dimanche

LA HAYE _ DEN HAAG _ THE HAGEN . [ 26-280411 ]

15th STOP: 
LA HAYE .

   Tammy ma couchsurfeuse vient me chercher a la gare. Elle est un veritable rayon de soleil!! On se ballade dans les rues, on boit des bieres et on parle enormement de divers choses. We are definetly on the same wavelength.

   La Haye est froide, a cause du vent qui souffle depuis la mer du Nord.

   Escher in Het Paleis. U musee consacre au graphiste neerlandais Maurits Cornelis Escher. Son travail est, a mon sens, le paroxysme du paradoxe et de l insaississable en matiere de visuel. Il travaillait des lithographies ou des woodcuts, creat des images impossibles, des motifs qui se forment et se transforment dans une harmonie et une precision parfaites. Mondes a l envers, psychedelisme d assemblages impossibles, merveilleuse manipulatin des perceptions visuelles. Troublante exposition amenagee dans le palais d hiver de la Reine Mere Emma, vieux de 200 ans et decors de lustres originaux et gigantesques, crees par l artiste Hans va Benthem.

   Mauritshuis. Immense musee presentant les meilleurs chefs d oeuvres des peintres neerlandais du 17eme siecle. J ai pu y admirer avec un plaisir et une delectation non dissimules le portrait de ''La fille aux boucles d oreilles en perle '' de Vermeer. Il y a aussi une exposition temporaire sur l artiste Jan Steen dont le travail humoriste et satirique est exceptionnel. Il y avait un guide audio gratuit, alors j etais contente! [il en faut vraiment peu pour etre heureux...]

   Gemeente Museum. Musee d art geant pres de la plage de la Haye. Il y a une expo merveilleuse sur James Ensor, le celebre coloriste flamand qui a contribue a la naissance de la peinture moderne. Je crois qu il etait vraiment un genie... Ses peintures sont tellement fortes, emotionnelles, une cacophinie de couleurs qui s emmelent et s epousent violemment, harmonieusement. Ensor etait fascine par les masques asiatiques pour la pluart, et s en inspire pour peindre des silhouettes masquees, etranges, grotesques. A travers le saisissement de ces masques sur la toile, Ensor peint paradoxalement la vraie nature de l humain, si absurde, cruelle, moche et malicieuse. En 1914, il a meme ete proclame Prince de tous les peintres et en 1924, pour l ouverture de sa retrospective au Palais des Beaux Arts de Bruxelles, il a compose, ecrit et cree les costumets d un ingenieux ballet de son invention ''La gamme d amour''.
Une eptite salle de musee montre des peintures majeurs de Picasso, comme ''La femme au Coset qui lit un livre''. Je decouvre nombreux peintres neerlandais du style romantique et je crois qu au niveau des emotions a travers les choses simples de la vie, ils sont definitivement les meilleures...
Retrospective de Laszlo Moholy-Nagy, artiste hongrois, pratiquant le cocept du photogramme, photographe et peintre.
Une ultime partie du musee presente divers travaux contemporains et des oeuvres geantes de Robbie Cornelissen dont l essence de son art prend racine dans de fascinants decors de science fiction.

   V.I.P. Koffie est un restaurant italien ou j y bois un vrai caffeelatte. Honneur a a very important person. =)

   Le temps tourne deja. Petite escapade a la Haye pour une orgie museale. Je ne suis pas decue, je suis rassasiee. J y ai meme rencontree une magnifique personne que j espere revoir tout prochainement...

Le vent tourne deja.

Next stop: UTRECHT !

UTRECHT . [ 280411-020511 ]

16th STOP :
UTRECHT !

   Vera vient me chercher a la gare. On rentre chez elle. Ellea une chambre d´etudiant dans une maison qu'elle partage avec plusieurs colocataires qu'elle en voit jamais. Elle et moi avons la flemme de cuisiner alors elle me fait une visite guidee de la ville (qui ruissele, malheureusement pour moi, de magasins vintage superbes et pas chers...) L'ambiance de cette ville me plait deja.

   ACU. Restaurant vegan qui organise des soirees alternatives et des meetings politiques pour jeunes et qui embauche des volontaires. Le souper est particulier, et pourtant si bon. Le cadre est tres chaleureux, les gens aussi. Il aspire a la conversation serieuse.

   En realite, j'ai contacte Vera sur Couchsurfing parce que tout le monde me disait de visiter Utrecht. Et sur son profile, elle a ecrit qu'elle veut changer le monde. ca m'a parle. Elle a ete la seule de toutes mes demandes a me repondre. La vie est definitivement bien faite.

   Comme Vera travaille, j'explore la ville toute seule le premier jour. Je voulais faire le tour du centre en marchant au bord du canal mais j'ai pris le faux chemin et je me suis retrouvee quelque part dans la nature... J'ai mis un moment avant de comprendre que le centre etait definitivement dans l'autre direction... C'est pas grave, au moins j'aurai pris l'air.

   Domkerk. Tres belle eglise avec une magnifique cour et un jardin encadre d'arches gothiques. Je m'y pose un instant pour ecrire. Un homme commence a jouer de l'accordeon - c'est tout simplement grandiose et tres profond, la musique s'accorde parfaitement avec le decor gothique...

   Ce que j'aime a Utrecht, c'est que c'est comme Amsterdam, mais sans les cotes positifs. Sa couleur est le jaune poussin, teinte d'un peu d'orange, qui aspire la joie et la tranquillite a la foi. J'aime simplement me balader au bord des canaux, boire un verre sur une terrasse a cote du canal, me perdre dans le dedale de ses rues minuscules. Cette ville est etrange car je n y ai aucun sens de l orientation... Je m y perds facilement, m y retrouve aisement en suivant toujours la plsu grande tour d environ 115 metres de haut, imposante, qui veille sur la ville et ses habitants.

   dans les Coffeeshop neerlandais, on n y vent pas de biere ni de cafe.

   Je retrouve Vera quand elle a fini de travailler. On cuisine quelque chose de delicieux qu'on deguste sur sa terrasse. Et les conversations s'ebranlent. Et les arguments s ebrouent. Et nous discutons des manieres de sauver le monde.

   Deux de ses amis, Henry et Sanne, nous rejoignent. Il est tres grand, tres mince, imposant, avec ses tatouages. Elle est toute petite, un peu potelee, adorable avec ses cheveux rose petant. (Vera avait peur de me les presenter, en pensant que je la prendrais pour une folle d'avoir des amis aussi etranges... Elle devrait rencontrer mes amis et comprendre qu' ''il est important de prendre au serieux la folie'' [Mathias Tuosto]...)
   En realite, ce soir, cest la Queensnight, la nuit qui precede la Queensday. Tous les Neerlandais du pays font la fete dans les rues, les gens posent des tables devant leur maison et vendent tout ce qui traine dans leur grenier, les gens dansent dans les rues et chantent depuis leur balcon, il y a des concerts, de la musique partout et tout le monde brandit le drapeau national tricolor et se vetit du orange le plus exuberant possible. On sort tous les quatre errer dans les rues bondees de gens. Vera et ses amis veulent absolument m'offrir quelque chose a emporter avec moi pour la suite de mon voyage. Une femme en furie nous tombe dessus en voulant absolument me vendre des taies d'orailler pourvus d'une fermeture eclaire, assez inutile en voyage... Elle abandonne et veut nous fourguer deux toiles peintes d'une sorte de paysage egyptien etrange. Je refuse toujours, pas tres pratique dans le sac a dos... La femme completement dingue a alors l'idee merveilleuse de mettre les deux toiles dans une des tailes avec l'autre, et de vouloir nous vendre tout cela pour 4 euros. C'etait carrement a mourir de rire, en realite... Un peu plus loin, une autre folle veut me vendre une de ces boites cylindrique pour gateaux neerlandais. Je lui explique qu'en mode backpacking, c'est pas super pratique... Elle me suggere de ranger mes chaussettes dedans. Je ne reste pas tres convaincue... Sanne finit par m'offrir un guide neerlandais pour apprendre le francais. C'est un bon debut, avec les feuilles que Vera m' a imprimee pour savoir les bases de la langue... Je risque de m'y mettre tot ou tard...
On passe la nuit a danser comme des dingues dans les rues. Et puis on finit dans un bar qui passe de la musique pourrie. Sanne parle a tous les policiers qu'elle rencontre. Elle dit que c'est toujours bien d'etre amis avec eux, comme ca, s'il y a un probleme, ils peuvent aider.

   The Queensday est une fete nationale pour celebrer l'anniversaire de la reine qui preceda la reine actuelle, Beatrix. La date n'a pas ete changee car l'anniversaire de Beatrix tombe un 31 janvier, et du coup, pour faire la fete dans les rues, c'est moins drole...  La journee, Vera et moi nous balladons dans les rues toujours bondees. Les gens tentent toujours de vendre leur breloque. On rejoint tout un groupe d'amis en ville, on mange tous ensemble, on marche, on prend le temps, le soleil, la belle vie. Finalement, Vera, son copain Siemen et Marte (une amie a eux) et moi rentrons dans la chambre de Vera pour preparer a manger. Nous passons la soiree a ecouter de la musique et deguster la grappa de mon pere (quels alcooliques, ces jeunes...) et a discuter totue al nuit. On a fini par faire une bataille de coussins, comme des gamins. J'ai appris quelque chose cette nuit-la: le pillow-fight est un sport que je conseille a quiconque a un coup de barre...

   Le dimanche, je suis censee aller a Groningen. Malheureusement, Sjors mon Couchsurfeur est encore a Amsterdam pour visiter une amie. Il veut que j y passe pour prendre les clefs et aller seule a son appartement. Mmh... Ca me parait un peu complique. Vera me propose de rester une nuit chez elle. Mais pour finir, on retourne a Zaandam chez Siemen car il a prevu de faire un barbecue avec ses amis. Je trouve l'idee sympathique, bien que paradoxale pour une vegetarienne, c'est pourquoi Vera et moi allons aussi faire les courses pour se faire un festin de legumes et de steak sans viande (c'est fou ce que ca ouvre les esprits culinaires, ce mode de vie...) Le resultat est plutot merveilleux. Un cygne nous harcele pendant le repas. Et puis les gens s en vont.

   Le lundi matin, Vera se leve tres tot pour aller travailler. Je me reveille pour lui dire au revoir. J'espere la revoir bientot... Siemen s'en va aussi. Je reste seule dans la maison toute vide. Et je rassemble mes affaires, une fois de plus, pour partir.

   Le vent tourne deja.. Parfois trop tot, je dirais... Et puis la vie est trop bien faite finalement...


 N E X T S T O P : GRONINGEN !

  



samedi

* GRONINGEN . [02-080510] .

17th STOP :
GRONINGEN !

Aux Pays-Bas, l'avant des trains ne va pas dans la meme direction que l'arriere du meme train.

   J'Arrive a Groningen et prends le bus pour aller chez Sjors. Il vient me prendre a l'arret de bus. Il habite dans un appartement en colocation avec deux autres etudiants. Sa chambre est tres grande, il peut aisement y etaler son materiel de peintre. On sort faire les courses et on prepare un bon repas qu'on mange en regardant le film ''Modigliani'', sur le vie du peintre heponyme. Magnifique, tristissime, la beaute de l image melee a celle de la musique... Bref, splendide. Ses peintures, que je ne connais pas tres bien, sont d'une sensibilite rare...

   Sjors me montre ses tableaux - simples, emotionnels, magnifiques. Des nus, pour la plupart. des silhouettes sensuelles, subliminales, dont les courbes sont evoquees par des ombres colorees. Je lui souhaite de pouvoir un jour vivre de sa peinture...

   Je suis tres fatiguee ces temps. Le voyage epuise et demande beaucoup d'energie. Mais je reste bien trop heureuse d'etre la ou je suis.

   Sjors et moi allons en bus en ville. Il me fait une petite visite guidee de la ville en me montrant le batiment de l academie universitaire, la Aa-kerk, la Martinikerk. On passe a l'office du tourisme pour acheter une carte de la ville. Et on va boire un cafe au Coffee united, une chaine ou on peut boire un vrai bon cafe en observant les gens par la fenetre du premier etage. Le serveur, en preparant mon cafe latte vanille, me demande de souffler dans la tasse avant qu il ne verse le lait. Il me dit que le motive qui apparaitra sera ce que je ressens pour Sjors. C' est un coeur qui est apparu. C'est adorable! Et ca fait sourire...

   Sjors part au travail. Je me retrouve enfin seule. Je marche dans les rues en ecoutant de la musique. ca fait du bien...

   Les Neerlandais disent bonjour et au revoir a leur amis en leur faisant un smack.

   Martinitower est le point le plus haut de al ville (97 m). J y monte et decouvre un magnifique panorama de la ville. En plus, il fait beau et comme le pays est bas, je vois loin.

   Martinikerk. Grande eglise tres sobre qui detient un des plus monumentaux orgues baroques du monde. J y suis restee tellement longtemps que la femme a l'accueuil m' a enfermee dedans...

   Et puis je marche encore dans les rues jusqu au grand park a l'autre bout de la ville, ou tout le monde a l'idee d'y faire son jogging. Je decouvre aussi Prinsen Garden, un petit jardin tres intime, un peu le jardin de Versailles en miniature ou il est bon de juste se poser pour respirer, ecrire, rever sous le soleil.

   Le kult est un cafe bar kytch, alternatif et sympa ou Sjors travaille. Ce soir la, il y a une soiree loto. Dommage que je ne sache pas encore les nombres en neerlandais...

   Dans les coffeshop, aux Pays-Bas, ils ne vendent ni cafe, ni biere.

   En realite, tres peu de Neerlandais fument des joints.

   Les etudiants des Pays-Bas recoivent un abonnement de train pour voyager gratutiement soit les jours de la semaine, soit le week end et quiconque voyage avec un etudiant beneficie d un rabais de 40% sur le prix de son billet.

   Groningen Museum. grands batiments que je qualifierais de ''a la masse'' car completement decales et incongrus, en face de la gare. Les expositions temporaires sont:
-   "Russia's Unknown Orient", presentant de nombreux chefs d oeuvres orientaux de la fin du 19eme siecle jusqu au milieu du 20eme. J y decouvre des artistes dont je n avais jamais entendu parler et qui pourtant, peintres comme photographes, valent la peine d etre connus! Par exemple, Vasily Vereschchagen a ete le temoin de guerres terrifiantes qu il a immortalisees sur la toile (un monsieur vient me parler et se demande la meme chose que moi: est ce que le peintre s est vraiment assis devant tous ces soldats qui ont transforme le paysage en boucherie sans que personne ne le touche lui? Nous en avons conclus qu il avait beaucoup d imagination...) Je suis submergee par les forts tableaux tres sombres et purs de Niko Pirosmanasjvili. L oeuvre "Feast" montre un festin entre hommes enturbanes au regard si noir et penetrant... Ils me rappellent une video que je regardais toujours etant petite, un hommage au compositeur Rossini qui consistait a decrire sa musique avec d etranges personnages animes et colores. Pour une des pieces, il est question d une course poursuite endiablee entre des hommes enturbanes dans un harem...
-   Pour acceder a la partie plus contemporaine du musee, il faut traverser un couloir rose avant de se faire accueillir a un croisement par uen sculpture satirique de Bernhard Willem et Jutta Krauss, faite de mannequins fringues de maniere coloree avec des masques en squelette qui tiennent chacun un bedo geant dans un champs de Marijuana..
-   "Highlights of the collection" presente les neoimpressionnistes de Groningen et des series de portraits photographiques de notre temps, mis en parallele avec des portraits hollandais du 17 et 18 eme siecles. La comparaison est interessante et l evolution plus qu impressionnante...
-   Il y a a l etage une expo sur des pieces et services en argent. Mais je ne suis pas vraiment interessee. Cependant, le decor est intrigant, comme un labyrinthe forme par des rideaux de voiles autour des vitrines qui scintillent.
-   Il y a une salle un peu etrange, dans laquelle je suis entree par curiosite et sans comprendre ce que cette salle faisait la... Bref. Le parquet bicolor serpente le sol en creant une illusion psychedelique, les vitraux arlequins encadres de rideaux en carton egayent la piece en plus des multiples appliques en forme de sein (ou de condoms gonfles d eau, je n ai pas vraiment reussi a identifier...), le comptoir en bois est incruste de figurines plus claires de divers anatomies squelettiques... Bref, le tout est absurde, comme tire d un conte de fees. Et evidemment, j adore...
-   "Me, myself a nd I" est la premiere exposition en solo a l etranger du photographe chinois Chi Peng. Il expose une serie de photographies format geant, temoins d un narcissisme marque par la politique de l enfant unique dans son pays natal. Ce temoingnage est profondement marques notamment dans sa serie de photographies "I fuck myself" qui presente lui meme en relation sexuelle avec... lui meme. L illusion est troublante et particulierement bien faite. Ses autres photos sont comme tirees d un songes, melant des traditions chinoises a l urbanite du 21eme siecle, ou des hommes nus courent pour rattraper quelque chose ou fuir, des personnages disproportionnes semblent s etre perdus dans la Chine urbaine. Tous ces paysage me rappellent mon voyage a Pekin, l ete passe. L espace d un instant, je me rememore cette ambiance brumeuse, accablee par une chaleur humide.
-   Othila Verdurmen presente sa version du Phoenix. Un enorme oiseau bariole et psychedelique, qui, statique, semble danser sur une musique etrange. Malheureusement, il est trop tardp our que je puisse voir la projection qui y est liee.

   A 20h00, le 4 mai, tout le pays est sous silence pendant 2 minutes, pour faire honneur aux Neerlandais morts durant la 2eme Guerre Mondiale. Un silence profond. Troublant. 2 minutes ou tout s arrete, tout se stoppe, tout se bloque et les memoires se plongent dans l horreur et le souvenir de la mort, de la betise humaine et du regret d etre aussi cruel. Et puis, les choes reprennent leur cours normal, soudainement...

   Le 5 mai, c est le jour de la Liberation du pays. Toutes les villes sont en fete, a nouveau. (Oui, je dois avouer que les Hollandais savent vraiment faire la fete...) Sjors veut revenir sur Amsterdam pour voir une amie a lui qui est tres malade. Je ne sais donc pas tellement ou feter ce fameux jour... Et puis Vera m ecrit, je ne suis pas difficile a convaincre, et je me dis que ce serait une bonne occasion de la revoir une derniere fois...

  GO BACK TO UTRECHT .

   Je retraverse le pays avec juste un sac. Je laisse mon gros backpack chez Sjors. Il ne sait pas combien de temps il va rester a Amsterdam car dans quelques jours, sa copine revient d un voyage de 6 mois en Australie et je peux comprendre qu il veuille passer du temps avec elle... Il me donne la clef de chez lui. On se quitte dans le train.Je le prends dans mes bras pour la derniere fois. J'adore cet homme, si touchant, si gentil, si doux.. Et j'espere garder contact avec lui. car peindre son portrait serait peindre l Allegorie de la Gentillesse.

   Les Neerlandais ont une certaine obsession de la nourriture biologique et organique.


   Je debarque de nouveau a Utrecht. Je me sens soudain debordante de joie. Je crois qu au fond, j aime vraiment cette ville. Je me rends sur le site du Festival pour la journee Liberation. C est tres grand et bonde, evidemment. Je fais un tour toute seule, profite d un falafel, d une petite biere, de faire le tour des stands, de la petite ferme pour voir les divers animaux, d ecouter les divers concerts (la plupart des groupes hollandais, mais je sais que dans d autres villes, des artistes assez fameux comme Kate Nash ou Ben L Oncle Soul se donnaient en public). Vera m appelle quand elle arrive. Elle travaillait. Elle a rencontre sur le chemin deux gars alors on reste avec eux. Et puis, ils nous paient des bieres, bien que leur conversation ne soit pas tres interessante. Et soudain ils partent chercher des jetons (oui car il faut acheter des jetons pour pouvoir consommer, ce qui est plutot un piege a la consommation, mais bon, c est tout de meme bien pratique) et ils ne reviennent plus.
  Je passe la soiree avec Vera. Discuter pendant des heures encore et toujours sur le moyen de sauver le monde. Deguster des poffetjios, sortes de mini crepes, parce que c est une specialite et c'est bien trop bons et caloriques. Rire et se transformer en panda parce que le maquillage coule a cause des larmes. Se coucher dans l'herbe et refaire une ultime fois le monde. Danser sur la musique des groupes si farfelus. Commenter chaque personne qui passe. Et le temps passe aussi. Bien trop vite, comme toujours.
   On finit par rentrer chez elle pour dormir car le lendemain elle travaille.

   Le lendemain, je vais au musee, chose que je n avais pas eu le temps de faire lors de mon premier sejour la bas. Sur le chemin, je decouvre une petite galerie d'art d un artiste, Herko van Eerden. J'aime beaucoup son travail, principalement des collages absurdes et de la peinture. On parle un peu. Et puis je poursuis ma route.

   Centraal Museum.
 -   Robbie Cornelissen. J entre a nouveau dans le merveilleux monde du graphiste neerlandais amoureux du crayon. Au debut de l exposition, il y a de grands ecrants montrant en gros plan un visage d enfant qui court. Le son de sa respiration essoufflee emplit le couloir. L atmosphere est angoissante, presque etouffante. J entre dans le monde de Cornelissen... Et j y decouvre des dessins gigantesques de son paradis de science fiction. Je suis impressionnee. Meme fascinee par le soin des details, de la precision du crayon. Une oeuvre est uen evolution de dessins projetes sur un mur qu il faut regarder en ecoutant grace a des casques de la musique electronique. L effet est troublant, angoissant. Une autre oeuvre de Cornelissen consiste a avoir colorie au crayon noir une enorme boite. De loin, la surface semble homogene. Mais de pres, chaque coup de crayon est perceptible. L artiste a repris ce concept , mais en format encore plus grand, en dessinant plus de 10 000 lignes au crayon sur une surface en papier de 4x17 metres. Cette oeuvre a ete cree a l aide d assistants durant les quatre premieres semaines de l exposition.
-   Art moderne. De nombreuses oeuvres du mouvement De Stijl sont exposees, parmi lesquelles une chaise de Rietveld.
-   Art ancien. L expo presente "Utrecht dreamers of Rome". j y decouvre de grands maitres hollandais du 17eme siecle comme Saverij et Jan Davidz de Heem qui ont ete les plus importants exposents de nature morte. La nature morte a toujours ete un genre qui ne m as pas trop interessee car je le trouvais ennuyeux et inutile. Mais en me penchant sur les natures mortes hollandaises, si precises et si reelles, avec le reflet du peintre et du chevalet dans le vase en verre, et tous les petits details des fleurs, des fruits, des petits animaux qui s y cachent, je trouve ce genre fascinant. Si je me concentre sur un tableau, j entre dedans et j entends le bruit des fleurs qui se fanent, le son des insectes qui mangent le bois des meubles et les fruits, le cri des raisins qui pourrissent... La nature morte est de plus la plus belle metaphore de la vie: tout n est la que pour s epanouir, et puis mourir. Et ce qui reste, c est la Beaute d ici et maintenant, avant que la mort ne l emporte.

   Dick Bruna Huis. Musee consacre a l artiste Dick Bruna, createur d une series de livres pour enfant des plus fameuses, qui racontent les aventures de Mijntje le lapin. Les dessins de Brunas ont tres simples et precies, et pourtant, ils sont devenus une icone mondialement connue.

   Ma vie en voyage est un peu comme ces films d action ou le heros trouve toujours comme par hasard ce dont il a besoin dans la situation la plus improbable.

   Parfois, je me demande comme tout peut bien se produire. Je me demande qui gere le monde pour le faire si beau et si bien. Je me demande aussi si c est vraiment humain de ressentir toutes ces emotions a la fois, d etre dechiree par la contradiction et de passer de l etat vague a l ame a l euphorie metapsychologique...

   Un Neerlandais qui a 50 ans, on dit qu il a rencontre Adam.
   Une Neerlandaise qui a 50 ans, on dit qu elle a rencontre Eve.

   Vera me rejoint quand elle a fini de travailler. On va jouer au billard avec des gens que ni elle ni moi ne connaissons. Et puis nous allons tous boire un verre. Et puis tout le monde s en va et nous rentrons.

   Le samedi, le copain de Vera vient la chercher pour l amener chez ses parents. Je dois aussi y aller.

   Il y a des gens comme cela, qu on attend de rencontrer depuis longtemps et qu on ne veut soudain plus quitter..

   Je prends le train toute seule pour Groningen.

   Dans les trains neerlandais, l acces a Internet est gratuit.

   De retour dans la ville Orange pale, j achete uen barquette de fraises que je mange dans le prinsengarden. Et puis je vais au McDo biologique, eat2be, pour manger un menu vegetarien 100% organique. Ils ont tout compris, ces Neerlandais...

   Je rentre chez Sjors. Je suis toute seule dans sa chambre. Je regarde "Y tu mama tambien" qui n est pas aussi bien que je m y attendais.

   " La vie, c est comme les vagues, alors donnez-vous comme dans la mer." Y tu mama tambien.

   Le lendemain, seule, j embarque encore une fois mes affaires. Cette fois, ce sont les Pays-Bas que je quitte. Bien que je voudrais y rester. Mais le vent a tourne, je crois. Et il vaut mieux que je parte au plus vite.

   NEXT STOP : BREMEN !

vendredi

* BREMEN . [08-110511] .

18th STOP :  
BREMEN
[Deutschland]


      Je debarque en Allemagne du nord pour la toute premiere fois.

   Arrivee a la gare, je me mets en quete de mon auberge. Apres un mois intense en emotions aux Pays-Bas, je ressens le besoin de m avoir pour moi toute seule le temps d une nuit, pour reflechir, ecrire, penser, respirer. Je me trouve dans la rue de mon auberge, mais jen e la vois pas... Alors je les appelle. Ils me demandent ou je suis. Je leur reponds dans la rue An der Weide. Ah mais c est la rue de l auberge! Alors ou etes vous?!... Apres avoir parle en allemanglais a 3 personnes differentes, je comprends que je suis juste devant la porte... Masis bon, il n y a pas de panneau ecrit en grand HOSTEL POSTY comme dans toutes les auberges de jeunesse du monde, alors forcement, c est confus... Je monte les escaliers, presque en train de mourir sour le poids de mon sac que je porte deja depuis 45 minutes en traversant une seule rue inutilement. Mais je leur pardonne tout, la receptionniste est adorable. Je paie et decouvre ma chambre. Je suis toute seule, tout est propre, immacule, je me sens bien.

   Je me prepare pour sortir. Je marche au Hasard et decouvre deja la statue des 4 musiciens tires du conte des freres Grimm. Je me perds dans le vieux quartier Schnoor, un quartier tout chou, avec de tres, tres vieilles maisons, des magasins en tout genre, tout petits et intimes. Je vais au restaurant Hofbräuhaus Bremen et je deguste un vrai plat typique avec de la viande, pour faire honneur a deux Anges carnivores qui sont quelque part en Suisse.

   Bien rassasiee, je me ballade au bord du Weser, sous le coucher de soleil qui dessine l ombre de lointaines eoliennes. J aime Bremes et sa vieille ville. Ses ruelles poussiereuses au charme excquis. Je vois cette ville Rouge brique teintee de bordeau, la couleur du vent qui balaie ses rues, la couleur de la crete du coq quand il passe a l ane.

   C est la fete des Meres. Bonne fete maman. Je ne suis pas vers toi mais je pense a toi, tres fort...

   Je rentre assez tard a l auberge. Il n y a personne a part ceux qui la tiennent. Je peux utiliser l ordinateur sans payer. Et puis, apres avoir fait le steak de nombreuses heures dans mon lit a cause d une drole d insomnie, je m endors enfin.

   Le petit dejeuner est gratuit. Il y a a disposition une petite cuisine, du pain, de la confiture, du cafe. Tout est propre, meme les toilettes et les douches, et les gens sont decidement adorables.

   Je pars a la gare avec mon gros sac a dos pour y retrouver Sophie qui a une heure de retard a cause de son train. C est ma nouvelle couchsurfeuse. Et elle parle tres bien francais et italien! Alors cest plutot pas mal, car j ai toujours le mal de ma langue maternelle..

   St Petri Dom est une magnifique eglise riche en details architecturaux, avec des fresques colores sur les arches, tres lumineuse.

   St Johann Kerk. Eglise plus modeste et plus glauque que l autre, pres du  Schnoor.

   Je mange avec Sophie, elle est aussi vegetarienne alors c est pas mal. Je fais la connaissance de sa colloc fantome qui reste enfermee toute la journee dans sa chambre.


   Obsession du cafe-vanille-et-un-verre-d'eau.

   Coffee Corner. Petit cafe sympathique, avec de la bonne musique electronique, des muffins appetissants, des bagels et du vrai cafe.

   Obsession du cafe-vanille-et-un-verre-d'eau apaisee.

   Kunstsammlung Böttcherstrasse.
   - Paula Modersohn-Backer est une artiste allemande phare du mouvement expressioniste. Ses portraits sont emouvants, peut etre un peu tristes et dotes d une naivete touchante. Ses natures mortes aux couleurs profondes et au bleu parfait me touchent particulierement.
-   Mathilde Vollmoeller-Purrmann est une autre femme peintre qui a apporte enormement au developpement du modernisme dans la peinture. Le musee attribue l exposition "Fest der Farben" a ses oeuvres. A ses debuts, elle peint des paysages aux grandes touches pales, influencee par Cezanne. Puis elle evolue dans quelque chose de plus fauve avec de superbes aquarelles.
-   Roselius-Haus. Musee dans la maison du grand collectionneur d art Ludwig Roselius. Le decor de la maison est reste tel quel depuis 1928, l annee ou la maison a ete transformee en musee. Cette maison a d ailleurs ete la premiree maison construite dans la Böttcherstrasse au 14eme siecle. Les peintures aux murs sont des oeuvres de peintures du Nord de l Europe.

 Lieben Frauen Kirche est une eglise de style gothique avance apres avoir ete transformee en basilique. Cette eglise etait le entre urbain de la vilel et c est d ailleurs la plus ancienne construction de Bremes. Elel se situe pres du plus precieux Hotel de Ville de l Allemagne et de la plus grande statue de Roland.

   A Bremes, il y a aussi des coffeeshops, sauf qu ils vendent du cafe.

   Les escaliers publics sont pourvus d une raie pres de la rampe pour pouvoir les prendre plus facilement avec un velo.

   Das Viertel est LE quartier alternatif de Bremes, traverse par une grande rue donnant acces a de petites ruelles perpendiculaires. Les murs de celles ci sont habilles de peintures murales, de dessins absurdes et representatifs. Il y a des cafes etranges, ou des gens tatoues sirotent leur biere et vous regardant passer, des magasins de seconde main, d autres vendant de tout et de rien (surtout de rien).

   J observe des pigeons amoureux se faire la cour en gonflant leur plumes et deguste un sandwich vegetarien sur une place au centre de la vieille ville et une vieeeiiillle femme au chapeau de paille d Hambourg vient me dire qu elle adore mon chapeau et que ja i trop el style. (ma foi, ca fait toujours plaisir!!)

   Je rejoinds Sophie a la gare et nous allons faire un bowling avec une autre amie a elle, une petite Uruguyenne qu rire facile. La conversation ressemble a de l espagnolfrancaisallemandanglaisitalien. C est tres interessant.

   Je ne sais plus faire la difference entre l anglais, l allemand, l italien et le francais.

   Le Stadtgraben est un petit fleuve qui traverse en zigzag uen partie de la ville. Je le longe et admire les fleurs multicolores qui le bordent. Les jonquilles narcissiques ont deja disparu. de grands arbres plongent leurs immenses branches dans l eau. Des lapins se courent apres, des canards se promenent, un homme joue de l accordeon. Je lui donne une piece parce qu il joue si bien et me rend soudainement heureuse. Je poursuis ma marche jusqu au Burgerpark qui est une veritable foret. L ambiance change, l atmosphere devient glauque. Je m y sens etrangere. De droles d odeurs me passent sous le nez. Les gens qui s y promenent font semblant de rien. Je m y arrete un isntant pour ecouter la nature paradoxale de ce parc au milieu d une grande ville. Le vent constant de Bremes fait chanter les feuilles qui s accordent avec la voix des oiseaux.

   Le Lloyd Passage est une grande galerie a l etrange infrastructure qui se veut moderne et donne acces a de möultiples magasins chics et de marque.

   Les gens qui vont chez le coiffeur lisent leur journal ou fument leur cigarette dehors devant le salon, pendant que la teinture ou  les bigoudis agissent.

   J ai l impression de voir de plus en plus de SDF dans la rue. Ca me fait peur, en realite. Ca me fait peur, car personne n agit et c est devenu banal...

   Entre 20h et 8h, il est interdit de se ballader dans Bremes avec des armes telles qu un pistolet, un couteau ou une batte de baseball.

   Quel plaisir! Se poser dans un parc a meme la pelouse et penser a rien d autre que quelqu un de particulier en ecoutant de la musique.

   Les habitats de Bremes ont en realite une extreme obsession des musiciens... On les voit partout: sur les murs, sur les paneaux, sur les sieges des bus, sur les enseignes des restaurants...

   Je retrouve Sophie le soir. On tente une nouvelle recette un peu etrange, mais toutefois bonne. Mais je n ai pas vraiment beaucoup d appetit depuis que j ai quitte les Pays-Bas. Ca m arrive parfois. Souvent pour les memes raisons.. Sophie et moi jouons a un jeu de de, Knobel-block. Et puis elle doit travailler pour l uni alors je m exile dans mon monde de peinture obsessionnelle.

   Et ensuite... apres une nuit paisible... le vent tourne.

   NEXT STOP : HAMBOURG !

jeudi

* HAMBURG . [12-150511] .

19th STOP :
HAMBURG !



   Dans les trains allemands, la consommation et la possession d alcool sont interdites.

   Les ALlemands boivent du jus de fruits en le melangeant avec de l eau.

   J arrive a Hambourg et je rejoinds ma nouvelle CouchSurfeuse qui s appelle aussi Sophie... Elle fete son dernier jour de cours de gymnase et se retrouve avec des amis sur une pelouse, quelque part, dans la periferie de la ville, pour faire un barbecue. Elle me prepare une enorme salade et me presente a quelques amis. Et puis nous rentrons chez elle. Elle me fait la confidence qu elle n a jamais vraiment eu d atomes crochus avec les gens de sa classe, pas meme de sa volee, qu elle deteste ces gens si normaux et dans des boites, qui la prennent pour une alterno decalee alors qu ils ne la connaisset pas. Ah! Je sais deja qu on va bien s entendre. J ai vecu ce meme sentiment au gymnase. Haha... Le gymnase... Rien que d y penser, j ai envie de rire. Il y a un an, je me trouvais sur les bancs de ce gymnase, regardant par la fenetre et attendre que le temps passe, accrochee a des obsessions brumeuses qui m empechait de regarder mon agenda au rayon EXAMENS!, dans cette classe si normale, avec tous ces gens si normaux, dont la plupat savaient bien que leur vie etait deja tracee, qu il n y avait pas de souci a se faire... Tous ces gens avec qui je n ai presque plus de contact aujourd hui... Et que je cotyais chaque jour il y a un an.. un an... qui me semble deja une eternite... (Grosse pensee pour tous les gymnasiens du Cessnov qui voient approcher les examens et qui s ennuient chaque jour... sachez que d ou je suis je pense a vous.. ;) )

      Sophie est tres spontanee, tres active, creative, passionnee et curieuse. Exactement le genre de personne que ja pprecie, en realite.

   On rejoint Isabell, une de ses meilleures amies qui travaille dans un sympathique cafe Yokozuna. Elle a fini son service. Daniel, le copain de Sophie, nous rejoint. Sophie et lui s en vont, car elle doit travailler en distribuant des flyers. Je reste avec Isabell. Elle m emene faire du shopping au Kleidermarkt, un magasin de seconde main immense ou il y a de tout et de rien.

   Needed colours . Bought a new dress . Feels happy now .

   Il y a des capsules de bouteilles icnorporees dans les rues.

   En Allemagne, le plat national se trouve dans les restaurants turcs.

   Les coiffeurs sont multikulturel. (C est ecrit sur la porte du salon).

   La nuit, il y a des gardiens qui surveillent les chantiers.

   Sophie et Isabell m emmenent dans le plus grand squat de la ville. Un vieil immeuble recouvert de graffitis, sur plusieurs etages, avec des gens partout, des gens etranges, des gens un peu fous, des gens perdus qui n ont rien, es gens gentils, pourtant, parfois, ou des gens aigris et pleins de haine. Des gens qui cherchent a se faire comprendre. Des gens qui cherchent a creer pour survivre...

   On va dans un club. Au sous-sol, il y a un DJ pourri qui mixe du reggae et a l etage, un concert de rap. La soiree n est pas geniale car l ambiance pas trop la. Et j en ai marre de ce genre de clubs ou tous ces gars s aglutine pres des filles pour danser. Durant la soiree, le videur a refuse de laisser entrer un homme handicape en chaise roulante. Sophie est sortie de ses gonds et a convaincu le videur de le laisser entrer. Je pense que c est le genre de fille qui pourrait, malgre son age, convaincre n importe qui...
   On parle beaucoup toutes les trois. Ces filles sont simplement adorables, toutes pleines d energie, d envie, de vivacite, d humour. Isabell me dit que j ai un Lachflash, c est a dire un rire qui eclate dans l air et se stoppe aussitot. Je trouve genial... "Violette, stay with us! We like you!" ... Encore des gens attachants que je recontre... On finit par rentrer en bus chez Sophie. On change plusieurs fois, se refugient dans une banque pour ne pas mourir en froid en attendant les correspondances des bus. Et deux heures plus tard, on arrive enfin chez Sophie...

   Sophie habite avec ses parents et son frere das une grande maison en peripherie de la ville (environ 30 minutes du centre) Il y a beaucoup de nature, de forets autour. Elle a un grand jardin et ses parents sont adorables, tres ouverts et alternatifs.
   Apres avoir dormi jusqu au debut de l apres-midi, c est Sophie qui nous prepare un petit dejeuner au lit, avec des croques monsieurs faits dans une machine des annees 60 et un frappe a la banane. On se prepare gentiment, l apres midi, en riant toutes les trois et parlant de tout et rien, regardant des photos, se racontant des souvenirs. En fin d apres midi, nous allons chez une amie hippie a elles, Ela, qui habite a deux stations de metro. On boit beaucoup de biere et de vin ignoble, on mange une salade immense et des champignons grilles, on ecoute de la musique reggae en parlant. Juste un petit groupe e gens que je ne connais pas et avec qui je discute aisement. Un des invites est jardinier et m explique que si on met un haut parleur pres d une plante de courge, elle s en eloigne s il diffuse du metal. En rebanche, elle s en approche si c est du reggae et s enroule autour si c est de la musique indienne. L influence que la musique porte au monde ne cessera jamais de me fasciner.
L ambiance est si calme. Juste de la musique et des gens heureux, dans un jardin perdu dans une foret, dans la peripherie d Hamburg. Des gens tranquilles, au coeur tres grand et au rire facile. On s est peints sur le visage des fleurs et des danses colorees. Quand la nuit tombe, le froid arrive et quelqu un  finit par faire un grad feu dans le barbecue. Et tous autour, nous trinquons et causons doucement.

   Le samedi, Isabell travaille alors Sophie et moi allons en ville au marche aux puces. J adore les marches. J adore fouiller, regarder, chercher. Laisser libre court a mon insatiable curiosite. Et trouver. Parfois. Marchander, ensuite. ET gagner, toujours. Je trouve une boucle d oreille en forme de masque. Personne n est etonne. C est kytsh, mais j adore.

    Il fait gris et sombre, il pleut parfois et les nuages semblent menacants. Hambourg a un cote gris, presque noir. Il y a quelque chose dans cette ville de tres puissant, je trouve. Quelque chose dont personne ne parle. Une energie qui se degage a travers ces vieux murs qui ont vecu tant de choses. Un espoir d effacer un passe impossible a oublier.

   Avant que le deluge ne se deverse sur nous, nous ous refugions dans un cafe turc pour manger un peu de humus et boire un the tchai. Et nous poursuivons notre visite de la ville a travers des petites ruelles aux magasins decales, dejantes, delures - l Allemagne alternative.

   En marchant, nous trouvons une eglise orthodoxe. C est la premiere fois que j y mets les pieds... Tout est lumineux, les fresques sont naives, aux couleurs pales, les icones kytsch sur les murs scintillent. La difference est frappante!!

   Sophie m emmene dans un quartier alternatif autogere ou les artistes se retrouvent pour creer. Elle me montre le Fahrrad werkstratt, un edroit ou acheter, vendre, echanger des velos. Le quartier est tres grand, entre des maisons abandonnes, detruites, rafistolees, squattes, et de vieux vans faisant office de maison. Des touches de peinture un peu n importe ou, des phrases revoltees, un peu d art par ci par la, juste pour garder espoir. Sophie m explique que cet endroit etait comme sa maison, autrefois. Mais qu aujourd hui les choses ont change et qu elle ne s y sent plus a laise... seulement, elle est triste, car elle ne sait pas quelle est la cause de ce changement brutal..

   A Hambourg, il y a des magasins de seconde main dans lesquels on peut acheter des choses sans les payer. Il suffit d etrer et de se servir. Il y a tout de meme la possibilite de mettre une petite piece dans un bidon en metal...

   Sophie doit travailler deux heures en distribuant ses flyers alors je me ballade seule dans la rue, dans la ville. Je reflehis enormement en me laissant guier par mes pas. Beaucoup de choses se passent toujours, beaucoup de sentiments, d emotions, et tout me verse et me renverse, et je m enivre de me decouvrir, de rencontrer, d etre et de vivre! Je decouvre le lac d Hambourg avec son jet d eau qui n arrive pas a la cheville de celui de Geneve (avouons-le!) et le centre de la vieille ville.

   Les WC publics d Hambourg sont une sorte de cylindre en plastique tres etroit a porte automatique (apres avoir insere une piece) avec lave-seche-mains integre.

   Dans les metros d Hambourg, il y a du reseau pour les telephones portables.

   Je retrouve Sophie et nous allons souper chez des amis. Il y a la un couple gauchiste qui lutte pour le droit des immigres, une Fracaise qui les aide en faisant du benevolat, Ali et Mohammed, des amis de Sophie. Mohammed est justement un immigre depuis deux ans. Il a appris l allemand tout seul, est tres intelligent et actif, cuisine a merveille, est d une douceur et d une delicatesse dont bien des hommes devraient prendre exemple. Et pourtant, il n a pas le droit de travailler. Il n a pas de domicile et jongle entre plusieurs maisons de gens qu il connait pour vivre, risquant chaque jour de se faire decouvrir par la police pour le renvoyer en Lybie. Les discussions autour de la table sont enflammees, politiques, revoltees. Ces gens la se battent pour le droit d etres humains qui ne peuvent pas s integrer juste parce qu ils ne possedent pas un bout de papier mentionnant la natioalite allemande, ni le droit de rester pour travailler, se nourrir, se vetir, se faire plaisir - le droit de vivre, finalement. J ai soudain ressenti cette douleur brulante dans la poitrine. La haine qui se reveille et qui cogne contre les parois de mes organes. Je n avais plus entendue cette voix depuis longtemps, tres logtemps. Et la, elle se reveille, cette haine de la mochete du monde et de la nature humaine. L absurde de l aodin? Parlons e! Des gens qui doivent fuir ou mourir, qui demandent l asile et se font rejeter comme des hyenes ou traites comme des chiens. Des gens qui se cachent pour vivre un peu, des gens interdits que la police traque dans les maison au beau milieu de la nuit pour les jeter dans une voiture aux vitres teintees et les emmener la d ou ils ne viendront jamais. Oui, un peu comme les nazis qui chassaient les Juifs il y a 50 ans. Les choses n ont pas evolue, je trouve. Cette cruaute existe encore partout, mais personne n en parle jamais. Un documentaire a ce sujet a tete diffuse a la TV allemande, montrant par camera cachee comment les policiers s en prennent pour attraper les immigres - sans pitie, si brutalement, si violemment. Et personne ne reagit... WHAT IS WRONG WITH THIS WORLD???...
   Apres s etre recharges de pensee positives aupres de ces gens chaleureux, pleins d espoir pour que les choses changent et d amour pour ceux qui en ont besoin, apres etre repus de ce festin lybien, Sophie et moi partons. Nous traversons une rue bondee de gens ivres qui deferlent dans les bars pleins a craques de gens alcoolises, drogues, mal dans leur peau et qui se prennent pour un heros le temps d une nuit. Ce genre d endroit semble derisoire lorsqu on n est pas dans l ambiance de la fete, les gens semblent inutiles et pathetiques, soudain. Vers quoi cette decheance nous menera-t-elle? (Je tiens a preciser que j ai traverser cette foule de mainstream people en etant completement sobre. Je pense que la sobriete change la perception des choses...)

   En Allemagne, il y a beaucoup de publicites pour sensibiliser les gens aux problemes d alcoolisme, et pourtant, ceux ci ne semblent pour autant pas vraiment regles...

   Un fou ivre m a pris pour Michael Jackson... a cause du chapeau...

   Daniel nous rejoint. Nous rentrons chez Sophie pour discuter encore un peu.

   Le dimanche, nous passons la journee a parler tous les trois. Daniel est tres drole, il s enflamme pour n importe quel sujet, c est un homme passionne et passionnant. Tous les trois nous parlons, partageons. Nous preparons esemble un super petit dejeuner. Avant de les quitter, Daniel nous offre un shot de Ouzo pour trinquer a notre rencontre, mon voyage, notre avenir et nos retrouvailles qu on espere.

   Je saute dans le metro pour la gare. Je saute dans le train pour Lubeck. Le vent tourne encore une fois.

NEXT STOP : LUBECK !

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lundi

* Lubeck [15-170511] .

20th STOP: ´
L U B E C K !


  Lakritz. Specialite allemande, morceau de reglisse enrobe de chocolat.

   Je me retrouve a nouveau seule. dans le train. Et puis dans le taxi. Et puis dans l'auberge. Je suis éreintée par mille et une émotions qui ne cessent de me submerger. ´J'ai besoin d'un peu me retrouver seule pour écrire. Voila pourquoi le choix de l'auberge. Couchsurfing est certainement la meilleure invention de l'homme jusqu'a present, mais l'énergie que cela me prend est immense. A chaque rencontre, une certaine intimité ´précieuse se crée. Une des quetes de mon voyage est la recherche de l'Authenticité. Eh bien peut-etre que c'est cela: croiser des gens, apprendre a les connaitre en quelques jours, écouter ce qu'ils ont a dire maintenant et ici, partager avec eux cet instant présent qui devient tres grand, tres long et tres intime lorsqu'on le creuse un peu.

   L'Auberge est sympa. Mais il y a beaucoup de monde, et il y a des jours comme cela, ou je suis un peu misanthrope. Ou je voudrais m'enfermer et ne voir personne, juste rester aupres de moi meme et ecouter de la musique pour porter mes idees loin, tres loin.

   Il y a des jours ou je hais les gens. Je hais les voir, les croiser dans la rue, observer leur maniere de se comportert, en se croyant sur puissant, en faisant le plus de bruit possible avec leur moto. Je hais ressentir leur frustration sublimee en une pretention fragile, qui se veut gonflee d assurance et de fierte. Je hais ces gens qui me toisent de haut en bas avec leur regard rustre, parce que ej transporte am maison sur mon dos alors que eux sont vetus de leur costard Armani. Je hais leur regard snob, leur regard de pauvres gens mis dans uen Boite, ces gens NORMAUZX qui me prendraient pour une cinglee s ils entendaient mes pensees. Je hais ces gens banales, qui se pressent dans les rues comme s ils allaient bientot mourir. Je hais leur maniere de marcher avec un balai entre les fesses, la bouche pincees comme l arriere train d une poule, le corps raide et froid. Je hais leurs sourcils qui se haussent quand ils voient quelque chose d original et qui se froncent quand ils ne comprennent rien. Je hais leur voix de vieux tabac eraille, de cendres coincees dans les poumons tous noirs, avec cette odeur de vieux qui se traine dans leur haline chargee. Je hais leur maniere de boire un cafe avec le petit doigt lever, leurs petits yeux de rats qui tombent de fatigue parce qu "il ny a pas le temps, voyons!!" je hais leur desir de posseder. Je hais leur besoin de diriger. Je hais leur frustration, leur egoisme, leur pretention. Je hais ces gens qui se noient dans la banalitie routiniere et s offusquent de voir les autres vivre a leur maniere. Je les hais, ces gens. Et je les vois partout, chaque jour, partout, chaque heure. Je les hais, ces gens qui vendent leur reste d humanite pour devenir robotise. Je les hais, ces gens qui ne vivent que pour des bouts de papier. Je les hais. Parce que j ai peur de devoir un jour leur ressembler. Et pourtant, ce sont ces gens la que j observer avec fascination chaque jour. Parce qu avant d etre des gens banales qui deferlent dans les rues comme des corps sans ames, ce sont des etres humains. Comme vous et moi.

   Appeler des numeros suisses en Allemagne avec une carte neerlandaise, c'est gratuit. sauf que ca coupe chaque 52 secondes...

   Lübeck est une magnifique ville, avec des petits chateaux un peu partout. Je longe le canal qui l'entoure et la protege, je me perds dans le dedale des rues toutes jolies, toutes mignonnes. Cette ville est un peu comme une maison de poupees geantes, avec des habitations mignonnes et un calme plat. Lübeck est appelee "La ville des petites distances!, car, en effet, elle n est pas grande... le port est magnifique. Je suis toujours fascinee par cette ambiance de vieux marins et de vieilles machines navales, de bateaux qui náttendent que de pouvoir prendre le large, mettre les voiles - tout ce que j'ai fait dune certaine maniere il y a 14 semaines... Il ne fait pas beau, mais je marche vite pour ne pas avoir froid. J'entends le carillon qui chante a midi pile. Je suis un peu decue car je decouvre qu il y avait une exposition sur Marc Chagall. Evidemment, c est lundi. Les musees sont toujours fermes les lundis...

   Sankt Marien. Enorme eglise qui a ete construite en 1200. Au debut, elle etait censee etre uen vasilique romane en briques, mais cinquante ans apres le debut de la construction, elle est devenue une eglise gothique, puis finalement une eglise-hall gigantesque. En 1942, la betise humaine eut l idee de la bombarder. Il y a des photos en noir et blanc, grand format, montrant les degats, de quoi soulever le coeur du voyeur... Elle a ete restauree 5 ans plus tard. Et aujourd hui, cette eglise est un monument a ne pas louper...

   Mon journal de bord est deja presque fini. Je me mets en quete d en trouver un autre. j ai aussi envie de trouver un cyber cafe. Je garde cette idee au coin de ma tete et je me laisse guider par mon instinct. J entre dans un magasin qui est un peu Manor version allemande, et je trouve le notebook parfait, bleu, evidemment, d un format comme dont j ai l habitude, avec des feuilles lisses, blanches, assez fines. Comme quoi, en voyage, il en faut de peu, vraiment de peu pour etre heureuse...

   Je marche encore un peu, au centre de cette ville un peu etrange, tellement belle au niveau de l architecture mais tellement vieux-jeu et denuee de jeunesse, de vie, de bars, d etudiants, de gens qui affluent dans les rues et qui ont moins de 60 ans ou plus de 5 ans et demi... Mon Instinct me mene dans un cyber cafe pas trop glauque, ou un garcon fait que de hurler en allemand. J y reste longtemps. Tres longtemps... Car la vie est bien faite et le timing toujours  parfait pour me connecter sur Facebook en meme temps que certaine gens...

   La nuit tombe doucement. Je marche toujours dans les rues vides. Je passe devant une arche entre des maisons et la curiosite me pique. C est un restaurant, en realite, dont la terrasse est dans une cour interieure, illuminee de couleurs, decorees de plantes magnifique. C est le restaurant Remise. J entre l interieur est chic, tres beau, je mange un excellent plat de raviolis. L appetit s est toujours exile quelque part, il n est pas encore revenu, mais je ne m en plainds pas.

   Le vent tourne deja. Lübeck n etait qu une etape pour décrocher de certains sentiments et les sublimer en autre chose, avant de partir encore plus loin et découvrir une autre facette du monde. Toujours en route pour le Nord...

NEXT STOP:
COPENHAGUE !

samedi

* COPENHAGUE . [17-290511] .

21th STOP:
COPENHAGUE .


      Dans le train pour Copenhague. Pour la deuxième fois de ma vie. La première fois, c'était il y a tres longtemps, il y a presque deux ans. Premier voyage Interrail avec une autre Vadrouilleuse, ou nous riions dans le train a cause des nones devant nous qui tricotaient. (Nous avions pris un petit-dejeuner a Hambourg a base.. de bière... Peut-etre que c'était la cause de notre hilarité injustifiable.) Cette fois, je suis toute seule. Mon ipod n a plus de batterie, alors je dessine une danse macabre d'un mariage démoniaque, et je pense toujours a tout ce que je quitte lorsque je pars d'un endroit pour en découvrir un autre. Les nones semblent etre dans un autre wagon, a la place, il y a une Chinoise qui hurle de désespoir au télephone et un vieux canadien qui fait du backpacking. Il cherche le contact, mais je suis ailleurs, tellement loin quelque part...
   Le train entre dans le ferry. On sort tous sur le pont. Je ressens le bonheur terrifiant de la liberte que la mer apporte. je respire le vent qui affronte mon visage et se niche dans mes cheveux pour les envoler.
   On retourne dans le train. Encore quelques heures de voyage qui passent comme des secondes.

   J'ai donné rendez-vous a Copenhague a un ami qui m'est cher.

   Il m'attend sur le quai de la gare. Lorsque je le revois, je n ai pas l impression qu il soit reel. La derniere fois que nous nous etions vus, c etait a Berlin. J avais dormi trente minutes, je repartais prendre mon avion, nous nous quittions dans un appartement quelque part dans le Kreuzberg, apres avoir passe une nuit au Berghain, ou nous avions rencontres des oies Danoises - voila la raison de nos retrouvailles a Copenhague.

   On va dans l auberge que j avais reservee, Hotel Jorgensen. C est en fait un hotel, et les sous sols sont l auberge. C est un peu comme le Titanic (oui je sais, j ai une certaine obsession du Titanic, je crois) ou les etages superieurs sont pour les riches comme Rose, et plus on descend dans les sous sols, plus on a de chance de croiser des rats et des creepy guys. Pas de chance, nous sommes au sous sol. Quand on s annonce a la reception, il nous indique comment parvenir a notre chambre lugubre, mais sitot que nous avons descendu les premieres marches, nous sommes perdus dans le dedale des couloirs sombres et glauques. Un vieux nous montre notre chambre. Des lits entasses, pas d endroit pour mettre nos affaires, des petites fenetres qui sont a la meme hauteur que les pieds qui marchent dans les rues. Des gens viennent, des gens partent. Il  y a toujours ce Tunisien dans notre chambre, qui ne parle pas, qui regarde juste avec son sourire, ses chemises repassees. Il passe son temps sur l ordinateur, dans les couloirs, seul, jusqu a 3 heures du matin. Il s arrange aussi toujours pour entrer dans la chambre au moment ou nous y sommes. Il y a un vieux et gros qui debarque, qui fait du bruit quand il dort, et cette autre grosse un peu aigrie qui lui hurle dessus au beau milieu de la nuit «Can you stop doing this noise??! ... Voila le tableau. Faire abstraction du decor. De toute facon, on passe nos journees dans les rues.

   La bibliotheque Royale est un immense batiment cubique, tout noir. Elle est d ailleurs surnommee le Diament Noir. Dans cette bibliotheque, il y a des ordinateurs qui donnent acces libre a Internet, mais il ny a aucun livre.

   A Copenhague, les gens sont beaux styles et souriants.

   Digital Art Festival. C est Gianni qui a trouve un flyer parlant de cela. Ca se passe au DR Byen. Nous avions reserve les bilets pour Internet et c est le cadeau que m offre Gianni pour mes 19 ans. Les performances se passent dans une petite salle etrange, a la lumiere tamisee entre le rouge et le bleu, montrant des portraits au pochoir sur bois de celebrites danoises. Quelques personnes de tout age assis sur des caisses. Une petite scene et une ambiance tres sobre, juste des gens qui montent sur scene, creet et s en vont.
   Le premier artiste a monter sur scene est un saxophoniste qui experimente des sons etranges sur ordinateur, meles a celui du saxo qu il manie parfaitement, tanto ouvert et lancant sa plainte melancolique, tanto bouche et comme asphyxie. C est dur d entrer dans cette musique, car il n y a pas de rythm, pas de regularite a laquelle s accrocher.
   Le deuxieme est tout seul, derriere une table avec son ordinateur et toutes sortes d objets etranges dont je ne comprends pas l utilite. Melange de bruits metaliliques, de machines brisees, de sons stridents qui se glacent dans l air. Experimentation devant des gens, uniquement par ordinateur, pas d instruments reels. L ambiance tourne et se retourne.
   La troisieme performance me fascine litteralement. Dans le silence, dans l ombre, un corps de femme se deplace a meme le sol, comme un asticot qui se tord de douleur, une poupee desarticulee et sans os, qui avance vers un bel homme presque nu, portant autour de la taille une ceinture des plus bizarre. Le corps de femme se deplace dans un bruit de sucon qui aspire a de droles d images, jusqu a l homme qui la vetit ensuite lentement d un costume noir enroule de fil qui clignote d une lumiere fade et fluorescente. Au fur et a mesure que la danseuse trouve sa nouvelle peau, le bruit de son coeur commence a frapper comme les basses d une discotheque qu on ecoute depuis l exterieur. Ce corps qui brille en clignotant se leve, se meut dans l espace. Les bruits de basse deviennent oppressants et font bibrer toute la salle. Le danseru, attache a la femme, court autour d elle, comme apeure et attire, effraye et seduit. La femme continue de se disloquer dans une magnifique danse emotionnelle. Les deux corps se retrouvent finalement dos a dos. L homme se penche, la femme s envole soudain. La lumiere clignote encore, donnant toujours cette impression fantomatique sur ce corps noir. Le coeur s endort tranquillement, emportant la lumiere avec lui...
   La quatrieme performance est un petit gugus qui arrive tout seul sur scene, toujours dans une sobriete particuliere, avec uniquement un ordi. Bruit de foule, de brouhaha. La salle est tres peu eclairee, rendant l ambiance d autant plus particuliere. Qui sont ces gens qui parlent? Et en quelle langue? QUe se passe-t-il? Un rythme s impose doucement. Les couleurs de la musique evoluent en chants gregoriens remixes, qui resonnent dans tout l espace. Une puissante energie s impose dans la salle et soudain, je perds conscience. Je laisse la musique entrer en moi et dessiner dans ma tete toutes sortes d images que je pensais voir que dans mes reves. La musique evolue, se construit petit a petit, s en va et s en revient toujours. Elle me prend par la main, je crois, et m emporte, et me eporte tres loin la haut, dans une dimension que j ignorais et quej avais pourtant deja goute. Des frissons parcourent mon corps, car ces images dans ma tete me fascinent, prenneant racine dans l essence meme de cette musiqu evoluant a travers le desaccord d un violon et la regularite d un train sur les rails. Soudain, je decroche. J ouvre les yeux et j observe autour de moi. Les gens sont par terre, affales sur les aisses, appuyes les uns contre les autres, les yeux fermes, la tete dodelinante. Ils ne sont pas la, ils sont tous ailleurs, dans leur propre monde. Cette salle qui paraissait si banales s est soudain transformee en havre de paix transe-musicale. J imagine que peut etre prendre des drogues font le meme effet, cette possibilite de voyager a l interieur de son corps, d etre soi meme plus que jamais en entrant dans un autre etat dans lequel la realite n a plus de sens... J aurais pu ecouter cette musique toute la nuit et me nourrir eternellement de sa puissance et de ses images...
   Le second soir, nous sommes retournes voir les performances de ce festival. Meme ambiance que la veille, sauf qu il y a plus de monde.
   Premiere performance est une violoncelliste si timide et genee, simple et angoissee, qui joue d une purete incroyable, devant un ecrant projetant une video absurde motrant un volalge de diverses situations telles que des pouces de mariee qui se tournent, une horloge en cerf et une bougie qui s animent devant de vieilles montagnes. Pour moi, le violoncelle est la voix de la Terre. Une voix grave et aigue a la fois, qui se plaint lentement comme depressive et triste, profonde et sensible.
   Le deuxieme est un type qui provoque des sons aigus, aiguises, pointus qui giclent lentement et provoque la folie. En l ecoutant, ce que j appelle mon Mur Hermetique s est bati devant moi, pour eviter que j y entre completement. Les seules images que je voyais dans ma tete etaient l Allegorie de la folie humaine, de l enfermement... Je n avais pas envie d en savoir plus...
   le troisieme fait une performance geniale titree «The Game is not a Game« Dj superbe qui mixe toutes sortes de sons, de rythmes et de bons discours, touches d une influence minimale. Derriere un ecran projetant des vieux jeux videos pixellises, meles a des films porno muets et des images du telejournal. j entre dans les images et soudain, je me rends compte que plus rien n existe a part le son e cet ecran, a cet instant. Tout a coup, toutes les petites choses qui me prenaient la tete, les petites angoisses quotidiennes et les reflexions sur l absurde du monde se sont resolus. Comme une lumiere qui illumine mon corps e l interieur et me chuchote «Regarde! Les problemes n existent pas!«
   Cette sensation de plenitude s est davantage developpee avec le dernier artiste. Un grand Nordique tout de noir vetu, ave ses cheveux rases, mixe devant des images de neons cubique qui dansent et evoluent avec la musique, a la maniere de rubix cube psychedelique. Les images qui traversent mon esprit le charge d une grand energie positive et d un espoir pur, un bonheur degage, envole, en train de planer a l interieur de mon plexus solaire, mes poumons, mon estomac. C est cela que procurent les drogues? Tres bien. Alors j ai trouve la mienne. Apres les shows, je ressens le meme genre de sensation que quand je viens de ranger ma chambre. Je respire le propre, tout a ete depoussiere, nettoye de fond en comble, les vieilles choes inutiles et gardees depuis longtemps sont a la poubelle. Ca fait du bien de se sentir toute neuve.

   Dans les salles de performance a Copenhague, il est interdit de prendre de photo mais permis de filmer.

   Le musee d art national du Danemark. On y entre, c est gratuit. Un batiment blanc et tres moderne a ete appondu au plus ancien, lies tous deux par des couloirs vitres. Une grande partie montre en vrac des peintures de toutes epoques et origines, melangees, classes dans des salles par themes - portraits, peintures gothiques, nature morte, marine, historiques, Renaissance, Rembrandt et les jeux e lumiere,... La partie moderne-contemporaine montre surtout des oeuvres d artistes danois que je ne connaissais pas. Une oeuvre contemporaine de Ingar Dragset et Michael Elmgrein me heurte «Please keep quiet!« est une oeuvre dans une salle blanche, avec des lits d hopital dans 3 occupes par des mannequins on ne peut plus reels et humains. Le but est de montrer combien le silence d un hopital peut etre le meme que celui d un musee...

   Ce que je hais par dessus tout, ce sont les hordes de gamins bruyants qui deferlent dans les musees et brisent irrespectueusement le murmure secret et silencieux es oeuvres accrochees aux murs.

   Le phenomene des oeuvres de Larmes. Parfois, il m arrive de contempler un tableau si beau et charge d emotions que des picotements naissent dans mon nez et mes yeux, creant une fragilite du coeur, ouvran la porte de mes emotions, entrainant des larmes qui brouillent ma vue sans oser couler. Parfois, meme, des frissons parcourent ma moelle epiniere, du bas du dos jusqu au fond de la nuque, ou l inverse, suivant la grandeur de l emotion. C est ce que j appelle la Contemplation des Oeuvres de Larmes.

   Voyager avec Gianni est facile. Il est tres independant et moi aussi. On se separe souvent, il retrouve les amis qu il avait rencontre a Berlin. Parfois je vais avec eux, pour sortir un mercredi soir jusqu a 3h du matin dans un bar tres cozy. Et parfois, je sors pour mon compte et je rencontre d autres gens. Il a sa vie, j ai la mienne, et puis on se retrouve, on se raconte, on partage un cafe en silence, ou on ecoute l autre vider son sac. Il est habitue a voyager seul et moi aussi. C est beau de se trouver ainsi, compagnon de route, sur la meme longueur d onde.

   Dans les metros de Copenhague, il y a acces gratuit a Internet.

   A Copenhague, le prix des restaurants change suivant les heures.

   Dans les banques a Copenhague, le port du casque est interdit.

   Les Danois qui sortent en soiree sont encore plus beaux que lorsqu ils se balladent simplement dans la rue.

   La langue danoise de loin, on dirait du francais.

   J aime observer les gens qui parlent une langue que je ne coprends pas. Chacun de leur mot est comme un code secret que l autre comprend aisement.

   La nuit, certaines maisons sont illuminees d une petite deco absurde en neon, comme une ruche d abbeille par exemple.

   Les habitants de Copenhague ne savent pas si l eau de Christiania est potable.

   Je pense que je suis tombee amoureuse de Copenhague. J aime cette ville. Ville merveilleuse, au vent nordique qui emporte les gens. Cette ville couleur bronze ozyde, u melange de bleu et de vert telement clairs et limpides. Les gens osnt beaux, grands, aux yeux percants, au sourire illumine. Ils semblent distants, mais quand la glace se brise, ils sont les plus touchants du monde. Je suis frappee, car la plupart des gens que je croise dans la rue, a part les touristes, sont de types nordiques. Les Asiatiques, ce sont ceux qui recoltent les bouteilles et les canettes pour avoir un semblant d argent a depenser pour senivrer et oublier le froid des bancs du parc. Meme les restaurants de cuisine orientales sont servis par des Danois. Pas de prejuges, ce blog n est qu issu de mon observation objective., je tiens a le rappeler.

   Sankt Petri. Eglise vide, sobre, blanche. Rien de special, pas meme de l ex terieur.

   Vor Frue Kirke. Eglise longue, tres pure et sobre, aux multiples statues des apotres et Jesus. C est tout.

   La Tour de Vor Frelsers Kirke. Le point le plus haut de la ville. J y grimpe les interminables marches pour enfin arriver toute essoufflee au sommet et contempler le plus beau panorama de Copenhague. C est impressionnant et je m accroche pour ne pas tomber, ar les escaliers sont glissants. Je suis fascinee par cette tour en colimasson, de plus en plus etroite, toute doree, aux aspirations presque orientales. Malheureusement, l eglise est deja fermee. Ce sera pour un autre jour.

   Christiania. Quartier particuleir, completement hors du temps, petit village medieval du 21eme siecle, perdu dans une ville qui ne lui ressemble pas, festival de toutes sortes de drogues presque pire qu a Amsterdam. Il est interdit de prendre des photos et de telephoner. J y rencontre une femme, Natalia, qui est en train de fumer son joint avec son copain dans le parc, alors que son fils de 4 ans et demi cavale avec son Action Man dans les mains. Etrange rencontre.

   Chaque jeudi soir, une petite maison au bord de Christiania donne la possibilite de faire de la meditation. Gianni et moi nous y rendons. La maison est magnifique, construite en bois et en hexagone. Ses habitants, des vrais nordiques, sont tres directs, carres, et chaleureux a la fois. A l etage de la maison, un grand espace, des coussins, le silence ou la musique reposante. Exercices de respiration. Je perds le control. Relaxation au sol dans la position du mort. Contact corporel entre tous, priere de la terre, l energie de tous ces corps en liens qui descend dans le coeur de la terre. Une heure qui passe comme une seconde. Dans l etrange magie de cette magnifique maison.

   Dans les cafes danois, les tournees de cafe suivant la premiere sont moins cheres. Il suffit juste de demander d etre resservi.

   Voyager dans une grande ville, passer de troquet a estaminet, de bar a cafe, de bistro a resto, pour toujours traquet l inspiration du Monde, l Absurde de l Anodin, le paranormal et l etrange, le banal et l injustifiable.

   Dans les cafes danois, il y a une pancarte qui indique combien de gens au maximum peuvent rester dans le cafe.

   7 Eleven, c est la coop Pronto en mieux, car c est ouvert toute la nuit.

   A Norrebro, le quartier qui craint, il n y a pas  beaucoup de maisons qui n ont pas de grafitis.

   Plus on va au Nord, plus les terrasses des cafes et des bistrots mettent des couvertures monochromes IKEA a disposition de la clientele.

   Les Danois mangent leur hamburger en otant le pain du dessus.

   Les papas danois sont plus maternels que les mamans danoises.

   Il n y a pas de grande Verite qui gouverne le monde, il y en a des milliers qui mises ensemble, comme la reconstitution d un grand miroir, forment la vraie face du monde, visage fait de paradoxes personnels. La mienne, de Verite, je l ai trouvee. C est l Authenticite. Et elle se vit dans la plus profonde solitude. Ou alors lorsqu on rencontre quelqu un qui nous laisse etre soi meme...

   Vioxymore, etre fait de paradoxes et de voyages.

   La Vie en voyage, c est une rue etroite dans laquelle je marche sans jamais me retourner. La seule chose qui existe, c est le but> atteindre la porte au fond de la rue. Et mon avenir se trouve deux metres devant chacun de mes pas. Je marche simplement en regardant droit devant. Et tout ce que je vis, la, maintenant s efface aussitot derriere moi. C est cette vie en voyage, ce bonheur ephemere, celui d un coeur vagabond, un coeur qui corrompt!

   Parfois, il m arrive de penser si fort que je n entends plus le monde exterieur.

   Dans les grandes arteres de Copenhague, il y a des gars qui tiennent des panneaux toute la journee pour indiquer un restaurant.

   Je trouve que les hordes de touristes francais ont vraiment quelque chose d insupportable.

   F.U.B.A.R. Spectacle de performances sceniques denoncant les 3 traffics illegaux> le sexe, les drogues, les armes. Nous voyos le spectacle au sujet des armes. En realite, c est plus un concert de rock country avec de bons musiciens et des choregraphies. Les danseurs etaient bien, malheureusement leur chore n etaient pas assez poussees, ils auraient pu aller beaucoup plus loin. Dommage! Je n ai pas reussi a completement entrer dedans, bien que l Art rechargera toujours mes batteries, de n im porte quelle maniere.

   Depuis que je suis arrivee a Copenhague et que je voyage avec Gianni, on ne mange que des falafels ou des buffets de... falafels.

   On part de l auberge glauque. On va dans une autre, Sleep in Heaven, aucun CouchSurfer ne veut nous prendre. Tant pis.

   Kulture Box. Club electro. L ivresse du vendredi soir. Il n y a pas grand monde, a part quelques fils a papa drogues qui dansent dans l ombre. On rencontre des Danoises BCBG qui veulent aller dans un autre club mainstream. On leur dit d accord, on les laisse partir en velo, et on leur fait un faux plan. Des le debut, nous voulions rencontrer des Danois pour passer du temps avec, mais finalement, nous rencontrons que des gens qui ne nous correspondent pas vraiment. Alors on fuit, pour retrouver nos amis imaginaires.

   COPENHAGEN _ NAGI & VIOXYMORE _ FALAFEL & HUMUS .

   Il se passe tant de choses, ici, a Copenhague. Des choses qui ne se disent pas mais qui se ressentent profondement, simplement.

   Gianni et moi avions des plans, des idees, des reves. Nous avions l ambition de se retrouver au Danemark et de vivre comme dans les films, en sautant dans un train au hasard pour voir ou le vent nous porterait, de decouvrir l inconnu chaque jour, chaque seconde, entre le risque de vivre et celui de mourir. Il trouve son compte dans la capitale. Et moi aussi, finalement. Comme une pluie de prises de conscience qui me tombent dessus, qui me heurtent et m apaisent, me delivrent de chaines. il est la, Gianni, a cote de moi, comme un miroir silencieux qui reflete ce qu il fallait que je comprenne en moi. Sauf qu il ne s en est pas rendu compte. Voila la magie d une amitie qui evolue a travers le temps, le voyage, quelque chose. Nous decidons alors de ne pas partir, d abandonner notre reve de vadrouilleur hasardeux. A quoi bon quitter un endroit lorsqu on y trouve enfin ce qu on recherche depuis longtemps?...

   Je marche beaucoup dans les rues. Parfois il fait beau, parfois il pleut un peu, parfois c est l averse. Les gens me regardent etrangement quand, sous la pluie, je cours avec mon sac en forme de Jack Skellington dans mon manteau avec la tete qui depasse. Je veux sauver mes ecrits, ne pas prendre le risque que l eau detruise ma memoire.

   En realite, la Petite Sirene de Copenhague a des jambes!!

   Oscar Bar. Bar, cafe, bistro sympa ou on peut manger de bons nachos au four. Gianni et moi y sommes devenus des habitues.

   Kastellet. Parc etant l ancienne base militaire (il y a encore des militaires, d ailleurs, qui patrouillent autour) avec de vieux batiments en briques et un moulin (juste pour me rappeler les Pays Bas).

   Le musee Louisiana. Il se trouve a Humblebæk, entre Copenhague et Helsingør. Ce musee est defini comme le plus beau musee du Danemark, le Beaubourg danois, comme dirait le Routard... En y etant allee, j ai compris pourquoi! Il est tres grand, avec des jardins, des arbres, des statues de Joan Miro, Max Ernst, James Moore. Le cafe donne une vue splendide sur la mer, avec au loin, de la terre: la Suede. Il suffirait de traverser cette petite etendue d eau pour deja y etre...
   - Al Taylor: Artiste polyvalent qui travaillait des sculptures et des travaux sur papier. Ici et maintenant sont exposes ses aquarelles et lithographies. je reste assez sceptique, peu captivee.
   - "Gleaming lights of the soul". Une oeuvre de Yayoi Kusama consistant a une petite piece aux murs de miroir, eclairee par des ampoules multicolores qui descendent du plafond et se refletent dans l infini et l eau qui recouvre presque le sol. Le sentiment est etrange, celui de voir son propre reflet infini a travers ces boules colorees, comme dans un conte. Est ce cela, l image de l ame?
   - "Fred & Frihed" (Peace & Freedom). Nombreux travaux foremidables de Pablo Picasso qui tournent autour de ses demarches artistiques a but politique, pour partager son sentiment vis a vis de la guerre mondiale et son combat pour la paix. Je suis fascinee, captivee par ses natures mortes splendides. Mais je trouve que le paradoxe de Picasso est qu il fait les plus vivantes natures mortes que j aie jamais vues...
   " Only death finishes something." P. Picasso.
   - Quelques videos conceptuelles, multiples sculptures de giacometti, quelques tableaux de Bacon, Kirkeby et Asger Jorn, que j aime bien.
   - "Sent from my iPad". Oeuvres crees par David Hockney avec son iPad... Nature morte, portraits, couchers de soleil... Des centaines de dessins qui defilent sur des dizaines d iPad et iPhone accroches au mur. Le resultat est troublant! Si peu reel et pourtant autant precis dans les couleurs que les emotions d un tableau peint... Je trouve interessant cette idee, qui montre bien dans quelle direction nous sommes en train d aller: le numerique, encore et toujours, pour quitter l authentique.

   C est tragique de savoir qu il y a des endroits magnifiques qu on ne reverra jamais.

   Le meilleur Falafel de Copenhague se trouve en fait a Humlebæk.

   Tijili Pop. Petit bar sympa a Nørrebro, tout pres de notre auberge. Ils font du bon tea chai et des apple pies merveilleuse. C est tranquille, l ambiance tres sympa, canapes, vieilles tables delabrees, papiers peints dechires. On s y sent chez soi. Je retrouve Gianni la bas en fin de journee. Et puis plein de gens qui parlent anglais debarquent. Ca tombe a pic: un meeting CouchSurfing! On leur parle, leur dit qu on cherchait justement un meeting pour rencontrer des gens, etc... Les gens sont etranges, on trouve une excuse pour s eclipser, encore une fois, pour retrouver nos amis imaginaires. Vive le paroxysme de notre contradiction. Je crois que Gianni n est pas fait pour le couchsurfing... ;)

   Un peu plus loin sur la meme rue, il y a un Turc qui fait a manger. On se prend une assiette a partager, le Turc fait son paon en disant les quelques petites phrases de francais qu il connait. On discute avec lui, il est chou et vraiment sympa. Il sort son instrument de musique - une sorte de guitare au manche etroit et a la caisse de resonnance tres bombee - et il joue, et il chante. Il suffit de fermer les yeux, de savourer le humus et de se laisser bercer par cette musique pour se retrouver a des kilometres de la, loin de Copenhague, hors du Danemark, dans un pays oriental comme je n en ai encore jamais vu... Voila pourquoi j aime la musique, cette voix du Monde. Elle est le plus merveilleux moyen de transport.

   Vioxymore. La vegetarienne qui voulait devenir historienne du lard.

   Le silence est important, quand on voyage a deux. Gianni, je le laisse me prendre la main et me guider dans les rues encore inconnues de Copenhague. Notre premier jour, nous nous battions contre le vent pour ne pas qu il dechire notre carte. La deuxieme semaine, nous pouvions nous rendre n importe ou sans se perdre.

   Le temps qui passe ne se voit pas: il s ecoute.

   Musee d arts decoratifs. Tres grand, gratuit le mercredi, c est pour cela que j y suis allee, par curiosite. Beaucoup de travaux de Poul Kjaerholm sont exposes. Il etait professeur a la Royal Danish Academy of Arts School of Architecture. Les textiles etranges d Ane Henriksen sont aussi exposes. Ces deux artistes sont trews importants dans l histoire du design danois. La suite de l expo presente divers travaux d artistes danois, allant du genre avant gardiste au Funcionalisme en passant par de Stijl et Bauhaus. D autres salles montrent les divers arts decoratifs de plusieurs nations telle que la France (avec certaines ceramiques de Gauguin), le Japon, la Chine, l Angleterre, a divers periodes. Je remarque encore la grand fascination que j ai pour l art ancien, ces vieux objetrs qui ruisselent de souvenirs, temoins silencieux de moult secrets... Je tombe dans une salle presentant des objets d art traditionnel du Mexique. De vieux souvenirs magnifiques s epanouissent dans ma tete, narrant mon premier grand voyage jusque la bas. Les squelettes qui dansent, les tetes de mort en sucre, l humour noir des objets traditionnels, si colores... Je me sens toute emue, soudain. Et davantage en voyant le portrait de Frida Kahlo... Je crois que j ai beaucoup de choses a vivre et revivre dans ce pays qui a ete le premier a me fasciner.

   Dans les musees de Design, il y a des chaises partout, mais on ne peut jamais s asseoir.

   Vor Frelsers Kirke. Je la visite enfin, avec sa tour geante. La decoration est tres chargee, avec un immense orgue. J ai de la chance, quelqu un y joue au moment ou j y suis. C est magnifique...

   Frederiks Kirke. Grande eglise circulaire, coiffee d une immense coupole avec les portraits des 12 apotres.  On dirait un grand theatre, ou un opera.

   Amalienborg Plads. Avec le chateau et les gardes qui restent plantes comme ceux du Buckingham Palace!

   A force de tourner en rond dans cette ville, je m y sens enfermee. Bien sur, je l aime, cette ville. Grand coup de foudre, grandes emotions, quelque chose de merveilleux, car je m y sens bien, je m y sens chez moi et en securite. Mais j ai besoin d autre chose. De quelque chose de plus fort. Court circuit dans ma tete. Cerveau en fibrilation. Gianni y a trouve ce qu il cherchait, je ne peux pas l aider et il ne peut pas m aider. Je suis toute seule, depuis le debut. Et seule, je dois continuer. Petage de plomb a l interieur de moi. J abandonne tous mes reves de voir la campagne danoise. Sur un coup de tete, je reserve un train pour Oslo. Et ensuite, je poursuivrai mon reve, mon but, oui oui! le Cercle Polaire... Tant pis pour le Concert de Crystal Castle pour lequel j ai depense une fortune pour aller les voir au Northside festival a Aahrus. Deja la 3eme fois que je les loupe. Je les verrai bien un jour, je presume...

   Il y a beaucoup d Americains dans cette autre auberge de jeunesse. Un soir, alors que je me sens un peu toute malade, toute bringuebalee, toute fatiguee, je decide de ne pas sortir pour me reposer. 4 Americains dans notre chambre se soulent, hurlent. Le genre de moment que je deteste et qui font emerger ma profonde misanthropie. Je les entends rire et parler de sujets pathetiques, hurler encore plus fort et puis faire "pssshhtt!!" comme s ils se rendaient soudain compte que j existais et que je voulais dormir. Ils se mettent alors a chuchoter quelques minutes, avant d exploser encore plus fort... C est insupportable.

   Reflexion sur le Paradoxe.
   Le Paradoxe mene au Doute et a la Remise en question de nos convictions car le Paradoxe est du a un desaccord emotionnel et personnel. Il tiraille entre deux envies opposees dont le choix d une des deux parait definitifs et irreversible. Ce qu il faut garder en tete est que ces deux envies doivent etre gardees en soi et que l Harmonie se trouve dans le juste milieu du Paradoxe. On ne peut pas choisir entre le Noir et le Blanc car tout est Gris. L Authentiticte existe lorsque nous sommes livres a nous meme dans l extreme solitude. Les masques ne peuvent jamais etre tous otes en meme temps devant quelqu un car la personne serait tellement vulnerable qu elle en souffrirait eperduement. C est possible, mais la COnfiance entre la personne qui ote ses Masques et l Autre doit etre immense et tres puissante. Si ce lien ne se cree pas, l Authenticite se trouve dans la Solitude uniquement et la Confrontation avec soi meme.
   Les Paradoxes sont donc la pour temoigner d un desaccord a l interieur de quelqu un. Ecoutes, pris en compte, reflechis, ils amenent l Harmonie du monde internet et par consequent externe, car l infiniment grand est l infiniment petit et vice versa.

    Je pars en voyage, et soudain, je remarque qu ecouter une musique profonde en regardant des images psychedeliques est bien plus prenant qu une bouffee de cigarette, qu a travers la maitrise de sa propre respiration il est possible de ressentir les symptomes de la Marijuana, que les baisers de quelqu un qu on aime sont bien plus enivrants qu une bouteille de vodka. Alors... pourquoi chercher plus loin que ce qui est juste a cote de soi?

   Reflexion autour du phoenomene Obsession.
   Des Obsessions, nous en avons tous. Des secretes, des revelees, des dangereuses, des passives, des etranges. L Obsession est comme une gangrene qui prend racine dans la tete. Il suffit d un petit detail du monde exterieur - une personne, un sourire, un geste, un regard, une couleur, une odeur, un decor, une voix... - pour que le cerveau fixe ses refoulements et projette tous ses ideaux dessus. L objet exterieur qui cree l obsession internet n y est pour rien, finalement. Tout se passe dans la tete de la persone qui doit delivrer quelque chose qu elle ne peut pas et utilise au hasard quelque chose provenant de l exterieur pour tenter de le faire. L Obsession se vit dans l imagination. Son cote positif est qu elle active la Creation et stimule l Imagination. Le Danger majeur est de confondre cette obsession surreelle avec la realite du monde exterieur, de prendre pour vrai ce qu on imagine. Dans ce cas, les choses deviennent paradoxales et en desaccord. Il y a toujours quelque chose a apprendre des obsessions. Pour les soigner, il faut attendre que le temps passe, ou les affronter en face et veritablement.

   Gianni et moi retournons a la meditation. Et cette fois, j atteinds vraiment un niveau extraordinaire. Je ne perds pas une miette de ce qui se passe.  Jusqu a ce que je ressente en mes mains et mes jambes des fourmillements intenses, empechant le moindre mouvement de mes doigts. Je vois dans mon corps des bulles toutes blanches qui circulent a toute vitesse partout, et des vertiges dans ma tete qui la tournenet a l envers. J e pourrais m envoler, je crois. Le bien etre et le bonheur qui m emballent sont d une puissance enorme... Je souris toute seule, je souris a moi meme. Et tout disparait...

   Din Nye Ven. Ce cafe tres cosy est superbe, avec de vieilles tables vintage, des sieges et des chaises qui ne vont pas ensemble, des jeunes gens adorables, sympas et styles qui discutent calmement autour de leur Chai tea ou leur biere.

   Ny Carlsberg Glyptotek. Comme le nom glyptotek l indique, il y a beaucoup de sculptures (et meme une nasothek... meme principe qu une vinotheque avec du vin, sauf que c est avec des nez de statues...) d artistes francais du 19 et 20 emes siecles comme Rodin et Carpeaux. Il y a tout un etage au sujet de l art ancien mediterraneen, allant des Grecs aux Egyptiens, de Etrusques aux Romains. Au niveau de la peinture: une belle serie de tableaux datant de l age d or danois (environ 1800 a 1850) ou je decouvre de magnifiques artistes tels que Dahl, Eckersberg, Juel ou Mastrand. De superbes oeuvres impressionnistes francais sont aussi exposees, ainsi que quelques sculptures de danseur de Degas. Cette partie est evidemment celle qui m interesse le plus. J ai tout de meme un sourire, en me baladant entre les sculptures datant de l Empire romain et Egyptien et de decouvrir une oeuvre coloree de Louise Bourgeois, sculpture etrange d un animal informe et rose. Superbe anachronisme! le musee lui meme est fantastique, mettant en lien deux grands et vieux batiments en briques, par le winter garden, un jardin de plantes exotiques avec un bassin a poissons sous une coupole en verre. Superbe decor!!

   Dans les rues de Copenhague, il n y a pas de panneaux a touristes qui indiquent ou sont les endroits importants. Donc si t as pas de carte... t es cuit.

   Le sourire est quelque chose d exceptionnel qui possede une force incroyable. L autre jour, je marchais de ma "demarche de corbeau", comme dirait Gianni, c est a dire tete baissee, epaules en avant, grandes enjambees, sourcils fronces. Je marche comme cela quand je pense trop fort, qu un detail inquietant stagne dans mon esprit et que je tente vainement de trouver une solution. Je ne suis pourtant ni triste ni en colere, bien que j en aie l air. Je pense simplement et je fonce droit au but. Et soudain, l autre jour, comme je disais, j ai rencontre une personne qui marchait en sens inverse. J ai juste leve les yeux pour ne pas lui foncer dedans, et elle m a souri. Juste souri. C est stupide, comme reaction, de sourire... Ce sont just des muscles aux noms absurdes qui s etirent. Et pourtant, c est tellement beau, une inconnue qui sourit. Cette simple stupidite devient soudain belle et importante. Et elle peut changer bien des choses. Apres la rencontre de cette inconnue au sourire, j ai perdu le fil de mes pensees. Et ma demarche de vieux corbeau ravage est devenu le vol d une colombe genereuse...

   Ici, a Copenhague, je n ai pas peur de regarder les gens en face. Par exemple, a Yverdon (exemple au hasard, voyons...), j evite le regard des inconnus dans la rue. De toute facon, ils ne sourient jamais. Et j ai peur qu ils interpretent mon regard pour une menace. Ici, les gens prennent le temps de me voir, de me sourire, de me regarder. Et je n ai pas peur de le soutenir, leur regard. Ni de leur sourire. Au contraire. Les gens ici semblent tellement heureux...

   Le dernier soir que Gianni et moi passons ensemble, nous nous partageons une assiette vegetarienne, comme d habitude. Et nous allons boire un cocktail dans un bar nomme Living Room.  Parce qu a Yverdon, d ou je viens, il y a une boite qui porte ce nom, et a Lugano, d ou il vient, aussi. Un point commun entre ce que nous fuyons tous deux et ce que nous trouvons dans notre fuite revelatrice. On se quitte etrangement, dans la rue, sous la petite pluie qui nous trempe doucement. La derniere fois qu on s etait quittes, c etait aussi dans d etranges circonstances, a l etranger. La prochaine fois qu on se reverra, ce sera en Suisse.
   Etreinte chaleureuse. Et bon vent, Gianni. Ma route continue. La tienne aussi. On se retrouvera. Bien sur qu on se retrouvera...

   Le vent tourne pour moi aussi. Le lendemain, tres tot, je saute dans un train pour Oslo. La Norvege, deja... la Norvege.. oui.... Mon but approche.

  NEXT STOP : OSLO !