mercredi

* OSLO [2905-010611 ] .

22th STOP:
OSLO !


      Je suis dans le train depuis 8h33. Il est presque 15h. Escale a Göteborg. En moins de 12 heures, j aurai mis le pied au Danemark, en Suede et en Norvege. Je voisi en vrai les paysages que je n osais dessiner qu en reve. Le visage colle a la fenetre depuis des heures, je pleure en silence. J ai du mal a croire ce qui m arrive... Presque 4 mois que je suis partie, et a chaque fois, je me demande quand je vais me reveiller.

   Quand on voyage, la seule chose de sure est de s accrocher au moment present.

   Le train traverse la cote sud-ouest de la Suede. Des forets de pins, des plans d eau qui reflete le ciel, quelques petites maisons egarees dans un champ, l horizon qui n a pas de fin.... Je me sens etrangere soudain - et pourtant comme chez moi...

   La femme a cote de moi se trimballe un Tobleron de 2kg. Je me demande bien ce qu elle compte faire avec...

   Je reflechis a la suite de mon voyage. Rien n est clair encore. Je veux prendre des trains de nuit et apres, je me suis dit que je voudrais plutot voir le paysage. Mais, la nuit, au Nord, elle n existe pas...

   Dans la vie, je veux ecrire, aimer et voyager.
   Et quand je serai perdue, je trouverai refuge dans l Angoisse.

   Anker Hostel. Un peu dans un quartier glaque, mais proche du centre, cette auberge est plutot pas mal. Je suis dans un dortoir de 8 mais il n y a qu un couple d Espagnols qui ne sont jamais la. La douche fuit completement, mais ce n est pas grave, si ce n est que cela... je ne passe finalement qu une nuit ici au lieu de deux. J avais pris contact sur CouchSurfing avec un gars a Bodø et en realite, il a deux maisons: une la bas et une ici. Il m hote la deuxieme nuit.

   Je marche dans Oslo. Il est 22h30 et il fait encore un peu jour, mais froid, venteux, nuageux. La mer se dechaine sur les quais de Aker Brygge. Je retrouve les rures que deux vadrouilleuses avaient harpentes il y a presque deux ans deja. Et c est assez fou comme tout change sans pour autant changer.

   Dans les rues d Oslo, il y a des statues de mendiants. Pourquoi? Peut etre parce que les gens prennent le temps de les regarder, ces statues. Et ils ne voient plus les vrais mendiants.

    Finalement, j adore cette sensation de perdre le control, de savoir ou je vais sans savoir comment y aller, d attendre l ultime seconde, le coeur battant, pour comprendre quel chemin prendre. Des routes, il y en a chaque jour mille devant moi. Je n en prends qu une et je sais que c est le bon choix.

   Pour avoir une carte sim norvegienne, il faut etre Norvegien et habiter en Norvege...

   Ehsan le couchsurfer a fini par venir me chercher a l hote. Il est un petit homme plutot rondouillet et barbu, pas tres causant. On prend le bus. Il parle tout seul en silence. Je me demande un peu dans quelle aventure je me suis embarquee. on va acheter des tickets pour le bus dans un kiosk. Avec mon gros sac a dos, je fais tomber toutes les etiquettes indiquant les prix des marchandises. Il se baisse pour les ramsser et les ranger. En sortant, il me tend un snicker. Avait il prevu son coup en en glissant dans sa poche avant de venir me chercher? Ou les a t il achetes sans que la femme du kiosk ne lui demande de l argent?...
   Son appart est tout ce qu il y a de plus epure. Une cuisiniere, une armoire dans un salon avec un tapi et un rideau, une salle de bain, une chambre ac oucher avec un demi matelas par terre. C est tout. Il y a un ami a lui qui est la et qui ne serre pas la main que je lui tends. Ils partent faire du business que j ignore. Je vais seule en ville.

   Je me ballade longuement dans les rues. Je vais au cimetierre voir la tombe d Edvard Munch - un bloc de marbre avec sa tete, une dalle par terre avec son nom, quelques vieilles pensees un peu fanees. Je ne trouve pas celle d Henrik Ibsen. Tant pis. Je marche jusqu a la place Olaf, avec son etrange statue a structure metallique flottante. J ai de nouveau faim. Il n y a rien de vegetarien nulle part, pas meme au super marche, alors je me rabats sur le McDo pour un sandwich vegetarien comme il y en a en Suisse. La nana me regarde et dit: "Non y a pas. Mais si vous voulez, vous pouvez prendre n importe quel sandwich sans la viande, mais le prix sera le meme." Je ne sais pas qui se trouve la plus sotte entre elle et moi... Je trouve les Norvegiens un peu meprisants. Ou peut etre est ce de l humour?...

   De grands goelands osent marcher dans les rues, sans gene. ces gros oiseaux gris et blancs refletent la couleur d Oslo, rayee de bleu clair et fonce. Une ville froide et distante, a la beaute brumeuse dont j ai de la peine a cerner les rues qui m inspirent peu. J y retrouve surtout de bon vieux souvenirs partages avec Lesliana il y a deux ans...

   Le Parc Vigeland. Il me fait penser a un village peuple de corps de pierre, des corps figes, idealises, aux muscles saillants. Des statues dont j apprecie ecouter le silence secret. Qui sont ces gens? Que font ils? J observe leur visage. A travers leur anonymat, je decele les allegories de toutes les etmotions contradictoires qui ruisselent en l humain: la folie, la haine, la colere, le besoin de securite, le desir de plaire, la nostalgie d un vieux souvenir, le sentiment d aimer et d appartenir, en tenant la main de quelqu un qui regarde dans la meme direction. Toutes ces statues figees a un moment de leur histoire, qui ont tellement a narrer sur la nature humaine, tous ces corps enfermes dans la pierre qui n ont ni pudeur ni peur de leur popre nudite. Ces oeuvres en disent beaucoup... Et c est reposant de les admirer en leur inventant une identite, une histoire, une vie.

   C est assez contradictoire en fait. Je qualifie Oslo de "ville brumeuse!, la ou je n ai pas de grandes reponses a trouver, et pourtant, son opera et son parc sont deux des plus beaux endroits que j ai vus dans ma petite vie.

   L Opera d Oslo. Grand navire de pierre, de marbre, blanc, echoue dans l eau, en face du fjord. Il est beau de se ballader dessus, ressentir le vent, admirer le paysage urbain se meler a celui de la nature. Pour y aller, il faut traverser un pont qui enjambe deux semi autoroutes separees par un coin d herbe. Obnubiles par la decouverte de l imposant opera, personne ne pense a baisser les yeux et regarder ce qui se passe quelques metres plus bas. Peut etre n aurais je pas du baisser les yeux, parce que je savais quel spectacle je verrai: le mme que j ai deja vu il y a deux ans et qui m a rendue mal. Ce coin d herbe est le rendez vous de ceux qui en fume. Rien de bien surprenant, peut etre. Je manque de m evanouir a nouveau mais cette fois ci ce n est pas a cause de la vision d un type bleme allonge sur le dos, les yeux clos et ses copains junkies qui s agitent autour de lui, inquietes. C est a cause de cette grande aiguille qu un jeune homme a genou se plante dans le bras. Quand je repasse sur le pont pour revenir au centre, ce meme gars est toujours agenouille, replie sur lui meme a la maniere d une huitre dont la perle s est evadee quelque part ou personne n a acces, dans quelques eaux dangereuses et houleuses. Au dessus de ce spectacle desesperant car desespere, des gens se rendent a l opera pour prendre le soleil la journee ou apprecier une belle piece le soir, mis sur leur trente et un. Et personne ne fait attention. A nouveau, ce desespoir, cette desolation qui font partie du paysage. C est devenu un peu comme ces immeubles trop modernes qui se construisent et sement la polemique le temps qu eles gens apprenntent a les ignorer, pour cesser de se plaindre de l etrange absurdite du monde, sans reagir pour autant...

   Kaffebrenneriet. est une chaine ou l on peut boire du soi disant bon cafe. Bienvenue au Nord, Vioxymore!! Ton cafe-vanille-verre-d-eau va se faire autant rare que les plats sans viande (ou du moins ce qu ils prennet pour de la viande...)

   Dans les kiosks a Oslo, il y a des panneaux interdistant les hold up.

   La Norvege se machinalise: meme dans les supermarches, pour payer, il faut mettre les pieces dans une machine qui rend la monnaie.

   En realite, Ehsan est Pakistanais. Alors apres sa priere du soir, il prepare de bons petits plats a base de legumes, avec du pain originaire de son pays. J adore! Son ami le gros mange avec nous et reste pour la nuit. Ehsan me laisse sa chambre, et eux, ils dorment par terre, le gros en ronflant comme un porc, l autre tout habille.. Etrange tableau.

   Le lendemain, Ehsan et moi partons ensemble prendre un train, et puis un bus, pour aller dans un centre commercial trouver un de ses amis musulmans, puis repartir pour prendre un autre bus puis encore un autre et se retrouver je ne sais pas ou dans Oslo dans un magasin ou il achete un appareil photo numerique... qu il m offre!!! Il avait pitie de me voir toujours a l argentique, alors il m offre un appareil photo numerique, alors que je le connais depuis 24h... Le monde est bien fait.

   Munch Museum. Edvard Munch est un peintre norvegien tres connu (1863-1944) notamment grace a son tableau "Le cri". Ses oeuvres sont tres travaillees, avec une belle palette de couleurs qui se melangent et se confondent en harmonie decalee. Les personnages sont comme des ombres aux traits du visage suggeres, qui se glissent et se fondent dans les couleurs du paysage. Une salle est reservee aux oeuvres d une serie nomee "The Frieze of Life!, abordant particulierement les themes de l amour dissout dans la jalousie furieuse et devastatrice. D autres themes recurrents dans le travail exceptionnel de Munch, surtout a travers ses lithographies, woodcuts et intaglio, sont la maladie (a cause de la mort precose de sa mere et sa soeur, atteintes de tuberculose) et la solitude immense et envahissante. Munch peint la mort dans l amour et l a mour dans la mort. J adore son travail, je m y reconnais un peu, entre ces couleurs angoissantes et ces personnages perdus et tristes, qui ne savent pas tellement ou ils vont. Les sujets sont glauques a mourir, parfois - mais rendus encore plus beaux grace a des textes qui accompagnent certains tableaux. Et enfin, je vois "Le cri". Devant mes yeux, ce fameux tableau surprenant decline en tellement de versions et objets commerciaux.... Et la, je la vois, cette oeuvre qui a rendu mondialement celevre le Norvegien torture. Je reste un bon moment devant le tableau, sans comprendre comment m en defaire. Beaucoup de choses se passent alors en moi, mais les mots ne peuvent plus etre utiles pour decrire ce ressenti. C est une Oeuvre de Larmes, sauf que cette fois ci, elles coulent rellement le long de mes joues. C est la vision de ce cri silencieux qui cree mon Angoisse rassuree, ce complexe d attraction-repulsion qui me donne la nausee et pourtant me fascine jusqu aux frissons. Quelle etrange sensation de ne pouvoir se defaire de l observation d un tableau suis puissant en emotions!!...

   Ehsan m emmene en ferry sur la presqu ile Bygdøy pour voir le Frammuseet. Ce musee est consacre au bateau polaire Fram.  Il z a une reconsitution de ce bateau grandeur nature que l on peut visiter. Incroyable.... J ai l impression d y etre. Il ne manquerait plus que de mettre les voiles et partir a la decouverte du grand Nord... Sur les murs, de vieilles photos en noir et blanc. Dans les cabines des navigateurs, des objets inuits, ustensils de docteur, de dentiste, medicaments et ossement et peaux d animaux...On voit les machines, au coeur du navire, et la cuisine, pres de la salle commune. Je les imagine, ces marins, ivres sur leur banquette, le soir, pour oublier le froid qui les tenaille... Tout autour du bateau, il y a des recits de voyage, des fragments des journaux de bord de Nanson le premier explorateur a avoir atteint le Groenland avant de construire le Fram. Des recits d Amundsen sont aussi exposes, lui ui est le premier a avoir atteint le Pole Sud. Le musee est agremente de superbes photographies d epoque, en noir et blanc, montrant des populations inuites decouvertes lors des explorations.

   On rentre en soiree, pour manger. Et puis on revient a la gare, avec toutes mes affaires, pour monter dans le train de nuit pour Trondheim. Il me salue  en me faisant la bise et s en va.

   Train de nuit. Le soleil se leve vers 3h. Des femmes voilees caquetent desagreablement. J ecris. Je reve. J ouvre les yeux, je perds la voix. Le controleur me parle mais je ne comprends pas. Je suis submergee par le paysage a couper le souffle qui me rappelle l Ecosse. Le train s arrete dans de petites gares adorables, au milieu de nulle part. Il ny a rien, sauf de longues etendues silencieuses entre les colijnes et les montagnes au sommet enneige.

NEXT STOP:
TRONDHEIM !  

1 commentaire:

  1. Göteborg, le parc du Lisenberg, où comment retrouver (ou revigorer) son âme d'enfant.
    Plus au nord, des peintures rupestres gravées dans la pierre depuis des milliers d'années, dispersées sur des kilomètres.
    Ah, ces vacances en Suède, les dernières à l'étranger avant...
    Pierre

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