mardi

* TRONDHEIM . [ 01-050611 ] .

23th STOP :
 TRONDHEIM !


   Meme avec un retard de quinze minutes au depart, les trains norvegiens arrivent a l heure.

   Trondheim... Ma belle Trondheim... presque deux ans que je t ai quittee. Et me revoila enfin ! Antichambre du grand Nord... Tu es la porte a ce que j attends d explorer depuis longtemps.

   Trondheim... Je suis a Trondheim...

   Trondheim n est pas envahie par les pigeons, mais par les MOUETTES!

   Les Norvegiens n ont presque jamais de cash sur eux: ils paient tout par carte de credit.

   Il y a deux ans, en juillet, mon coeur s est declare vagabond au moment ou il a franchi les portes de cette ville. J etais avec Lessy, grande amie du voyage aussi. premier voyage interrail. Premier voyage seules avec soi meme. Je me rappelle, nous etions a Oslo quand nous avons decide d aller a Trondheim. Juste parce que "ca sonnait bien!". Un train qui nous a bringuebalee violemment jusque la bas (is it normal?!) Et la decouverte de cette ville haute en couleurs. Je me rappelle, nous avions une auberge dans un centre etudiant avec son bar, le Edgar. Arrivees la bas, on s est juste demandees comment on allait rentrer en Suisse depuis cette ville qui est l ultime coin de civilisation avant que la nature ne prenne le dessus en Norvege. On a passe du temps sur l ordinateur de l auberge, comme deux desesperees que le voyage a fait extremement douter. Et soudain, il s est passe quelque chose d etrange. Juste un homme, a cote de moi, qui ma  parle en francais. de quoi? Je ne suis pas capable de m en souvenir. Mais de banalites, je presume. Un peu d humour, j imagine. Il m avait promis une biere le lendemain car le travail l appelait a ce moment la. Alors le lendemain, Lessy et moi etions fideles au poste.
   Il s appelait Pierrot, il est Francais. Il nous a presente a Phil, Francais et Norvegien (et une autre ribambelle de nationalites). On a bien rigole, tous les quatre, on a passe notre soiree a boire du vin rouge jusqu a se retrouver la tete a l envers avec des Norvegiens qui se demandaient ce que le mot "compliqué" signifiait. Et Pierrot et Phil nous ont juste propose de sauver un peu de notre argent en restant dormir chez eux.
   Deux filles. de 17 ans. Qui rencontrent deux gars. Un tooout petit peu plus ages. Dans un pays qu elles ne connaissent pas. Et la confaince, alors? Serait ce  d une naivete exageree de faire confiance a leur sourire et d aller chez eux?

   J imagine qu il faut parfois savoir prendre des risques. Et puis, n oubliions pas que la vie est bien faite, quelque part...

   En realite, nous avions loge un certain nombre de nutis chez eux. et ce qui s est passe me semble etre de l ordre de la Beaute simple et pure. Une amitie reelle s est construite en quelques temps entre ces deux lascards et ces deux innocentes. Un partage, une confiance. Quelque chose de beau, voyons! Avant que le vent ne tourne et ne nous renvoie en Suisse. ("Lessy, on est paumees, on fait comment pour rentrer? - JE SAIS! On a qu a rester en norvege!")

   Et me revoila. deux ans plus tard. J arrive tres tot a Trondheim. Donc je pose mon gros sac a dos dans al consigne de la gare et je marche, en suivant mon instinct qui me guide a travers des bribes de souvenirs pourtant si clairs. Mais je suis presque dans un etat second, une telle situation qui surpasse la fatigue que meme un vioque qui eternue me fait sursauter.

   Vår Frue kirke. Petite eglise toute mignonne dans les tons bleus et blancs, aux peintures et sculptures doucement colorees. Des gens servent du the et du cafe pour des pauvres.

   Ni Darosdomen. Tres belle et impressionnante cathedrale construite sur la tombe de Saint-Olaf qui a bati la ville. En entrant, elle est tres sombre, ce qui donne tout de suite un aspect assez glaque. Mais au fur et a mesure qu on s avance, il est aise de remarquer que ce manque d eclairage n est la que pour renforcer la luminosite des vitraux magnifiques, aux fins details et aux couleurs chatoyantes.

   Cafe La Belle. Petit bistrot banal qui fait de merveilleux et gigantesque falafels.

   Avec le prix d un falafel en Norvege, on peut en acheter trois a Berlin.

   Je vois dans la rue une prof d ecole primaire qui se ballade avec ses eleves. Ils font la meme taille qu elle! Cette vision est assez comique.

   Le grand Shopping Mall de Trondheim est tout chou, car l interieur est comme un petit village. Chaque maison est un magasin amenage dans un immeuble tres grand et vitre.

   Marcher dans les rues arc en ciel et voila ma belle Trondheim. Celle qui sent le gazon fraichement coupe et le bois de sapin humide. Je marche et aussitot, les souvenirs deferlent a la maniere d une belle cascade de couleurs. Le pont avec l arche rouge, la terrasse flottante, les petites maisons colores qui se refletent dans l eau, le centre etudiant avec le cafe Edgar, la riviere qui coupe la ville avec un grand virage, le haut de la cathedrale qu on apercoit de loin.

   Trondheim Art Museum. Collection permanente, melant l ancien, le moderne et la photo d artistes norvegiens au premier etage et une collection privee au second "Sans og samling!, appartement a A. Holms et contenant une belle serie de Chagall. Ca fait du bien!! J ai dit a la receptionniste que j etais etudiante en histoire de l art. Et pour cela, j ai eu l entree gratuite...

   Kafe Ni Muser. Super cafe tres sympa pres de la cathedrale, mais hors de prix! (enfin comme toute la Norvege, en fait...)

   La Norvege est culinairement americanisee: le plat national est le kebab et la pizza surgelee.

   Phil me rejoint, tout desole d etre en retard. Quel bonheur de le revoir! Il a tant change, tout en restant le meme. On parle beaucoup de la Coree car il a eu le coup de foudre pour ce pays et il apprend la langue. Il me raconte son voyage la bas. On rentre chez lui a pied. Quelle chaleur qui m embaume de retourner dans cette maison d etudiante toute pourrie, dans laquelle j ai vecu tant de souvenirs. Pierrot et Phil n ont pas les memes colocataires qu il y a deux ans. La plupart sont etudiants, d apres ce que j ai compris. Mais alors... il faut les voir pour y croire.. Entre le camion poubelle qui fait cuire ses saucisses dans six litres d huile et Andre le Pathe qui parle en langage baleine et ne se lave tellement jamais qu on peut le suivre a la trace dans tout l appart.... Bref. C est une experience a vivre. Et ca donne des sujets de conversations plutot comiques!

   Je tombe plutot a pic, Phil donne un concert le soir ou j arrive. On va ensemble dans le cafe de l uni. Il n y a pas beaucoup de monde malheureusement, car visiblement la pub n a pas tellement ete faite... J y rencontre toute une horde de Francais qui sont ici a Trondheim soit pour un stage, soit pour Erasmus. C est assez etrange, finalement, de se retrouver perdue en Norvege avec tous ces Francais...
   Phil commence le concert. Il est seul sur scene avec uniquement sa guitare et sa voix. A nouveau, sa musique me donne la main pour m emporter tres loin, grace a ses brillantes compos et ses interpretations. Je reste carrement abasourdie. Il en a fait du chemin, en deux ans. Je le trouve vraiment doue et genial... Il m inspire beaucoup et je m evade. Je tombe carrement fan d une chanson qu il interprete du chanteur Tété, un chanteur francais qui manie la langue avec vertu.

   Apres le concert, on finit tous au Edgar. Je partage un reel moment incroyable avec tous ces gens que je ne connais pas, comme Anais, ivre apres deux verres de vin blanc imbuvable ("Si je vomis dans le taxi, je m en souviens pas!"), Clémence (" Tu sais que j ai une cousine qui s appelle Clémence? - Ah bon? - Mais en fait, c est past res interessant... - Si si! Ca l est!"), Benoit, qui me rappelle un ami philosophe que j ai perdu et avec qui je parle pendant des heures. Ca fait vraiment du bien, en fait, de rencontrer une fois de plus ce genre de personne avec qui je partage tellement d idees, d envies, de reves, de reflexions, et d autres dont les noms m echappent quelque peu (il y a meme un Valaisan, en realite!)
   et comme le veut la tradition, quand il n y a plus de vin dans les bouteilles, quand les gens du Edgar nous fichent a la porte, on rentre chez Pierrot et Phil manger des pizzas. Avant de sombrer dans un long sommeil.

   depuis le debut de mon voyage, je rencontre beaucoup de gens qui ressemblent a des gens que je connais deja.

   Le matin, Pierrot vient me chercher dans la chambre pour aller boire un cafe. Et on discute, en regardant les mouettes et les corbeaux se faire chasser par les grives. Ou va le monde? Meme les oiseaux se font la guerre. On parle de nos vies, de la politique, du monde qui sombre dans la decadence. C est pas grave, nous on est la, peut etre qu on s en sortira, au moins.

   Phil et moi regardons un film coreen, "Wedding Dress", triste a pleurer, qui narre l histoire d une mere cancereuse qui cree la future robe de mariee de sa fille de 6 ans sans qu elle ne le sache. Fin tragique (film asiatique, quoi), emotions fortes, super bande son, jeu surprenant de la jeune fille. tres fort. Tres beau. Pour se rafraichir un peu apres ce film, on regarde le sketch "Le cancer" de Dieudonne. Quelle oeuvre d humour! Incroyable qu on puisse rire de tout a ce point la.

   Les journees passent tranquillement. Chacun pour soi et chacun ensemble. Un cafe, une lessive, et on papote, on discute. On se ballade, on attend, on vit, simplement. Pierrot et Phil... Qui aurait cru? Deux ans plus tard. Moi seule vers eux. Rien n a change. Il y a toujours ce lien incroyablement touchant entre nous. Je les adore. Ils m aident beaucoup, peut etre sans s en rendre compte, dans mes reflexions, ma recherche de moi. En fait Phil est un peu comme un frere artistique, qui m inspire et que j inspire. Pour etre honnete, son concert m a donne envie de recommencer a jouer du piano, un beau reve que j avais abandonnee il y a bien longtemps. Il me donne aussi envie d ecrire tellement de choses...

   "Comment les mouettes font pour dormir s il fait tout le temps jour?
   - Elles regardent le fond de leurs paupieres."

   A Trondheim, c est possible de vivre les 4 saisons en un jour.

   Il grele. Et puis il fait beau. Et puis tout se refroidit. Et puis le vent se leve. On va en ville. Phil m emmene dasn un superbe cafe dont le nom m echappe. De jeunes artistes se donnent en concert. J adore! Phil et moi parlons enormement de beaucoup de choses. On parle de nos fantomes, de nos aspirations, de nos desirs de vivre de nos creations. Monde absurde et pas si facile, monde dont nous avons besoin car il est le notre.

   Le dernier soir, nous voulions tous se retrouver au Gossip, un club en ville, pour la soiree Erasmus. Malheureusement, je suis trop jeune (et oui, c est 21 ans...) pour rentrer, alors Phil, Pierrot, Clemence et moi allons simplement boire quelque chose au Pias, un petit bar sympa. IL ny a presque personne. Dans la rue, on regarde toutes les foules de jeunes qui deferlent, alcooliques. Aucune des filles ne portent de pantalons, elles sont toutes avec une jupe a ras les fesses. Je crois que n fait, quand ce genre de fille sortes en soiree, elles font le concours non de celle qui a les talons les plus hauts, mais de celle qui sait le moins marcher avec. Je ne sais plus si c est comique ou pathetique, de contempler une fois de plus ce spectacle desastreux. La nuit ne se couche plus. Alors les gens se soulent davantage.

   Je decouvre que j adooore le Gothique et le lila perse.

   Les vendredi et samedi soirs, a Trondheim, alors que tous les jeunes sortent pour se souler, les filles sans pantalon ni culotte, les mecs la braguette ouverte, marchant en zigzag dans les rues comme des animaux dans un zoo, les vieux de la vieille sortent pour patrouiller en groupe aupres de la police, et dissuader les jeunes de violenter, violer ou tenter.

   Quand le Pias ferme, on retrouve les autres qui sortent du Gossip. Anais doit prendre un bus pour l aeroport a 4h et quelques, alors on attend avec elle dans le Burger King. Elle a laisse ses affaires dans la consigne de la gare qui est fermee a cette heure ci... C est le stress! Mais je sais que tout s arrangera, comme toujours... Adrien (un de ses amis les plus proches) entre par effraction dans la gare avec Diane pour chercher ses affaires. Tout s arrange toujours, je disais... Anais s en va. Les adieux, toujours difficiles. On rentre en taxi chez Pierre pour que je prenne mes affaires, on passe chez Diane le temps de boire un cafe et je m en vais seule, apres les avoir salues, pour moi meme prendre mon bus.

   J avais des plans, j ai tout change. Mon instinct a hurle assez fort de ne pas aller a un certain endroit. La vie est assez bien faite pour me donner d autres solutions.


NEXT STOP :
MO I RANA !

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