrer, mais finalement il prefere me faire une petite visite guidee de la ville de nuit. Ce que j accepte. (oui c est un inconnu. Oui je suis a l etranger.Oui il est de 22 ans mon aine. Oui je prends des risques. Mais il ne m a pas propose de bonbons empoisonnes, alors je me dis que je peux lui faire un peu confiance... Non?...) Il m emmene dans un bar pour me faire gouter une Westmalle, une biere blonde trappiste bien chargee. On va regarder un concert catholique sur la place Vrijdag Markt, pres d un petit feu de bois pour se rechauffer un peu (deja que je lui ai prete ma veste pour ne pas qu il meurt d hypothermie devant moi.... Oui je sais, j ai une petite manie de toujours preter ma veste... ahem...) On parle beaucoup et on decouvre beaucoup de points communs, comme la fascination pour l art et le surrealisme. On passe un bon moment, et puis je rentre.
   Je rentre contente. Car mon manque a disparu. C etait un manque de contact et d rencontres. J ai suivi mon instinct. Il m a menee la ou j ai pu trouver ce dont j avais besoin; du contact, de l ecoute, du partage.

   Livekaai est une petite place au bord du canal de Lieve, borde de saules pleureurs. Tranquille endroit ou il est bon de se retrouver au calme, en couple ou pas...

   Le S.T.A.M est un nouveau musee installe dans une ancienne abbaye, qui raconte toute l histoire de la ville de Gand de l age de pierre jusqu a nos jours. Caroline et Lynn avaient envie d avoir une bonne excuse pour aller le visiter. Je les ai accompagnees. Et c'est tres interessant et tres complet! Il montre des objets archeologiques, des tableaux, des maquettes minutieuses et fideles a la realite. Il y a meme une salle entiere dont le sol represente une photo geante de la ville prise d un satellite. Il y a une petite salle qui parle du tableau des freres van Eyck. Inutile de vous dire combien de temps je suis restee dedans...

   En Belgique, il y a des Nightshops ouverts toute la nuit. Ils y vendent de l alcool, des cigarettes et de la bouffe malsaine. Pratique pour les debuts de soirees, quand on a soif avant de sortir, et les fins de soirees, quand on a un petit creux avant de rentrer...

   Portus Ganda, est un port situe la ou les deux fleuves principaux, la Lys et l Escaut, se rejoignent. Ganda est en realite l origine du nom de la ville.

   La Place Saint-Pierre. Il y a la Kermesse en Gand ce week end. Du monde partout, des attractions, des gaufres...

   La tour des livres est la plus grande bibliotheques universitaire qui garde environ deux millions de livres et creee par l architecte belge Henry van de Velde. Malheureusement, je ne peux pas entrer car c est ferme...

   Experience fantomatique.
   En attendant le bus pour rentrer, j apercois une fille qui monte dans un autre bus. La peau assez matte, une bouche pulpeuse, de grandes lunettes noires, des cheveux bruns fonces, avec des meches eclaircies par le soleil, des mains robustes, carrees, magnifiques, des poignets larges, entoures de multiples bracelets... J ai l impression de voir Emanuelle... Comme elle etait. Il y a deux ans. Toute vivante et fraiche. Avant l accident... Je la fixe, sans me rendre compte, sans pouvoir me remettre de ce choc visuel. A force de penser a elle en ayant vu la mer du Nord chaque jour, en etant sur la terre belge depuis une semaine, (car la premiere fois que je suis venue ici c etait avec elle), j ai le sentiment etrange de la voir se materialiser devant moi. Elle me regarde. Je la fixe. Je percois son malaise a travers la vitre. Elle doit se demander pourquoi je la regarde comme ca. Elle doit me trouver bizarre et un peu folle. Si j etais a sa place et que je decouvrais quelqu un qui me fixe les sourcils fronces, j aurais peur. Mais pourtant, moi qui la regarde avec insistance, je n ai aucune idee malsaine derriere la tete. J ai juste le sentiment... de voir un fantome. L esprit d une ame devenue Ange qui me regarde depuis les nuages et se rit de moi, petite nostalgique d une epoque perdue...

   A Gand, les toilettes publiques pour hommes sont un mur en verre teinte.

   Les gens que je rencontre durant mon voyage ne comprennent jamais pourquoi je n ai aps envie de vivre en Suisse. Ils comprennent encore moins quand je dis que j qime leur pays. Ce qui ne nous appartient pas et definitivement toujours plus attrayant... Je pense qu on pourrait en faire une loi unvierselle, avec quelques exceptions qui confirmeront la regle...

   Voyager est fatigant. Je tente parfois, quand j en ai encore la force, de courir apres le sommeil pour le rattraper. Mais c est peine perdue...

   Le dimanche soir, quand je rentre chez Caroline et Lynn, je decouvre une de leur amie, Mandy, qui avait besoin de parler avec elles. Je n ose pas trop m incruster dans la conversation. Mais Caroline et Lynn decident de se coucher. Et Mandy semble curieuse de me connaitre. Voila comment rencontrer une fois de plus ce genre d artustes fabuleux qui semblent tout comprendre sans pouvoir dire comment... Elle a le double de mon age, parle francais, me fait penser a une actrice dans une serie et pourtant, nous sommes sur la meme longueur d onde emotionnellement parlant. On parle pendant des heures, elle me parle de sa vie et je lui parle de la mienne. Elle est une femme qui, elle aussi, a vu ses illusions s envoler les unes apres les autres... C est etrange, cette rencontre ephemere. Ce partage, encore une fois! Cette decouverte de l autre qui s ouvre a soi et se devoile sans pudeur. Et c est beau, en fait, de se dire que cette rencontre ne sera bientot qu un souvenir. Un souvenir magnifique... car plante dans le moment present!

   Le vent tourne a nouveau.

   NEXT STOP;
   BRUXELLES !

2 commentaires:

  1. Mais qu'est-ce que t'avais à chercher dans les toilettes publiques pour homme aussi? :p

    à tout bientot, le pizzaiolo slovène

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  2. Rubens ! :D J'en ris encore quand je repense à notre guide ultra sexy ! :D Et la madonne... La madonne ! Regarde partout :p Tu fais remonter mes souvenirs là. Je sens encore les blessures que j'avais à force de me mordre pour ne pas rire.

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