dimanche

* 29th stop: JUNOSUANDO [ 07-220611 ] .

" When you kill a spider, it rains the day after . "
Sita K.

      Reveil difficile. J aurais pu dormir encore deux jours. Je me prepare et je pars. Je prends un petit dej dans un restaurant glauque, decored e tristes peintures sur les murs et de fontaines kytchissimes. Je mange du gateau aux fraises et creme et une specialite suedoise de couleurs verte et brune. Un delice! C est decide, j arrete le cafe. Je prends un the a la vanille a la place et ca passe bien.

   Dehors, il pleut des cordes. J ai traverse la ville avec ma pelerine qui recouvre tout mon corps et mon immense sac a dos. Je ressemble a une drole de variante de Quasimodo et les gens me regardent tres etrangement. C est pas grave, je ne connais personne et personne ne me connait.

   Je prends le bus. Je change a Vittangi et continue jusqu a Junosuando.
   Je dors un epu, avec ma musique. JE SUIS EN SUEDE!. Et ca va mieux.

  La Suede possede des charmes comme je n en ai jamais vu. Tout est si grand! Si seul! Des lacs un peu n importe ou, qui s imposent dans la vegetation nue et verte. Ce soleil, toujours present! La lumiere qui jette son voile de securite sur la terre. Le rapport avec la nature est flagrant. Elle est partout, rafraichissante, securisante. Je respire enfin. je me sens chez moi, dans cette immensite desolee, cette magnificience puissante...

   Dans le bus, j entends mon petit instinct qui me chuchote a l oreille. "tu verras, ici c est la derniere ligne droite avant que tu retrouves Lessy a Stockholm, tu vas avoir les dernieres reponses a tes questions."
   En analysant ces deux semaines passees avec de la distance, je me rends compte que j y ai vecu la plus grande periode de doute, de revelation, d horreur, de folie, de bonheur, de acceptation de tout mon voyage. J y ai surtout ete spectatrice de l horreur humaine. De toute cette folie qui ne parle pas mais qu on ressent profondement.

   J arrive a Junosuando, un tout petit village pres d une riviere. La premiere chose que je vois est une paire de chaussures accrochee a un cable electrique. Je repense soudain a la ville Spectrum, dans  "Big fish", la ville fantome dont aucun visiteur n en revient. Je suis venue ici pour travailler deux semaines dans une maison de retraite, qui n est pas une maison pour personnes agees comme je l avais cru, mais simplement un endroit pour se retirer, se reposer, reflechir,... Maya m accueille avec Sonya (2 ans et demi) dans les bras. Les yeux de cette derniere n existent pas. Je prends un temps avant de comprendre qu elle est aveugle. J entre dans leur maison.

   il y a des enfants partout en train de jouer. Je fais la rencontre de Uma (7 ans), et sa petite soeur Sita (5 ans). Les amies des soeurs sont curieuse en me voyant, tentent de parler anglais.

   Maya est canadienne. Elle a rencontre Mikael en voyageant en Inde (car elle a des origines indiennes). Elle est venue ici pour lui. Encore quelqu un qui quitte ses origines par amour... Je le rencontre aussi. Tres type suedois, peau claire, chatain, energique.

Aurora Guest House. La propriete de la famille est divisee en deux maisons: une rouge sur un etage et une jaune sur deux. Ils viennent de demenager de la maison rouge pour aussi habiter dans la maison jaune dont le deuxieme etage est pour les guests. J ai une chambre avec un lit double tres confortable a l etage et eux vivent au rez de chaussee, tous ensemble dans une meme chambre toute petite. Personnelement, je trouve cette sutation un peu malsaine. Enfin bref. Il y a un autre worker hollandais qui, lui, dort dans la maison rouge, dans une petite chambre ou sont entasses trois lits a etages. Le premier jour que j arrive, il y a deux guests suedoises a l etage, et Alison, une Americaine qui prend deux semaines en suede pour ecrire un livre. En realite, il y a aussi un autre guest, Anders, qui lui, dort dans le dortoir de la maison rouge, sans que je ne comprenne pourquoi... En d autres terme, en haut les femmes, dans le dortoir les hommes.

En fait, Maya et Mikael m expliquent que la douche a un probleme, et elle ne peut pas etre reparee. mmh.. il faut donc se laver dans le..  sauna. Ils possedent en effet un sauna dans le centre du village, a cinq minutes a pied. Petit chalet avec cheminee et canapes, puis petit sauna chauffe au bois. Il faut aller chercher l eau dans un puit juste a cote du petit chalet et le bois dans une hutte non loin du puits. Et voila, se laver comme ca, avec de l eau et du savon naturel, apres avoir pris un sauna... Tres rudimentaire, mais je me dis que c est une bonne experience, alors je fais abstraction... Ce qui est paradoxal est qu a l etage, il y a en tout 3 douches et une baignoire. Alison est l unique guest qui les utilise, puisqu Anders n est pas souvent la (en fait il travaille occasionnellement dans la region donc dort ici quand c est le cas, c est a dire pas tous les jours). Mais la famille ne veut pas "que les workers se melangent aux guests". J ai soudain l impression d etre un animal dangereux dont il faut se mefier, pour ne pas deranger ceux qi paient pour rester. Deux semaines sans douche. C est long. Maya et Mikael pretendent se doucher qu une fois par semaine, les enfants aussi. Comment est ce possible alors pour un homme de suer une journee entiere au soleil en travaillant, sans prendre de douche a la fin, et de pourtant sentir tres bon? Comment est ce possible pour des filles aux longs cheveux epais de les avoir toujours lisses et soyeux en ne les lavant qu une fois par semaine, dans le lac?... Bref. Ca c est pour la douche...

Au sujet de la nourriture. Oui parce que le principe du Wwoofing (travailler pour une world wide organisation in organic farm), c est de travailler environ 5 heures par jours avec quelques jours de conge contre un logement convenable et de quoi se sustenter. En fait, ils ne bouffent que des graines. Voila la raison de leur maigreur affolante... Ils se disent ovo-lacto-vegetarien mais ne mangent que des graines sous toutes leurs formes imaginables. Au moins, quand il y a des guests, ils preparent quelque chose de plus consequent a manger, et ils cuisinent vraiment bien. Mais tout cela, c est du faux. J imagine qu ils sont devenus vegetariens parce que la viande et le poisson coutent une fortune en Suede. Ce n est qu une facade, puisqu ils ne consomment meme pas eux meme du fromage vegetarien car il est trop cher et le reserve aux guests qui PAIENT, EUX. (oui, a cause de la presure prelevee dans l estomac des vaches pour mieux faire cailler le lait, les fromages ne sont pas tous vegetariens!! oui moi aussi je suis tombee des nues...) Donc voila. Regime de graines. Et le cycle du corps humain qui consiste a avaler, digerer dans divers tuyaux, ejecter, se bouleverse et coupe tout appetit.




Mon boulot consiste a faire la vaisselle. Maya me montre comment utiliser la machine, c est plutot simple. Mais des que je fais une erreur (ca arrive, non?), Mikael me tombe dessus avec son regard percant et je ne me sens plus vraiment a ma place. Apres polir les cuilleres pendant des heures, je tonds l immense pelouse en apprenant a jongler avec les moustiques et les buissons pour pas detruire le jardin potager. Sinon, je desherbe le coin des fraises, je passe l aspirateur dans toute la maison jaune, je fais du baby sitting. Ce qui me derrange, c est quand Mikael me dit de tondre la pelouse a un certain endroit et pas un autre, et que quand j ai fini et que je lui demande ce que je dois faire a present, il me regarde avec son sourire narquois et me tapote l epaule en disant "va te reposer, t as fait du bon job, c est bien, c est tres bien." Un peu l impression humiliante d etre un cabot qui a donne la patte a son maitre qui la lui demandait pour avoir une sucrerie. est-ce comprehensible?...

Mon petit echappatoire est de calculer le bon moment ou Alison la guest mange dans la salle a manger au bas de le scalier pour aller a l etage dans les chambres. Je passe au moment ou elle y est, murmure un joyeux "Bon appetit!" qui la fait toujours rire et l impressionne de ce Hasard que je passe toujours au moment ou elle mange. J apprecie beaucoup cette fille. Elle a un enthousiaste pour tout qui me fait plaisir. En realite, on trouve toujours un petit debut de sujet a discuter qui evolue en une conversation d une heure, sans voir le temps defiler. Elle me donne des trucs et astuces pour ecrire, me parle de son livre, de Jeff - son mari - il est avocat - , de ses experiences et je partage avec elle les diverses reflexions. Elle me fait penser a Emma Watson. Je le lui dis, d ailleurs, quelle a tout de cette Hermione. Elle n est pas tres branchee Harry Potter (elle est trop vieille pour avoir grandi avec) et me demande quel genre est ce personnage. Je lui explique qu Hermione est un peu celle qui se deboite le bras a chaque fois qu un prof pose une question. Alison rigole. C est tout a fait elle, quand elle etait a l ecole, m explique t elle en riant.

Mon autre echapatoir est d aller au lac, la pres midi. Generalement, j y vais avec la famille, en velo ou en voiture. L eau est froide! Mais ca reveille. Juste faire trempette quelques secondes, et revenir sur la terre ferme pour observer tous ces enfants qui jouent dans ce paysage magique. En effet, ce lac est borde de foret de pins, de feuillus denudes, avec le soleil en arriere plan, toujours constant, qui se parent de nuages comme un deguisement de fete. J ai parfois l impression d apercevoir un Moomin derriere un arbre.

Bon. Et si je vous presentais la famille, un peu? Pour rigoler... Ils ont tous de quoi  creer des personnages de film psychologique absurde.

 Tout d abord, je voudrais parler de Sonya. Elle regarde toujours le soleil, avec son oeil de verre blanc qui decele les ombres et la lumiere. Je suis fascinee par cet enfant qui est ne et qui a grandi sans jamais savoir a quoi ressemble le monde en images. Le monde, pour elle, ce sont des sons, des odeurs, des bruits, des sensations. Jamais elle ne saura a quoi ressemble le lac dans lequel elle plonge les pieds, , ni les arbres qui donnent cette odeur particuliere a la foret suedoise, ni la couleur du ciel teinte du soleil qui ne se couche jamais. L ete ou l hiver, pour elle, c est pareil: elle ne voit que le noir,.
La plupart des gens sont tres visuels. J en suis l exemple parfait, moi qui fini chaque phrase par "tu vois ce que je veux dire?". On a tous ce besoin de VOIR pour y CROIRE. Tant qu e l element doute n est pas entre dans le champs de vision, impossible de croire que c est vrai. Personnellement, j ai beaucoup besoin d images, de metaphores, de couleurs pour m exprimer et comprendre. Si un jour j avais a perdre la vue, que ferais-je? Pourrais je encore me sentir en securite? Ou pourrais je enfin developper mon Instinct de la maniere la plus optimale?
C est en observant Sonya que je me rends compte a quel point la vue est essentielle et constamment stimulee par la societe de nos jours, avec la pub, les arts qui se developpent, la television... Est ce qu etre aveugle est vraiment etre infirme? Quand j observe le comportement de Maya et Mickael vis a vis de Sonia, je me dis que non, elle doit juste s adapter. Ils la laissent comme cela, au milieu du chemin, meme quand elle pleure, ils agissent comme si elle avait des yeux, ils ne vont pas la couvrir de baisers pour la calmer tout de suite, ils vont attendre qu elle s arrete toute seule. Bien su, un enefant aveugle est bien plus sujet aux dangers que les autres, pace qu il n a pas la capacite de VOIR et donc de PREVOIR ce qui pourrait arriver. Mais le lasser face aux eventuels dangers et le laisser se debrouiller seul et une maniere de le mettre sur le meme pied d egalite que les autres enfants, et donc de ne pas le traiter comme un infirme. Ce discours la me rapppelle le film "Ray" au sujet du pianiste Ray Charles. Je me rappelle que sa mere lui avait dit de ne jamais laisser personne le traiter comme un infirme. C est ce qu il a fait et lui a permis de vivre de sa musique.

Uma, l ainee, est etrange, tres lunatique. Une seconde elle sourit, me saute dans les bras en riant pour jouer avec moi, me prend la main pour aller se baigner avec moi dans le lac. L autre seconde, elle crie, elle hurle, elle pleure, elle frappe. Il y a une Colere en cette fille agee de 7 ans seulement qui est tellement forte et puissante que je suis capable de la palper juste en etant a sa proximite. Elle ne passe pas un seul jour sans etre en larmes, tordue d une douleur etrange et invisible, heurtee de l interieur par je ne sais quelle force etrange. Et puis fquelques minutes plus tard, c est fini, la crise est passee, la colere attenuee. Elle n est pas souvent la, toujours absente, personne ne sait jamais ou elle est. Peut etre au lac en train de jouer avec les autres enfants? Peut etre chez une amie? peut etre ailleurs, toute seule?...

Sita est la plus drole. Ayant une soeur aveugle et l autre completement absente, elle se refugie dans de droles de mondes qu elle seule peut comprendre. Ayant l ambition de faire une couverture avec les poils de Sam le chat avant qu il ne soit embarque au cirque, echange avec un chien, elle voudrait devenir plus tard Professeur de Chiens. Elle adore les animaux, me parle d histoires incongrues et incensees. Je passe du temps a lui lire des bouquins, elle adore ca. Elle est tres curieuse et pose toujours mille et une questions sur tout. Why? What? How? How long? For what? Why are you going to the toilets? Why do you eat? How many potatoes have you cut? Why?... Meme ses explications, elles les commencent par une question. " You know what? Something happened... " Petite fille etrange, tres seule, qui vit dans son monde et dans sa tete, livree a elle meme.

Ce qui m a frappe le plus, c est le fait que Uma et Sita n ont pas du tout l air de se soucier de Sonya. Elles ne la regardent meme pas, ne la touchent jamais, comme si c etait quelque chose de dangereux dont il ne fallait pas trop s approcher... et pourtant, entre tous, je pense que Sonya reste encore la plus saine d esprit... pour le moment...


Mikael est encore plus lunatique que saf ille ainee. Il a des tics vigoureux au visage, il reniffle constamment, agit avec forc, a des poussees de violence qui me font peur. Par exemple, un jour, Maya faisait bouillir du lait dans une casserole. Distraite par une conversation qu elle partageait avec moi, le lait a deborde. Mikael a sauter sur Maya pour la bousculer violemment sur le cote (il est tres fort, bien que mince, et elle est toute petite, toute fine, toute fragile) juste pour s occuper lui meme du lait, comme si elle n en etait pas capable. IL perd vite patience et est tres vite agace quand je lui demande d expliquer une deuxieme fois ce qu il me demande de faire. Et une seconde plus tard, il est la, avec son sourire narquois, son rire sardonique, plutot sympathique et voulant entamer une conversation interessante avec moi, me prenant meme dans les bras en riant quand je fais une blague pour detendre l atmosphere. Un jour, nous sommes alles toute la famille a l eglise pour les promotions, la fin de l annee scolaire. Longs discours de la principale de l ecole, chants d enfant, musique, joie. C est l ete et tout le monde est content. Je jette un oeil a la famille qui doit etre fiere de voir Uma chanter devant tout le monde. Je crois le regard de Mikael et lui fais un grand sourire auquel il ne repond pas. Quelqu un qui ne repond pas a un sourire aussi franc que le mien lors d un jour de joie comme celui ci est quel qu un en qui on ne peut pas avoir confiance. Apres les chants, tous les parents et les eleves sont invites a l ecole pour prendre le cafe et manger des gateaux. On y ava. Alison est avec nous. Elle veut visiter l ecole pour se faire une idee, Maya et les enfants rentrent mais Mikael l accompagne et moi aussi. La principale de l ecole demande a Mikael un peu d aide pour ranger la salle. Il me pousse vers elle en souriant et en pensant que je pourrais le faire, moi, la petite esclave de la famille K. qui ne sert a rien a part polir des cuilleres... Voila, je bosse dans une famille gratuitement, je me fais exploiter, et quoi? je dois faire ENCORE EN PLUS le boulot des autres... Bref. Faire abstraction, rappelle toi, Vioxymore...

Maya degage un profond desespoir. Elle est adorable, toute menue, fait beaucoup de yoga (j ai dailleurs suivi 2 de ses cours, c etait super!), un petit sucre, vraiment... Elle est drole et discute volontiers de beaucoup de choses. Mais je la sens seule, tellement seule. Elle qui a quitte son pays, ses reves, pour son amour, un psychopathe bipolaire, et qui n a plus rien a part l ambition de cuisiner chaque jour pour d autres gens, coincee dans un village qui n est pas le sien... Petit sucre d orge dont l ambition fond dans l ombre de son mari... Je passe tout demem un peu de temps avec elle, tente d etre gentille avec elle en lui faisant du the, on rigole pour rien, surtout quand elle me demande ou j ai mis le mixer et qu elle utiliser des termes anglais que je ne connais pas, la resolvant a tenter d imiter le bruit pour que je puisse comprendre de quoi elle parle...

Voila le portrait de famille. Une famille de folie, d une violence silencieuse que je discerne aisement. Tous les paradoxes qui s ancrent dans ces racines, tous les details qui rendent la vie de tous les jours de plus en plus etrange... Qu est ce que cette famille a du vivre? Qu est ce qu il s est passe? Maya m a meme dit que la maison etait hantee par un fantome (que j ai d ailleurs ressenti en passant l aspirateur dans une des chambres, me croira qui voudra...). Qui me dit que ce n est pas l esprit d un worker assassine dont le corps pourrit dans le congelateur?... (oui, d accord, les films, je vais arreter...)

Au debut, arrivee dans cette famille, je commence a ne plus vraiment me sentir bien. Visiblement, je ne suis pas la bienvenue du tout. Ils exploitent des jeunes comme moi parce que ca les arrange de ne pas payer (cheap & fake people!). J entre dans une violente periode de doute ou je me demande ce qui est bien ou pas pour moi, rentrer? rester? pourquoi? aller ou? comment? Je pense meme a rentrer (quelle idee...) pour echapper a ce cul de sac. Mon reve etait d aller en Suede, au dela du Cercle Polaire. J y suis, mais je ne veux plus, je veu autre chose, mais quoi? Je le sais tres bien, mais ce desir ne depend pas seulement de moi. Je suis prete a reserver un vol pour quitter le pays et rejoindre quelqu un qui m est etrangement devenue tres chere en le space de quelques semaines.
Et puis je rencontre Itamar. Et ma vie bascule.

Itamar est hollandais, d Amsterdam. Il travaille aussi dans cette drole de famille depuis un mois environ. Il voulait y rester encore 2 mois, mais n a vraiment pas tres envie. Il me raconte comment il a vecu le premier mois, avant qu Alison et Anders arrivent. IL avait une chambre au 2eme etage (la mienne, en fait, "parce qu il ne faut pas melanger les workers et les guests", sauf que moi je peux y aller "parce que je suis une fille alors c pest aps pareil"... une contradiction de plus ou de moins, on n est plus a ca pres...), et pouvait se doucher tous les jours, mais il bouffait des graines. quand Alison est arrivee, Mikael lui a demande de  partir dans la maison rouge et de ne plus prendre de douche. Mais au moins, Itamar pouvait manger... Il n aime pas le boulot qu il fait, car il ne le fait pas avec la famille, il le fait pour la famille. Et pour lui, un travail de volontaire est avant tout un travail qui s execute ensemble. Je suis un peu sa sauveuse et il est un peu mon sauveur. On commence a passer plus de temps ensemble, cela l empeche de rester trop pres de Maya et du coup, Mikael, refoulant sa jalousie meurtriere, devient un peu plus doux avec lui aussi.

Itamar. Je l appelle mon Corrupteur, ou l homme brumeux. Ce genre de gens qu on ne pourra jamais cerner, mais qui nous cerne aisement. COmme un scanner qui passe sur moi, il met le doigt sur moult secrets que je n avais jamais vus moi meme.  La Verite blesse. Vous le saviez? J ignorais que la douleur etait si intense. La voila, ma clef, mon ultime questionnement. La reponse, il me la donne. Non, c est une pioche qu il me donne. Et seule, je creuse a l interieur de moi, encore plus profondement. Aie. Je ne sais pas si c est beau, mal, horrible ou apaisant, ce sentiment de se rencontrer encore une fois. Il devient en tres peu de temps un grand pilier dans ma vie, et vice versa. C est pas tous les jours qu on rencontre des gens qui partagent exactement tous nos ideaux.  Il me remet la tete sur les epaules, me redonne confiance, meme si au debut, je me mefiais de lui. A qui puis je faire c onfiance? Je suis seule, en plein doute dans ma vie, dans mon voyage, dans une famille de fou et je rencontre ce type qui me tend une main en souriant et en disant: "au moins, tu es la! alors aidons nous a continuer..." J ai eu le choix de lui faire confiance et m evader avec lui en regardant des films, discutant pendant des heures, riant sur la vie et son absurdite ou alors ne pas lui faire confiance, et rester dans mes doutes, mes peurs, mes angoisses, a l ombre de cette famille qui m effraie...

J ai prefere prendre le risque de lui faire confiance.

Quelques jours apres mon arrivee, il y a un Australien, Corey, qui debarque. Adorable garcon, tres timide, tres reserve, en pleine fuite dans un voyage en Europe - son reve. On se donne rendez vous chaque soir pour aller voir le soleil de minuit. "C est la qu on voit combien la vie est belle..." me dit il. Oui, c est beau... De parler de la vie avec une autre solitude qui me comprend, en regardant le soleil de minuit en Suede et brulant des moustiques. La vie est belle, soudain, c est vrai.
Oui... Voir le soleil de minuit. Juste Corey et moi. Se dire que lemonde est magnifique,. Les gens dans les boites ne peuvent meme pas s en rendre compte,. Nous, notre boite, elle aura une grande fenetre avec une vonstante vue sur ce paysage.
Corey partraage les memes magies du voyage que moi. Le fait de se retrouver a pleurer dans la solitude juste parce qu on est en vie, quelque part, loin des boites. Oui... Les boites avec tous ces bonhommes tous pareils a l interieur. Ces boites entre lesqueles je voyage seulement, esperant rencontrer d autres gens comme moi, comme lui, comme Itamar. Deux solitudes vagabondes qui se retrouvent,d eux personnes avec leur propre quete de la Verite. Quelle desillusion! La Verite objective n existe pas. Nous sommes tous porteurs d une piece du rouage de la Verite. Et notre propre piece est notre propre verite, autant subjective et relle soit elle.

Aller en Suede l ete, c est devenir serial-killer de moustiques.


On passe beaucoup de temps les trois. On devient le trio Vivi-Coco-Bob, inseparables. Au moins, on s accroche a la beaute des petites choses que de telles amities peuvent degager.


Durant mon sejour, j entre dans une profonde reflexion au sujet du Reve et de l Amour.
   Mon reve a moi, c etait ca, le Cercle Polaire. Le pourquoi je m accrochais dans la vie. Depuis 2 ans j en parlais. Depuis que j ai compris combien le voyage etait un mot qui avait les memes racine que le mot Violette. C etait comme une evidence.. Le voyage, la meilleure ecole de vie.
Le Cercle Polaire. 6 mois loin de la Suisse juste pour aller au dela du Cercle Polaire arctique en Scandinavie. Pourquoi pas un peu d exotisme? Un cocktail de fruit dans une noix de coco, dans un hamac, sous les palmiers? Non. Juste un sac a dos et le strict necessaire et mon Instinct. Un but: Le Cercle polaire. Rien d autre. Rien d organise. La preuve: je l ai loupe! Je l ai juste traverse sans meme m en rendre compte. Mais l important n est pas la. L important est d etre au dela. La bas. Ici. Ou le soleil ne se couche plus jamais. C etait ca, mon reve"! Mon reve de petite fille, mon reve de pre adolescente, mon reve d ado nevrosee qui a peur de devenir adulte. Mon petit reve a moi que je cherissais tellement dans un coin de ma tete et qui venait a la rescousse les periodes de down pour crier "t en fais pas ma belle! Un jour tu partiras!" Une fuite? Non. La realisation d un reve. Mais les reves ne sont ils pas faits pour etre reves? Maintenant, je me regarde en face, la , maintenant, tout de suite, ici. Et je regarde en arriere tout le chemin parcouru, toutes les reponses, toutes les questions, toute cette evolution, tout ce chemin parcouru pour ca. Et je regarde devant moi. Qu est ce que je vois?...
Avant, je voyais cette constante lumiere qui m attendait tout la haut, au dela de cette limite invisible. Je gardais le cap dessus en tirant des bords, mettant les voiles-
Et aujourd hui, tout cela est deja derriere. Alors ou est le but de toute ma vie? Quelle est mon ambition a present si je n ai plus ce point a atteindre a travers un long periple etant le premier long voyage que je fais seule? Quelle est ma raison de vivre maintenant? Aller a l universite? M enfermer dans une chambre pour faire du bourrage de crane? Aller vivre aux Pays Bas? Quel sera mon nouvea reve, apres le voyage? Repartir a nouveau encore plus loin, plus haut? Et cette fois, cela vaudra t il la peine que je le realise? Car une fois que je serai issee au sommet de ce nouveau reve encore plus grand, quelle sera l ambition suivante, encore plus grand pour amortir la chute?...
En fait, realiser ses reves, c est deprimant... Eternelle insatisfaction qui fait le propre de lhomme, quand tu nous tiens...

Voila, mon reve a moi, c etait ca. Le reve de certains, c est l amour. Cet amour que je n ai jamais compris, jamais appris, jamais vecu, jamais senti. Ce grand sentiment qui se construit a travers le temps et qui fait faire de si grande chose.. Si je le connaissais, mon amour, pourrais-je quitter mon reve pour lui?
Apres mure reflexion, je dirai non. Sauf si mon reve devient cet amour et cet amour devient mon reve. Mais quelle idee! Si je regarde Maya, qui a quitte ses etudes, ses eves de yoga, de voyage, pour s exiler ici, par amour, et rester coincee dans une cuisine toute la journee avec des enfants completement deranges, est ce qu elle a fait le bon choix? Le Reve.. C est la Creation. C est ce qui est au fond de nos entrailles, au fond de la tete, au fond du coeur. Toutes ces images qui nous emerveillent et preservent notre esprit d enfant. Toutes ces choses qu on voudrait faire avant de mourir et qui donnent soudain une forme a cette vie tellement abstraite et mysterieuse. L amour, finalement.. pourquoi? Quelqu un ma dit un jour: "Les hommes, les femmes, c est comme les trains: ne cours jamais a pres, il y en aura toujours plus tard." Tandis qu un reve... C est une opportunite qu il faut prendre, et celle-ci ne se presentera peut etre pas deux fois. Le reve... c est soi avant tout. Etre egocentrique, je crois que c est vital, parce que finalement, vivre pour les autres, ils s enf outent puisqu eux meme vivent pour eux meme et cest tout. Realiser mon reve m a rendue deprimee, mais finalement, mon reve n etait pas seulement voir le soleil de minuit, c etait surtout cheminer seule, avec mon sac, a travers l Europe. Traverser le Cercle Polaire, ce n etait qu une excuse, une raison de voyager... Le reve et sa realisation ne depend que de soi meme, tandis que l amour depend une seconde personne de qui on ne saura jamais les reelles pensees. Les desillusions de l amour blessent trop profondement, le reve, lui, ne decoit jamais. Car cela ne depend de soi uniquement... Alors voila. Puisque l etre humain nait seul, vit seul et meurt seul, alors autant vivre pour soi meme. Pas vrai?

La vie est comme une partition de Musique, tout est coordonne, calcule avec precision. Un temps loupe, et c est fini!

La vie est comme un orchestre. Il suffit qu un instrument ait un temps de retard et tout se bouscule., Dans la vie, il y a toujours un bon moment pour tout. Se servir de l Instinct pour etre capable de le deceler a la maniere du photographe spontane qui sait si bien saisir le bon moment de la vie et de son expression.

Eh bien, a propos de reve et de musique! Le type de l eglise du village a accepte de me donner les clefs pour que je puiss aller y jouer. C est ma plus belle escapade... Une heure par jour, j y vais. Deja, c est dans une charmante eglise, alors je suis heureuse. Et puis je m evade completement, sans partition, je m aide de mon cher ami Jin mon iPod pour tenter de reprendre Yann Tiersen. Le voila, mon autre reve qui revient, ce reve que javais eu l idee de laisser se briser a cause de celui d un autre.

A junosuando, tout le monde se dit bonjour.

Le temps passe. Les souvenirs restent. Emberlificotee dans la douceur du rien. J attends. Et puis je dors d ennui. La vie est trop longue. Tellement longue! Et bien des choix sont possibles. C est tellement beau d etre jeune. Tu as tous les pinceaux et les couleurs que tu veux a ta disposition pour peindre le tableau de ta vie. Plus tu avances dans la realisation de ta peinture, moins tu as de choix de couleurs si tu veux rester dans une oeuvre plus ou moins harmonieuse. Change de tons! Tu verras ta vie basculer. Mais n oublie pas que tu peinds a  l huile. Si tu attends trop longtemps, tu pourras plus rien changer... tu devras juste accepter.

Reflexion autour du Paradoxe. Tout provient du doute que fait emerger le perfectionnisme: je veux vhoisi le meilleur chemin entre ces deux mais ils ont tous les deux des avantages. Je voudrais les prendre les deux pour les avoir = paradoxal. Je voudrais donc le beurre et l argent du beurre, le Noir et l Blanc.  Ce qu il faut,c est chercher une troisieme alternative qui combine le Blanc et le Noir, une alternative Grise.

S accrocher a soi meme. Voila la seule solution pour vivre. Et le Reve est la Creation de sa propre Racine. Devenu une raison de vivre, il rend possible l impossible. Car meme s il se casse la figure, il y aura toujours cette conviction qui demeurera.

Un soir, Coco, Ita et moi allons au pub d en face. Glauque, y a rien n y personne, mais nous riions beaucoup en rencontrant une gross bonne femme blonde qui nous fait croire que dire sante en suedois c est hurler NOH! en levant son verre. On joue aux flechettes avec un cow boy et un ptit gugus pathetique qui met sa main sur la cible avant que Coco ne lance la flechette... Une fille completement ivre est tombee par terre, Itamar a du aller au secours du ptit gugus pathetique pour la soulever tellement elle pesait des milliers de tonnes. Le cow boy s est juste contente de les regarder se battre avec cette montagne inerte pour la mettre dans la voiture. Soiree vraiment abusrde... et vraiment anodine...

Finalement, mon sejour touche a sa fin. Avec ses larmes, avec ses rires, ses bons souvenirs et ses moins bons, ses reponses, ses questions nouvelles. Tout ca, toutes ces rencontres, toute cette vie...

Et tout ce voyage qui continue...


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1 commentaire:

  1. Votre sourire de fleur (facile, je sais), comment en effet rester de glace (!!) lorsqu'il vous est adressé? Je ne vois que deux explications possibles: être aveugle (...) où tout simplement être triste car sachant qu'il va s'éteindre une fois, quelques secondes plus tard... Quand je pense à vous, c'est lui que je vois, même éteint...
    Le pinceau de la vie, comme c'est bien dit :) Avant la télé en couleurs, c'était plus simple: choix limités, 2-3 chaînes, après accord familial ou sans accord familial Maintenant, 150 chaînes, toutes plus colorées que les autres, dans 25 langues, mondiales... comment choisir en effet? Il y a de quoi être perdu-e devant l'immensité de l'abondance, comme du désert d'ailleurs. Alors? Exclure d'office toutes celles en russo-beloutchistanai car incompréhensibles? Toutes les essayer de peur de rater l'Emission? Ne garder que celles parlant de chemins de fer pour enfin trouver sa voie? Comme Lao-Tseu...
    La peinture, c'est comme le vin: vivre SES propres goûts, et m... pour les autres. Les originales sont toujours meilleures que les copies... et pourtant, que de copies de nos jours! Mais c'est rassurant, de copier (j'en sais un rayon... sur ce sujet). Celle qui n'essaie pas ne se trompe qu'une seule fois (V. Sanson)! Alors? Et avec une nature "morte" devant les yeux, comment ne pas hésiter?
    Et que dire de la situation dans laquelle vous avez peint, retouché, séché les endroits encore humides, puis finalement contemplé l'Oeuvre... lorsqu'un sale c... vous la noircit jusqu'à la brûler avec la flamme d'un briquet.
    Alors?
    Trop penser nuit, un sourire luit, même au delà du cercle polaire... et plus au sud, un petit moment de bonheur à vous lire et à vous écrire... avec le sourire!
    Pierre

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